PIPELINES ET PUITS DE PÉTROLE

Des émissions sous-estimées, selon deux études

Les émissions de méthane des pipelines et des puits de pétrole ont été sous-estimées, selon deux nouvelles études. Une bonne partie de ces émissions invisibles sont dues à des fuites « naturelles » qui ne sont pas liées à l’extraction des combustibles fossiles par l’homme.

« L’industrie des carburants fossiles est responsable dans une proportion supérieure de 20 à 60 % aux prévisions des émissions humaines de méthane », explique Stefan Schwietzke, de l’Université du Colorado, qui est l’auteur principal de l’une des études, publiée la semaine dernière dans la revue Nature. « En revanche, elle n’est pas responsable de l’augmentation récente des émissions humaines, qui est plutôt due à l’agriculture. »

Le méthane (CH4) est 100 fois plus puissant que le principal gaz à effet de serre, le CO2, mais il subsiste 15 fois moins longtemps que le CO2. Il est responsable de 11 % de la contribution humaine au réchauffement de la planète. Une pause est survenue dans l’augmentation des émissions humaines de méthane de 1999 à 2006, pour des raisons encore difficiles à cerner, selon M. Schwietzke.

Le climatologue américain a calculé la source de méthane de l’atmosphère à partir des isotopes, soit les atomes de poids différent des mêmes éléments entrant dans la composition d’un gaz selon le nombre de neutrons qu’ils contiennent. L’isotope de carbone contenu dans les émissions agricoles est du 12C, alors que les émissions de carburants fossiles contiennent plutôt du 13C.

Le plateau dans les émissions de méthane de l’industrie des carburants fossiles est probablement dû à la réfection des gazoducs et à la récupération du méthane qui s’échappe des puits de pétrole et des mines de charbon, selon M. Schwietzke.

À la mi-septembre, une étude similaire portant sur un échantillon plus réduit avait plutôt conclu dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS) que les émissions de l’industrie des carburants fossiles avaient augmenté, du moins en Amérique du Nord, depuis le début du millénaire. Les opposants au pétrole et au gaz de schiste avaient souligné que cette nouvelle technologie était probablement responsable de l’augmentation.

À l’Association canadienne des producteurs de pétrole, la responsable des relations médias, Chelsie Klassen, affirme que les émissions de méthane liées aux puits de pétrole en Alberta ont diminué de 63 % entre 1996 et 2014 et que la réglementation sur le sujet de la Colombie-Britannique est la plus sévère au monde. La Colombie-Britannique a même interdit le torchage, soit la combustion du méthane à la sortie du puits de pétrole, imposant sa récupération, selon Mme Klassen.

Qu’elles soient en augmentation ou non, les émissions du secteur des carburants fossiles sont plus élevées que prévu, ce qui a un impact sur les stratégies d’atténuation des changements climatiques, selon M. Schwietzke. « Il faut savoir d’où on part pour savoir comment diminuer nos émissions. »

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