Opinion  Montréal

L’année de tous les chantiers… ou presque

Des chantiers routiers aux grands projets de transports collectifs en passant par l’intégration des immigrants, les 12 prochains mois seront cruciaux pour le développement de la métropole

Nul besoin d’être devin pour prédire qu’à Montréal, l’année 2017 sera marquée par un nombre impressionnant de chantiers de toutes tailles. Des chantiers qui nous en feront voir de toutes les couleurs, pourvu que ce soit orange.

Certains chantiers continueront d’être désespérants par l’improvisation et l’incompétence qui les auront caractérisés depuis plusieurs années (échangeur Dorval, SRB Pie-IX, CHUM). Plusieurs permettront de mettre fin – en partie seulement – à des années de négligence et de sous-financement (pavillons d’universités et de cégep, écoles secondaires et primaires, réseaux d’égout et de distribution d’eau, métro).

D’autres se poursuivront pour contrer la vétusté de grands équipements particulièrement stratégiques (pont Champlain, échangeur Turcot). Bon nombre répondront à des besoins nouveaux et à des évolutions souhaitables de milieux ou d’équipements collectifs (square Viger, complexe environnemental Saint-Michel, site Outremont, abords de l’autoroute A25 dans Mercier). L’Hôtel-Dieu et le Royal-Victoria pourraient, enfin !, se voir confirmer une nouvelle vocation.

Les banlieues de la région métropolitaine ne seront pas en reste. À Laval, Longueuil et dans d’autres municipalités, des équipements et des infrastructures sont arrivés à la fin de leur vie utile.

Certains aménagements d’une époque pas si lointaine ne correspondent plus aux attentes actuelles, par exemple dans les environs de l’amphithéâtre Place Bell à Laval. Des expériences seront par ailleurs menées dans quelques-unes des aires TOD (Transit Oriented Development) de banlieue identifiées dans le plan métropolitain d’aménagement et de développement.

Un peu partout dans la région, le ministère des Transports fera pester les usagers de la route en poursuivant, par bétonnage interposé, la chimère de la fluidité des déplacements automobiles qu’il partage avec ceux-là mêmes qui pestent.

Des projets variés au centre-ville

Le centre-ville de Montréal complétera, poursuivra ou lancera plusieurs projets immobiliers d’envergures variées, en attendant d’inaugurer, après un report salutaire, le chantier du réaménagement de la rue Sainte-Catherine. Un nouveau skyline se consolidera. La banlieue poursuivra quant à elle sa transformation et son autonomisation en accueillant des projets immobiliers plus denses et plus diversifiés – mais trop souvent peu innovants – et des équipements collectifs de toutes natures.

Mais, 375e anniversaire oblige, 2017 sera aussi année de festivités.

Si le legs s’annonce moins impressionnant que celui 1992, notamment en ce qui concerne les équipements culturels, il y en aura, côté spectacles et activités, pour presque tous les goûts.

On se félicitera cependant que des musées montréalais ont tenu à rappeler que commémorations et festivités n’étaient pas incompatibles.

REM et intégration

Deux chantiers retiennent davantage mon attention. Le premier est celui du réseau électrique métropolitain (REM) de la Caisse de dépôt et placement du Québec. Je crains fort qu’en regard des enjeux et des défis métropolitains de mobilité, ainsi que des impératifs d’articulation de l’urbanisme et du transport, on ait confondu vitesse et précipitation. 

Je ne doute pas un instant que le promoteur du projet saura tirer son épingle – financière – du jeu. Trop de questions restent cependant sans réponse pour qu’il soit justifié de ne pas s’imposer un temps de réflexion, ne serait-ce que pour se rappeler que les maires de la Communauté métropolitaine de Montréal ont adopté il y a à peine cinq ans un plan dont on semble déjà faire peu de cas. L’enthousiasme suscité par un marketing habile ne devrait pas confiner à un aveuglement volontaire quant aux zones grises d’un projet de transport collectif dont les retombées devraient davantage profiter à l’ensemble des Montréalais.

L’autre chantier n’est pas formellement inscrit au programme de 2017. Il s’articule aux données préoccupantes quant à l’insertion en emploi des immigrants récents et moins récents. 

Que les Montréalais et la population de la région métropolitaine soient accueillants ne semble pas faire de doute. Mais savoir se montrer accueillant avec ceux qui nous rendent visite est une chose ; il en est tout autrement avec ceux qui ont choisi de s’installer à demeure ici. Avec ces derniers, nous avons la responsabilité de favoriser leur intégration pleine et entière, y compris en matière d’emplois. Non pas d’emblée pour des motifs strictement économiques. Mais parce que c’est là un des principaux ancrages d’une véritable concitoyenneté. 

Lancer un tel chantier dans la conjoncture sociopolitique actuelle est un défi considérable. Pour cela même, ce pourrait être une façon exemplaire de se projeter vers l’avenir.

Quant aux conséquences des élections municipales de l’automne prochain…

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