Attentat à Ottawa

Siégez !

Aujourd’hui, il n’y a pas de députés conservateurs, libéraux, bloquistes, néo-démocrates, verts ou indépendants. Il y a des députés élus par les citoyens de ce pays qu’on a voulu intimider par la violence.

J’écris ces lignes à 14 h pour cette édition spéciale de La Presse+ mise en ligne à 16 h 30. Il n’est pas trop tard pour espérer voir ces élus – nos élus – siéger aujourd’hui dans cette Chambre des communes ciblée par la violence.

Le prétexte importe peu, bien qu’une simple motion soulignant la mémoire du soldat abattu et le courage des agents de la paix qui ont affronté les tireurs serait appropriée.

Les prochaines heures et les prochains jours nous en apprendront davantage sur l’identité du ou des assaillants et sur les motivations pitoyables qui soutiennent cette attaque. Il faudra faire de nombreux débats sur la signification à donner à ce 22 octobre 2014. Je suis de ceux qui croient que la réponse des démocraties à la terreur ne doit pas être terrifiante, qu’il ne faut pas devenir un monstre pour combattre un monstre. C’est l’essence d’une démocratie. Mais l’heure de ce débat-là, comme celle des autres, viendra bien assez vite.

Pour le moment, je croise les doigts et j’espère voir nos élus siéger au Parlement d’ici la fin de la journée. Ceux qui ont commis ces actes barbares voulaient intimider les 308 élus de la Chambre des communes et paralyser les institutions démocratiques de ce pays. J’espère qu’au moment d’aller au lit, ce soir, nos élus auront choisi de leur nier cette victoire.

Les agents de la paix qui ont traqué, confronté et abattu les assaillants d’Ottawa ont fait leur travail avec une bravoure qu’on ne soulignera jamais suffisamment. Ils l’ont fait en sachant qu’ils couraient un risque immense, talonnant des assaillants inconnus aux motivations perverses. Il faut être cynique pour ne pas voir ce courage, dont la manifestation la plus spectaculaire est cette terrifiante vidéo de l’échange de coups de feu à l’intérieur du parlement.

La journée est encore jeune : j’espère que les élus – nos élus – qui sont en mesure de le faire iront à la Chambre des communes dès aujourd’hui pour faire leur travail, comme les agents de la paix de la colline parlementaire ont fait le leur. C’est encore la meilleure façon, dans l’immédiat, de rejeter l’ignominie commise ce matin à Ottawa.

Et ce serait aussi, dans les circonstances chaotiques et dangereuses de ce 22 octobre 2014, une certaine forme de bravoure.

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