activité physique chez les jeunes

Les Canadiens champions de la sédentarité

Les jeunes Canadiens bougent-ils plus ou moins que ceux d’ailleurs dans le monde ? ParticipAction a prêté sa méthode d’évaluation des niveaux d’activité physique pour effectuer une étude comparative avec une trentaine d’autres pays. Quand on se compare, on ne se console pas toujours…

Des pommes et des oranges ?

Il est évident que des nuances s’imposent lorsqu’on compare un pays riche, comme le Canada, à un pays beaucoup plus pauvre, comme le Zimbabwe. « On est très conscients que si les enfants du Zimbabwe marchent pour aller à l’école, c’est parce qu’ils n’ont pas d’autre choix », précise Geneviève Leduc, coordonnatrice de recherche au Children’s Hospital of East Ontario. Elle croit néanmoins qu’on peut s’inspirer de ce qui se fait dans les pays où les enfants bougent le plus, « même si ceux-ci ont des conditions de vie différentes des nôtres ». Les enfants d’ici pourraient-ils marcher plus souvent pour aller à l’école ? Ou prendre leur vélo ?

Champion en structures

Comme plusieurs autres pays riches, le Canada dispose d’installations sportives de qualité, de parcs et de politiques en matière d’activité physique. Ceux qui ont cru qu’il suffisait de construire une piscine pour qu’elle soit fréquentée avaient « tout faux », note Mme Leduc. Les enfants canadiens arrivent en effet en queue de peloton en termes d’activité physique… « Ce qu’il faut changer, c’est la norme sociale. Comment ça se fait que, si on va au cours de natation à la piscine de notre quartier, on prend l’auto pour s’y rendre ? »

Jeunes sédentaires

« Bouger plus, s’asseoir moins », c’est l’essentiel du message de ParticipAction. Les jeunes Canadiens sont toutefois les champions… de la sédentarité. Ils se classent en effet en queue de peloton – en récoltant la note F – dans l’étude comparative. Trop d’écrans, trop peu de sport, trop de transport en voiture… Ça se reflète aussi sur la faible note reçue (D+) quant au « jeu actif », et ce, même s’ils sont nombreux (75 %) à participer à une activité physique ou à des sports organisés. « Laisser son enfant jouer dehors, le jeu libre à l’extérieur, serait tout à fait suffisant », souligne Mme Leduc, qui plaide pour plus de temps accordé au jeu non structuré.

Sommeil préoccupant

Un « B » en sommeil peut sembler acceptable. Cette bonne note cache toutefois des réalités préoccupantes : un tiers des enfants canadiens manquent de sommeil (31 %) ou ont parfois du mal à s’endormir (33 %) ; chez les ados, c’est presque la moitié (45 % et 46 %). La prolifération des appareils électroniques y est sans doute pour quelque chose. Le manque d’activité physique aussi. « Les enfants qui bougent beaucoup durant la journée vont trouver le sommeil beaucoup plus facilement, dit Mme Leduc. Et c’est une roue qui tourne :  un enfant qui a un bon sommeil aura beaucoup plus d’énergie le jour suivant pour bouger et faire des apprentissages. »

Des parents peu actifs

Les jeunes ne prennent pas tous leurs mauvais plis chez le voisin… « Les modèles des enfants, ce sont leurs parents et leurs pairs. Pour les jeunes enfants, les parents sont les premiers modèles. En tant qu’adultes, nous devons modeler le comportement qu’on souhaite voir chez nos enfants. Un exemple facile : si on va chercher une pinte de lait en auto au dépanneur qui est à quatre coins de rue, on montre à nos enfants que, pour faire le moindre déplacement, on doit être assis. » Alors, pour faire bouger nos petits, il faut leur donner l’exemple ! Or, seuls 20 % des adultes canadiens satisfont aux recommandations d’activité physique quotidienne.

Une société à changer

En Slovénie, pays champion de l’étude comparative, les enfants font presque 40 minutes d’activité physique à l’école par jour. « Par jour ! », s’exclame Mme Leduc, pour marquer l’écart avec ce qui se passe ici. « Ce qu’on souhaite, c’est améliorer le nombre de minutes d’activité physique et, quand on se compare, manifestement, ça ne va pas bien », dit-elle en pointant notamment vers le transport actif (maximum 25 % des jeunes Canadiens vont à l’école à pied ou à vélo) et des activités sédentaires (dont le temps passé devant un écran). « Il faut changer la norme sociale pour que ce ne soit pas normal d’être assis à l’école, à la maison et dans nos déplacements », conclut-elle.

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