ÉTATS-UNIS

« Trump a détruit mon mariage »

Ce n’est pas un secret : la présidence radicale de Donald Trump déchire des couples et des familles aux États-Unis. Jennifer Merrill, mère de famille de Virginie, vient de publier un texte dans lequel elle attribue au président la fin de ses 24 années de mariage – texte qui a suscité une avalanche de témoignages. La Presse lui a parlé.

Les mariages se défont pour toutes sortes de raisons. Dans le cas de Jennifer Merrill, la raison a un nom : Donald Trump.

« Ce n’était plus tenable », dit-elle en entrevue téléphonique.

Mariée depuis 24 ans, mère de trois grands enfants, Mme Merrill a décidé l’automne dernier qu’elle « en avait assez » de vivre avec une personne qui admire et soutient l’actuel président américain, alors qu’elle-même est opposée à pratiquement toutes ses décisions.

Fin octobre, elle a trouvé un emploi à temps plein et quitté la maison où elle résidait depuis 20 ans en Virginie pour emménager dans un appartement.

« Dans les jours précédant mon départ, je me réveillais la nuit et je me demandais si je prenais la bonne décision. J’avais de l’appréhension. Mais quand j’ai emménagé dans l’appartement, je me suis sentie beaucoup mieux. Un poids a été enlevé de mes épaules. Je suis contente de l’avoir fait. »

Les couples d’Américains ayant des opinions politiques différentes ne sont pas rares : environ 30 % des gens mariés le sont avec une personne qui appuie un parti politique différent, tandis que 70 % des gens mariés disent appuyer le même parti politique, selon une étude publiée en 2016 par l’Université Yale.

L’étude montre que les couples « mixtes » établissent souvent des frontières à ne pas franchir afin d’éviter des conflits. Plusieurs études montrent que les différends politiques font partie des causes de divorce.

PROFOND Choc des idées

Avoir des divergences d’opinions avec son conjoint est une chose. Mais dans le cas de la présidence de Donald Trump, les enjeux sont si fondamentaux qu’ils ne peuvent être balayés sous le tapis, dit Jennifer Merrill.

Elle et son mari ne parlaient pas beaucoup de politique quand ils se sont rencontrés, au début des années 90.

« Nous avions du plaisir ensemble. Il venait d’une famille catholique traditionnelle, et nous avions parfois des différends. Il votait républicain, moi, je votais démocrate, mais ça n’allait pas plus loin. »

— Jennifer Merrill, à propos de sa relation avec son mari au début des années 90

L’ère de George W. Bush a été plus difficile : Mme Merrill a commencé à aller manifester pour les causes féministes et le contrôle des armes à feu, et elle digérait mal que son mari fasse des blagues au sujet d’enjeux qui lui tenaient à cœur. Durant l’ère Obama, le couple parlait peu de politique. « J’aimais Obama, j’ai fait campagne pour lui. Je savais que mon mari ne l’aimait pas. »

Dès l’élection de Trump, Mme Merrill a senti que les prochaines années allaient être ardues.

« Tout ce que Trump faisait me mettait en colère. C’était difficile, car je savais que mon mari n’était pas de mon avis. Il ne parlait pas souvent de politique en ma présence. Il attendait que je ne sois pas là pour parler de ses opinions avec nos enfants. »

« Ça a pris deux ans, mais j’ai fini par comprendre que je ne pouvais pas vivre avec une personne aux opinions diamétralement opposées aux miennes. »

— Jennifer Merrill

Il y a quelques jours, Jennifer Merrill a écrit un article sur l’éclatement de son couple. Diffusé sur le site progressiste Daily Kos, l’article a suscité plus de 600 commentaires et été partagé près de 4000 fois sur les réseaux sociaux.

La popularité de son article l’a surprise. « J’ai reçu des tonnes de courriels de personnes qui vivaient la même chose que moi. Je crois que ça a touché une corde sensible. »

Si Hillary Clinton avait remporté l’élection en 2016, Mme Merrill vivrait-elle encore avec son mari aujourd’hui ?

« C’est une bonne question… Mon mari n’aimait pas Hillary, alors nous aurions sans doute eu des disputes. Mais si Hillary avait gagné, je crois qu’il y aurait eu une possibilité pour moi de rester. Avec Trump, ça s’est avéré impossible. »

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