Des règlements qui dérangent

Dix sportifs
se prononcent

Les sportifs sont perfectionnistes. Et ça ne vaut pas que pour leurs performances. Parfois, c’est le sport lui-même qu’ils souhaiteraient améliorer. Dix athlètes nous parlent des règlements qu’ils feraient disparaître.

Hockey

Shea Weber

défenseur, Canadien

Liberté pour les gardiens

« La première chose qui me vient en tête, c’est le règlement du trapézoïde derrière le filet, pour restreindre les mouvements du gardien et l’empêcher de sortir derrière son but afin de pouvoir manier la rondelle. Notre gardien est aussi bon que quiconque dans cette ligue pour manier la rondelle, alors si on pouvait se débarrasser de ce règlement, ça nous aiderait beaucoup. Nous sommes tous en mesure de voir le genre de jeux que Carey peut faire quand il sort de son filet et qu’il manie la rondelle. Si ce règlement-là n’existait pas, je pense que Carey pourrait être encore plus efficace qu’il l’est déjà. »

Football canadien

Marc-Olivier Brouillette MARAUDEUR, Alouettes

L’immunité des receveurs de passe après cinq verges

« Le nouveau règlement selon lequel les joueurs défensifs ne peuvent plus toucher aux receveurs après cinq verges rend notre tâche pratiquement impossible. Surtout qu’il y a trois receveurs qui peuvent attaquer la ligne de mêlée à pleine vitesse avant la remise du ballon. Ce serait un peu mieux si c’étaient 10 verges, comme dans la NFL, mais c’est quasi impossible de couvrir les receveurs homme à homme actuellement. Avant que le règlement soit changé il y a quelques années, les joueurs défensifs avaient le droit de toucher aux receveurs adverses n’importe où, à condition qu’ils se trouvent droit devant eux. Ça rendait notre travail un peu moins difficile. »

Ski acrobatique

Mikaël Kingsbury

L’interdiction des doubles sauts périlleux en bosses

« Je ne crois pas que cela va arriver à court terme, mais ce serait bien si on pouvait effectuer des doubles sauts périlleux en bosses. On réussit déjà les sauts les plus difficiles et ça ne nous laisse pas beaucoup de marge pour faire évoluer notre sport. Nous sommes l’une des seules disciplines où on nous interdit de faire des sauts plus complexes alors que ça s’appelle “freestyle”… Ça fait déjà longtemps qu’on réussit des doubles à l’entraînement [Alex Bilodeau et Kingsbury l’avaient fait avant les Jeux de Sotchi] et je pense que ça rendrait les compétitions encore plus spectaculaires. »

Hockey

Al Montoya gardien, Canadien

Réviser… sa propre décision

« Lorsque des buts marqués sont révisés en raison d’une obstruction envers le gardien, l’arbitre doit donner son opinion sur une décision qu’il a déjà rendue. On lui demande de réviser, mais c’est un être humain et il va s’en tenir à ce qu’il a déjà déterminé. Même si les gens de Toronto revoient la reprise avec lui, c’est quand même l’arbitre qui a le dernier mot. Sauf qu’il a déjà exprimé son point de vue en rendant sa décision sur la glace ! Il faudrait que ce soient les gens de Toronto qui aient le dernier mot. »

Hockey

Jeff Petry DÉFENSEUR, Canadien

La punition pour avoir retardé le match

« S’il y a une réelle intention d’envoyer la rondelle dans la foule, c’est différent, mais il y a souvent des situations où deux bâtons se croisent, où tu essaies seulement de harponner la rondelle pour l’envoyer vers la baie vitrée et où ça va dans les gradins. Nous n’avons pas vraiment de contrôle sur un jeu semblable. Le règlement est apparu deux ans après mon arrivée dans la LNH et, à mon avis, on devrait s’en remettre au jugement de l’arbitre. Car projeter la rondelle dans la foule n’est pas la même chose que d’avoir deux joueurs à la poursuite du disque et que le joueur en défense, en touchant la rondelle, l’envoie accidentellement dans les gradins. Il n’y a pas d’intention là-dessus autre que d’empêcher l’adversaire de récupérer la rondelle. »

Soccer

Hassoun Camara défenseur, Impact

De l’ouverture sur les hors-jeu 

« Je changerais bien le règlement des hors-jeu [un joueur est hors jeu s’il est plus près de la ligne de but adverse que le ballon et l’avant-dernier adversaire]. Bien qu’il fixe les règles du jeu pour garder une certaine discipline, cela peut être vu comme un manque de spectacle pour ceux qui ne connaissent pas bien le soccer. Je crois qu’il y aurait plus de spectacle, plus d’intérêt et de nouveaux partisans s’il n’y avait pas de hors-jeu. Bien entendu, il faudrait de l’ouverture pour modifier cette règle, mais en l’adaptant, ça pourrait être pas mal. »

Boxe

Stéphan Larouche entraîneur

Le casque et les reprises

« Il y a deux choses que je changerais et qui me tiennent à cœur. Chez les amateurs, c’est certain, certain que je remettrais le casque. Ça protège le boxeur. Ça donne une durée de vie à sa carrière. Ils ont fait ça pour le spectacle, mais là, ce sont les athlètes qui paient. Chez les professionnels, j’instaurerais la reprise vidéo. Tous les sports sont rendus avec la reprise vidéo, que ce soit le tennis, le hockey, on est là partout. Je ne comprends pas qu’à la boxe, on ne soit pas là. Dans un combat serré, quand un boxeur va au plancher, ce n’est pas tout le temps clair s’il a glissé, par exemple. Une reprise vidéo pourrait faire la différence entre une bonne et une mauvaise décision. Ça peut avoir un impact important. Ça peut être un coup de tête, un coup de coude… Nous, à la maison, quand on regarde un combat, on sait exactement ce qui s’est passé, mais pas les juges. »

Ski de fond

Alex Harvey

Des bâtons trop courts !

Pour préserver le pas alternatif, le style original du ski de fond, un nouveau règlement de la Fédération internationale de ski (FIS) limite la longueur des bâtons en style classique afin d’éviter le recours à la double poussée sur toute la durée d’une épreuve. « On se demande comment ils ont pu penser à ça ! Je ne connais personne qui a changé la longueur de ses bâtons pour ça. C’est un peu un coup d’épée dans l’eau. On dirait que les dirigeants de la FIS ont peur de la double poussée. C’est une évolution inévitable du sport. On s’entraîne de plus en plus pour être fort dans le haut du corps. Plus tu peux reporter le moment où tu retournes au pas alternatif, plus tu gagnes de secondes. Les bâtons sont de plus en plus rigides, les skis glissent de mieux en mieux. Ça fait en sorte que quelques fois par année, on utilise seulement les bras pour faire une course de classique, sur un parcours sans grosse montée ou dans des conditions de neige précises. »

Ski alpin

Erik Guay

Plus d’espace pour le commanditaire

Un règlement de la FIS limite la grosseur du logo d’un commanditaire à l’avant du casque. « Normalement, on a seulement le droit [à un logo] de 50 cm2, ce que j’ai en ce moment sur mon casque. Mais le règlement n’est pas vraiment appliqué. Récemment, il y a en a dont le logo est beaucoup plus grand et personne ne semble surveiller ça. Même chose pour l’élastique des lunettes. Je trouve que c’est un règlement absurde. Ils devraient juste “ouvrir” le casque comme en Formule 1, où tu peux le décorer un peu comme tu veux. »

Sport automobile

Andrew Ranger pilote Nascar

L’absence de règlements clairs sur les contacts entre voitures

« En NASCAR, des règlements restent à la discrétion des officiels, qui laissent passer des coups que d’autres fois, ils ne laissent pas passer. En NASCAR, on peut toucher, on peut pousser, mais des fois, c’est un petit peu trop. Il y a deux ans à Trois-Rivières, Kevin Lacroix me pousse dans le dernier virage et il gagne la course. Le règlement, c’est quoi à ce moment-là ? Je regrette que ce ne soit pas assez clair s’il y a faute ou pas. On ne sait pas où est la limite. Il y a plus ou moins de règlements sur les contacts entre voitures. Et c’est le même principe dans toutes les séries NASCAR. Ce que je proposerais ? C’est correct, des poussettes pendant la course, mais pas quand tu es rendu dans le dernier tour. »

— Propos recueillis par l’équipe des Sports

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