Hockey LNH
Les rendez-vous manqués des Leafs
La Presse
Après une seule participation aux séries éliminatoires en 10 ans, les Maple Leafs de Toronto semblent enfin avoir compris que leur relance passerait par la patience.
Le nouveau président de l’équipe, Brendan Shanahan, en a exprimé le vœu récemment. Seuls les jeunes espoirs Morgan Rielly, Jonathan Bernier et William Nylander ne sont pas à échanger ; Dion Phaneuf, Phil Kessel et compagnie sont sur le marché, alors qu’on a même commencé une « vente de feu » !
Les Maple Leafs ne tourneraient pas en rond comme ils le font aujourd’hui si l’un de leurs anciens directeurs généraux – John Ferguson fils, Cliff Fletcher ou Brian Burke – avait commencé la construction plus tôt.
Voici les nombreux rendez-vous ratés des Leafs.
Les Maple Leafs ne modifient pas leur bonne vieille formule après le lock-out de 2005, malgré le changement de règlements. L’équipe devient trop lente, trop lourde, et rate sa qualification aux séries éliminatoires en 2006. L’année suivante n’est guère plus glorieuse et, pourtant, on refuse de faire une vente-débarras pour reconstruire l’équipe. Mats Sundin, Darcy Tucker et Jeff O’Neill partiront ultimement sans qu’on n’obtienne rien en retour. Bryan McCabe vaudra seulement Mike Van Ryn et un choix de quatrième tour et Pavel Kubina, un plombier à la défense.
Ed Belfour a 40 ans après la saison 2006 et ses performances déclinent. Le directeur général John Ferguson fils cherche un remplaçant. Les deux espoirs de l’organisation, Justin Pogge et Tuukka Rask, sont encore jeunes. Ferguson sacrifie celui qui a le moins de potentiel des deux selon lui, Rask, pour acquérir Andrew Raycroft, des Bruins de Boston, lauréat du trophée Calder remis à la recrue par excellence trois ans plus tôt. Raycroft vient pourtant de connaître une saison atroce. Il ne s’améliorera pas à Toronto, et Pogge disputera seulement sept matchs dans la LNH. Rask a une Coupe Stanley et un trophée Vézina en banque avec les Bruins... Brian Burke n’a pas aidé quelques années plus tard en sacrifiant deux choix de premier tour pour obtenir Phil Kessel. Les Bruins ont pu repêcher Tyler Seguin et Dougie Hamilton avec ces choix. Les perspectives d’avenir seraient beaucoup plus intéressantes à Toronto avec ces deux jeunes joueurs.
Entre 2000 et 2010, les Maple Leafs ont repêché sept fois sur onze en première ronde. Ils ne comptaient pas de choix de première ronde en 2003, 2004, 2007 et 2010, et aucun choix parmi les deux premières rondes en 2007 et en 2004. Un de ces choix, en 2007, a été sacrifié pour obtenir le gardien Vesa Toskala et un autre, en 2003, a été utilisé pour acquérir Owen Nolan. Les Leafs ont ainsi laissé les Ryan Kesler, Mike Richards, Corey Perry, Patrice Bergeron, Corey Crawford, David Backes, Cory Schneider, Mike Green, Alex Goligoski, David Krejci, Alex Edler, Johan Franzen, P.K. Subban, Max Pacioretty et compagnie aux autres clubs.
Non seulement les Maple Leafs ont souvent échangé leurs choix de premier ou deuxième tour pour obtenir du renfort à court terme, mais ils ont aussi échangé cinq de leurs sept premiers choix de premier tour (entre 2000 et 2010) dans les premières années après les avoir repêchés. En plus de Tuukka Rask, on parle de Brad Boyes, passé dans la transaction pour obtenir Owen Nolan, et aussi Alexander Steen et Carlo Colaiacovo, échangés aux Blues de St. Louis pour obtenir Lee Stemniak. Celui-ci n’a jamais pu marquer plus de 14 buts par année en deux saisons, avant d’être échangé pour un plombier et deux choix au repêchage. Un seul cas positif : Luke Schenn, cinquième joueur repêché en 2008, échangé pour obtenir le prolifique James Van Riemsdyk.
On a rarement eu des ouvertures pour les jeunes à Toronto parce qu’il fallait faire jouer les vétérans surpayés. Des exemples : Tim Connolly (2 ans, 9,5 millions) ; Mike Komisarek (5 ans, 22 millions) ; Jeff Finger (4 ans, 14 millions) ; Jason Blake (5 ans, 20 millions) ; David Clarkson (7 ans, 36,75 millions) ; Pavel Kubina (4 ans, 20 millions). Ça fait beaucoup, beaucoup de millions pour des joueurs qui n’ont pas répondu aux attentes.