Plein air

Du ski alpin au vélo de montagne

Les skieurs font leurs dernières descentes. Tristement, ils s’apprêtent à ranger leurs skis dans le fond d’un placard. Pour certains, il y a une consolation : ils sont sur le point de sortir leur vélo de montagne.

Quelques stations de ski alpin ont compris le principe et accueillent les amateurs de vélo de montagne pendant la saison estivale. La rentabilité de l’initiative n’est pas extraordinaire, mais les stations y trouvent quand même des avantages. « Ce n’est pas comparable aux revenus d’hiver. On ne se fie pas là-dessus pour boucler le budget annuel, mais ça fait ses frais, indique Luc Elie, propriétaire et directeur général de Ski Mont Rigaud. On pense que ça vaut la peine, ça fait bouger les choses l’été. Au lieu de fermer la place, nous sommes présents, disponibles, on parle de Mont Rigaud toute l’année. »

Ça permet également de conserver du personnel clé. « Comme toutes les industries saisonnières, c’est un gros défi de garder notre main-d’œuvre, explique la directrice du marketing de Mont-Sainte-Anne, Sandra Nadeau. Dès que les employés se font offrir quelque chose de plus annuel, on les perd. Le fait de pouvoir leur offrir quelque chose sur une plus longue période, ça nous aide énormément. »

Le vélo de montagne ne représente que 25 % de la clientèle annuelle à Mont-Sainte-Anne, même si la saison de vélo est plus longue que la saison de ski. Toutefois, selon Mme Nadeau, cette fréquentation contribue au dynamisme de l’ensemble de la région. « Il y a beaucoup d’hôtels et de restaurants qui gravitent autour de la station, rappelle-t-elle. Ils seraient capables de survivre sur une durée de quatre ou cinq mois, mais ce serait difficile. Le fait d’étendre la saison avec d’autres activités, même si l’achalandage est moindre que pour le ski, ça aide beaucoup. »

Le vélo de montagne, encore tout nouveau à Sutton, aide la région à se positionner comme destination plein air à longueur d’année, note pour sa part Chloé Chagnon, coordonnatrice des communications à Mont Sutton.

« Nous avons une belle réponse de la part de notre clientèle. Nous y croyons beaucoup. À moyen ou à long terme, ça devrait nous aider à rentabiliser nos infrastructures parce que nous pourrons les utiliser toute l’année. »

— Chloé Chagnon, à Mont Sutton

À Bromont, ça fait plus de 25 ans qu’on accueille le vélo de montagne. Le vélo de descente est légèrement rentable, essentiellement parce qu’il utilise les infrastructures existantes. En outre, les remontées mécaniques fonctionnent déjà l’été pour la clientèle du parc aquatique.

Le propriétaire de la station de Bromont, Charles Désourdy, estime toutefois que le vélo cross-country peut difficilement être rentable en tant que tel. Il fait remarquer que ce sont surtout des organisations à but non lucratif et des bénévoles qui construisent ces réseaux. Dans la région de Bromont, avec la concrétisation du parc des Sommets, le réseau devrait atteindre plus de 150 km de sentiers, ce qui en fera une Mecque du vélo de montagne.

« Nous allons maintenir cette activité-là, qu’elle soit rentable ou pas, déclare M. Désourdy. On s’affiche comme un centre quatre saisons, ça permet d’attirer des gens pendant les quatre saisons, de faire en sorte que les hôtels soient en santé, de vendre de l’immobilier. »

Solution aux changements climatiques ?

Chloé Chagnon, de Mont Sutton, note que le vélo de montagne pourrait éventuellement aider les stations de ski à faire face à des hivers de moins en moins longs en raison des changements climatiques. Elle note toutefois qu’il reste encore bien de la neige à Sutton en ce début d’avril.

Le propriétaire de Mont Rigaud, Luc Elie, croit lui aussi que le réchauffement climatique ne constitue pas encore un problème, notamment grâce à l’amélioration des techniques de fabrication de neige. « Je dirais que pour les 50 prochaines années, on devrait être corrects. »

Le propriétaire de Bromont, Charles Désourdy, ne croit pas non plus que les changements climatiques diminueront la durée réelle de la saison de ski. Dans les faits, celle-ci ne commence pas avant le 26 décembre parce que les étudiants sont en examens et parce que leurs parents sont dans la préparation des Fêtes. Et puis, après le 1er avril, les skieurs abandonnent les pistes même s’il reste de la neige.

M. Désourdy ajoute que Bromont a l’habitude de réparer rapidement les dégâts après les dégels hivernaux. « Ce sont les stations qui ne sont pas habituées qui souffriront des changements climatiques. »

Il y a encore d’autres raisons qui amènent des stations de ski à mettre du temps et de l’argent dans le vélo de montagne. À Mont Rigaud, on a investi 125 000 $ pour démarrer le réseau de cross-country en 2011. « Rigaud, c’est une montagne où il y a beaucoup de roches, indique Luc Elie. Il a fallu faire des travaux d’excavation, charrier de la terre pour couvrir la surface. » Mais voilà, le propriétaire de Mont Rigaud avait personnellement attrapé le virus du vélo de montagne quelques années auparavant. « C’est un peu pour ça qu’on a fait ce projet, lance-t-il. C’était ma cour arrière. »

Vidéo de la semaine

Tuckerman Ravine au siècle dernier

Cela fait plus de 100 ans que les skieurs affrontent Tuckerman Ravine, sur le mont Washington, au printemps.

Chiffre de la semaine

1000 km

C’est la distance que peuvent parcourir des bernaches en une journée, si les conditions sont propices, pendant la migration.

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