Congés parentaux

Québec promet « l’égalité » de traitement aux parents adoptants

Québec — Le gouvernement Legault fait marche arrière dans le dossier des congés parentaux des parents adoptants. Le ministre du Travail, Jean Boulet, leur a promis mardi qu’ils auront droit au « même niveau de compensation » financière et à « la même période de temps » que les parents biologiques au Québec.

« Je vais m’assurer de respecter notre engagement à l’effet qu’il y ait une égalité entre les parents adoptants et les parents biologiques », a affirmé le ministre du Travail, sans préciser comment il entendait y arriver.

En campagne électorale, la Coalition avenir Québec (CAQ) avait promis, dans une lettre envoyée à la Fédération des parents adoptants du Québec (FPAQ), d’augmenter « le nombre de semaines de prestations [au Régime québécois de l’assurance parentale (RQAP)] pour les parents adoptants afin que ces derniers bénéficient des mêmes avantages que les parents biologiques, c’est-à-dire 55 semaines au lieu de 37 ».

Or, la semaine dernière, dans le projet de loi 51 modernisant le RQAP, Québec a augmenté les semaines de prestations des parents adoptants, sans toutefois atteindre l’égalité de traitement avec les parents biologiques. M. Boulet avait alors expliqué, pour justifier cette différence, que « la mère qui porte l’enfant, qui a la période de grossesse et d’accouchement […] doit composer avec des effets physiologiques que les parents adoptants n’ont pas à gérer ». Le gouvernement aurait pu être poursuivi, avait-il ajouté, s’il accordait un traitement identique aux deux types de parents à l’intérieur du RQAP.

« Selon les avocats, on ne peut pas mettre le même nombre de semaines pour les parents adoptants que pour les parents biologiques. Il y aurait un risque important de poursuite. Par contre, ce qu’on a convenu, et c’était une promesse durant la campagne électorale qu’on va respecter, c’est qu’on va trouver un autre moyen, à l’extérieur du RQAP, de donner aux parents adoptifs le même nombre de semaines que les parents biologiques », a dit le premier ministre François Legault mardi.

Le ministre du Travail n’a pour sa part pas annoncé comment il entendait en arriver à une égalité de traitement, mais chose certaine, a-t-il dit, la solution « créative » ne passerait pas par une nouvelle bonification du RQAP. M. Boulet a promis de discuter de la problématique avec d’autres ministres, tout en assurant que l’objectif d’égalité serait atteint.

Une motion unanime

En point de presse, mardi, la députée péquiste Véronique Hivon, accompagnée de la Fédération des parents adoptants, a réitéré que le RQAP devait accorder le même traitement aux parents adoptants qu’aux parents biologiques.

« Quand le ministre arrive avec des arguments légalo-légalistes qu’il pourrait y avoir des poursuites, ça ne tient pas la route. […] Personne ne peut imaginer qu’une mère biologique intenterait un recours contre le gouvernement parce que les familles adoptantes se verraient donner des semaines équivalentes », a dit la députée qui porte ce dossier depuis une semaine.

« Le ministre a montré des premiers signes d’ouverture. Nous, c’est certain qu’on veut travailler avec lui. Il a raison lorsqu’il dit qu’il peut y avoir d’autres programmes qui peuvent rendre service à nos enfants, nous ne nous opposons pas à cela. Par contre, le besoin de nos enfants, c’est du temps, c’est du temps à la maison à l’arrivée de l’enfant, et puis ça, ça ne se guérit que par le Régime québécois d’assurance parentale », a dit Anne-Marie Morel, de la FPAQ.

À la période de questions, Mme Hivon a déposé une motion sans préavis, qui a finalement été adoptée à l’unanimité, indiquant que l’Assemblée nationale « réclame l’augmentation du nombre de semaines de prestations pour les familles adoptantes afin que ces dernières bénéficient de la même durée de prestations que les familles biologiques, permettant ainsi aux enfants adoptés de bénéficier de la même durée de présence de leurs parents que les enfants biologiques ».

Course à la direction du PLQ

Bachand donne un coup de main à Anglade

Québec — L’ancien ministre libéral des Finances Raymond Bachand donne un coup de main dans la campagne de financement de la candidate à la direction du Parti libéral Dominique Anglade. Avec L. Jacques Ménard, ancien patron de la Banque de Montréal, il organise une activité pour amasser des fonds pour l’ex-ministre de l’Économie.

L’événement aura lieu à Montréal, le 10 décembre. « C’est une candidate exceptionnelle, même si on pense que le gouvernement fait un bon travail sur le plan économique, un jour viendra où les gens voudront changer. C’est la nature des choses. » Le Parti libéral devra avoir à ce moment-là « quelqu’un qui voit les défis du Québec dans les années 2025-2030 ».

Le PLQ « s’est déconnecté de francophones d’origine, au cours des dernières années », constate-t-il au lendemain de la cuisante défaite libérale dans Jean-Talon, circonscription qui avait de tout temps élu des libéraux. Celui qui avait brigué la direction du PLQ en 2012 – il avait terminé troisième derrière Philippe Couillard et Pierre Moreau – n’était plus membre du parti, mais il reprendra sa carte pour appuyer Mme Anglade.

Les défis des régions

Pour lui, le Québec des régions est devant les défis de l’immigration et de la pénurie de main-d’œuvre, des enjeux pour lesquels Mme Anglade est particulièrement bien préparée. En outre, si elle est choisie en mai prochain, Mme Anglade aura deux années pour se préparer aux prochaines élections générales.

Il a connu Mme Anglade à l’époque où il était consultant chez Secor ; Mme Anglade était alors présidente de la Jeune Chambre de commerce. C’est Mme Anglade qui avait confié à Raymond Bachand le mandat de suivre les négociations pour la revue de l’ALENA.

Dans l’autre camp, Alexandre Cusson a obtenu l’appui d’un autre libéral en vue : Jean-François Garneau, fils de Raymond Garneau, ancien ministre de Robert Bourassa. M. Garneau, sous Philippe Couillard, avait organisé des ralliements, les Forums des idées, pour rassembler les militants en dehors du passage obligé des conseils généraux.

« Guérir nos divisions »

M. Garneau souligne ne pas connaître Alexandre Cusson, ex-président de l’Union des municipalités. Mais « s’il s’avère le moindrement à la hauteur de nos attentes, il nous donne une chance de nous reprendre et de contribuer à guérir nos divisions entre Montréal, Québec et les régions », a-t-il dit.

« Seul quelqu’un d’aussi ancré dans les régions du Québec tout en étant aussi progressiste que lui peut en effet nous guider au travers des méandres duplessistes dans lesquels nous sommes en train de nous enfermer », a observé M. Garneau sur le Net.

« On n’a pas assez écouté les gens », dit Arcand

Le chef du Parti libéral du Québec, Pierre Arcand, admet que son parti « n’a pas assez écouté les gens », ce qui l’a mené à une défaite écrasante, lundi, en perdant le siège de Jean-Talon, circonscription qui lui était pourtant acquise depuis 1965. 

« La santé du parti pourrait s’améliorer, quand on [voit] les résultats de lundi. On pensait qu’on serait en meilleure position », a admis M. Arcand, mardi. Sa candidate, Gertrude Bourdon, a terminé en deuxième position, avec 25 % des votes, derrière la caquiste Joëlle Boutin, qui a obtenu 43 % des suffrages. Cette dernière a fait son entrée officielle à l’Assemblée nationale mardi, accompagnée par le premier ministre François Legault à sa première réunion du caucus. 

Québec solidaire, qui misait gros sur une victoire dans Jean-Talon, où se trouvent plusieurs cégeps et l’Université Laval, a admis mardi que le vote des jeunes n’avait pas été assez mobilisé pour les favoriser. « On n’est pas là où on souhaitait être. On souhaitait causer la surprise, et pour arriver à faire ça, on avait besoin d’un vote massif des jeunes. Ça ne s’est pas produit », a affirmé le leader solidaire Gabriel Nadeau-Dubois.

— Hugo Pilon-Larose, La Presse

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