Les quatre grands défis des PME québécoises

Rassembler les forces

Pour l’efficacité et le partage des risques, les géants de l’aérospatiale ne traitent plus directement avec les PME locales, mais avec des intégrateurs. Situés à différents endroits dans le monde, ils ont la responsabilité de livrer des sous-ensembles qui intègrent plusieurs composants, comme un train d’atterrissage complet.

« Pour se distinguer de la concurrence internationale, nos PME doivent être très productives et avoir aussi une masse critique plus importante », explique Suzanne Benoît, présidente-directrice générale d’Aéro Montréal, la grappe aérospatiale du Québec.

Par exemple, l’été dernier, les entreprises québécoises Groupe Composites VCI et FDC Composites ont annoncé une alliance stratégique. Ensemble, elles ont maintenant 300 employés.

Pour aider les entreprises à créer des coentreprises et à réaliser des fusions ou des acquisitions, Aéro Montréal a mis sur pied l’Accélérateur 360. Le gouvernement du Québec lui a accordé 5 millions de dollars pour aider les entreprises dans leurs efforts.

Pénurie de main-d’œuvre

Le secteur de l’aérospatiale devra pourvoir 30 000 postes au Québec d’ici 10 ans, principalement en raison des nombreux départs à la retraite. Alors que la pénurie de main-d’œuvre frappe tout le Québec, Aéro Montréal lance une stratégie de séduction.

« Nous allons dans les écoles primaires et secondaires pour convaincre les jeunes d’aller en sciences, indique Suzanne Benoît. Heureusement, l’aérospatiale est un domaine qui fait rêver, avec de très bons salaires. »

Mais le secteur doit lutter contre certaines perceptions. 

« Si un géant fait des mises à pied, les gens pensent qu’il n’y a plus d’emplois dans le domaine, remarque Mme Benoît. Mais il y a plein de postes intéressants à pourvoir dans les PME. »

Le défi de la main-d’œuvre doit absolument être relevé, d’après Aéro Montréal. « Si nous n’arrivons pas à satisfaire les besoins des entreprises, elles risquent d’aller s’installer là où sont les talents, précise Mme Benoît. Nous essayons d’ailleurs de recruter des gens du Maroc pour venir étudier dans nos écoles très réputées. »

Automatisation

En plus de donner un coup de pouce lorsque les employés sont moins nombreux, l’automatisation est devenue incontournable pour la compétitivité.

« Mais pour prendre le virage, il faut réaliser plusieurs transformations, donc ça prend des équipes et des investissements de capitaux », affirme Alain Dupont, président d’AP&C, qui produit des matériaux qui vont dans les imprimantes 3D.

L’entreprise de 180 employés, dont le premier marché est l’aérospatiale, réalise actuellement le virage 4.0 dans ses usines.

« Nous exportons 99 % de nos produits, alors il fallait rester compétitif sur l’échelle mondiale au niveau du coût des produits, explique M. Dupont. Aller vers l’usine intelligente était essentiel pour assurer notre pérennité. »

Le programme MACH FAB 4.0 d’Aéro Montréal aide d’ailleurs les entreprises à prendre le virage.

Renouvellement du parc

Alors que les grands acteurs comme Bombardier, Airbus et Boeing sortent de nouveaux modèles d’avions plus performants, les compagnies aériennes dans le monde renouvellent leur parc. Pour les entreprises actives dans l’entretien et la réparation des pièces, cela représente tout un défi.

« Nous devons nous renouveler à la même cadence que les compagnies aériennes, former notre personnel et être en contact avec les équipementiers qui ont construit ces nouvelles pièces », explique Jean Genest, président et chef de la direction de Pole Air Aviation.

L’entreprise de 40 employés a de grands clients au Canada, en Europe, aux États-Unis, en Asie et en Afrique.