Quatre mots pour comprendre

Justin Trudeau, superstar en Inde

L’élection de Justin Trudeau n’est pas passée inaperçue à travers le monde. La réaction a été particulièrement vive en Inde, où le jeune premier ministre et son talent sur la piste de danse ont fait la une de presque tous les journaux. Quatre mots pour comprendre.

BHANGRA

Les Indiens sont fous des films de Bollywood et de la danse : et Justin Trudeau a démontré, lors d’une fête organisée par l’Association Inde-Canada de Montréal, qu’il était digne de la culture pop indienne. Vêtu d’une kurta blanche comme une star du cinéma indien, le député libéral danse sur un air de bhangra, genre musical alliant le folklore du Punjab à la musique contemporaine, sans aucun complexe. La vidéo, tournée en 2009, a été remise en ligne mardi et a fait depuis le tour des médias indiens. Les grandes chaînes du pays de Gandhi, comme NDTV, ont diffusé les exploits de l’homme politique. L’auteur de la chanson sur laquelle se trémousse M. Trudeau, King Mika Singh, a félicité le premier ministre pour son élection et son sens du rythme sur Twitter. L’humoriste indo-américain Anand Giridharadas a pour sa part qualifié Justin Trudeau de « meilleur danseur de bhangra blanc du monde ».

PUNJABIS

Vous ne l’avez peut-être pas remarqué, mais 19 Indo-Canadiens ont été élus le 19 octobre, dont 15 sous la bannière du Parti libéral. Ce détail n’a pas échappé aux journaux indiens, qui notent aussi que 15 des élus indo-canadiens sont originaires du Punjab, État indien situé à la frontière du Pakistan qui a vu naître la religion sikhe. Le Chandigarh Tribune note que plus de Punjabis siègent au Parlement canadien qu’au Lok Sabha (13), Chambre basse du Parlement indien, qui compte pourtant 543 sièges. « Jamais autant d’Indo-Canadiens n’ont été élus au Canada. Et les médias indiens ont prêté beaucoup d’attention à la chose. En particulier à cause de la grande représentation des élus originaires du Punjab. Les gens du Punjab ont beaucoup d’influence en Inde et sont très débrouillards. Et la diaspora du Punjab a un poids important dans les affaires indiennes », note Subodh Ghildiyal, journaliste politique au Times of India, joint à Delhi.

PETIT BOMBAY

Député de Papineau depuis 2008, Justin Trudeau a passé beaucoup de temps dans Parc-Extension, l’un des quartiers de sa circonscription, et s’est fait maintes fois prendre en photo alors qu’il portait des habits traditionnels indiens. Le calendrier que le député distribue chaque année en fait foi. Souvent surnommé le Petit Bombay, Parc-Extension abrite une partie importante des Montréalais d’origine sud-asiatique, qui, en 2011, étaient plus de 70 000 dans la métropole. À travers le pays, les Indo-Canadiens représentent 3,8 % de l’électorat, soit plus de 1,25 million de personnes. À Toronto, 10 % de la population est d’origine indienne, une réalité difficile à ignorer pour un politicien.

INVITATION

Le premier ministre indien Narendra Modi a été l’un des premiers leaders politiques à appeler M. Trudeau pour le féliciter après son élection. M. Modi a aussi invité M. Trudeau en Inde, invitation que le nouveau premier ministre a saisie au bond. Selon Samar Halarnkar, éditeur d’IndiaSpend, le premier ministre indien regrettera peut-être son enthousiasme à l’égard de M. Trudeau. « En Inde, Trudeau a attiré l’attention et a gagné des fans parmi les libéraux indiens, qui sont désespérés de voir que leur propre premier ministre ne s’adresse jamais aux minorités et ne veut pas être vu en leur compagnie. C’est un peu un fantasme pour ces gens de voir Justin Trudeau prendre des photos avec des femmes portant le hidjab et danser le bhangra avec des femmes indiennes », note l’éditeur, joint à Bangalore.

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