Le Canadien  Arbitrage

« Ça peut aussi être civilisé »

Les histoires d’horreur sur l’arbitrage foisonnent par les temps qui courent. Les Canucks de Vancouver qui ont comparé un joueur à une souris sur le dos d’un éléphant. Mike Milbury qui aurait fait pleurer son gardien Tommy Salo…

Cela dit, les cas qui se règlent devant l’arbitre sont désormais rarissimes. À l’exception de Vladimir Sobotka, un joueur des Blues de St. Louis déjà engagé en KHL pour la saison prochaine, P.K. Subban est devenu le premier joueur en trois ans à voir son cas aboutir devant l’arbitre.

Le cas précédent : Shea Weber, des Predators de Nashville, en 2011. L’arbitre avait alors octroyé un pacte de 1 an et 7,5 millions au défenseur-vedette. Il s’agit du contrat d’une saison le plus lucratif jamais accordé en arbitrage dans la Ligue nationale.

Et comme Subban, Weber était – et est encore – un des meilleurs à sa position, si bien qu’il est plutôt ardu pour une équipe de détruire l’image d’un joueur aussi établi.

UNE DÉMARCHE D’AFFAIRES

Jarrett Bousquet est bien placé pour parler. Au cours de sa carrière d’agent, il a vécu des séances d’arbitrage avec deux clients, et non les moindres : Weber et Scott Niedermayer.

« J’ai moi aussi entendu des anecdotes sur des séances d’arbitrage, mais dans mon cas, les équipes ne pouvaient pas dire grand-chose de mal sur mes clinets ! », raconte Bousquet.

« Ça peut aussi être civilisé, ajoute-t-il. Peut-être qu’en sortant de la salle, le joueur peut se sentir blessé. Mais une fois que tu es dans l’avion, que la décision tombe, le sentiment part et c’est le retour à la normale. Je sais que ça n’a pas changé la relation de Scott avec les Devils [du New Jersey] ; elle est encore très bonne d’ailleurs. »

« Je sais que Shea [Weber] est heureux à Nashville et que les Predators sont heureux de le compter parmi eux. »

— Jarrett Bousquet, agent de Shea Weber 

Pour limiter les conséquences d’une telle démarche, toutefois, le joueur doit être bien préparé, et c’est là que le travail de l’agent est important.

« C’est une démarche d’affaires, et tu dois constamment le rappeler à ton client, souligne Bousquet. Ce sont des hommes en habit qui se chicanent. C’est vrai qu’il se dit des choses que des joueurs, surtout des vedettes, ne sont pas habitués d’entendre. Mais des joueurs de ce type comprennent ce qui se passe, et on doit les aider à comprendre. Ils doivent comprendre que ce n’est pas personnel. »

Pour ce que ça vaut, rappelons toutefois que Niedermayer était passé devant l’arbitre en 2004 pour un contrat d’un an finalement annulé par le lock-out et qu’il s’était joint aux Ducks d’Anaheim en 2005. Bousquet soutient toutefois que son client souhaitait jouer avec son frère et retourner sur la côte Ouest.

Weber, lui, joue certes toujours dans la capitale du country, mais s’était laissé tenter, l’été suivant, par une offre hostile des Flyers de Philadelphie, qui a forcé les Predators à lui donner 110 millions pour 14 saisons…

Le Canadien  Arbitrage

Une entente de dernière heure pour Eller !

Jarrett Bousquet compte également parmi ses clients Lars Eller, si bien qu’il est passé à moins de 24 heures de se retrouver en arbitrage face au Canadien. En fait, c’est à se demander s’il n’est pas passé à quelques minutes d’une audience…

« Quand Marc [Bergevin] m’a appelé, j’embarquais dans l’avion vers Toronto, mes bagages étaient déjà enregistrés ! J’ai donc dû faire retirer mes bagages de l’avion.

« J’étais assez convaincu que si l’avion décollait, on irait en arbitrage. Et Marc sentait lui aussi que s’il se déplaçait à Toronto, rendu là, aussi bien laisser ça entre les mains du système. Mais sait-on jamais, on aurait quand même eu du temps pour s’entendre. »

Eller était attendu le 25 juillet au matin en arbitrage. Il s’est finalement entendu la veille en après-midi avec le CH sur les clauses d’un contrat de 4 ans pour 14 millions de dollars.

— Guillaume Lefrançois, La Presse

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