Tout nu !

Un dictionnaire de la sexualité « bienveillant » pour les ados

Tout nu ! Le dictionnaire bienveillant de la sexualité
Par Myriam Daguzan Bernier, préface du Dr Réjean Thomas
Éditions Cardinal
12 ans et plus 
En librairie le 8 avril

Un nouveau dictionnaire de la sexualité est lancé aujourd’hui. D’amour à zone érogène en passant par Instagram, #metoo et « revenge porn », Tout nu !, publié chez Cardinal, est résolument bien de son temps, à la fois inclusif, rassembleur et surtout… ludique.

« Ayez du fun ! » lance Myriam Daguzan Bernier en guise d’introduction, donnant ainsi le ton à ce répertoire de 150 mots, illustrés par Cécile Gariépy, tous reliés de près (avortement, ITSS, masturbation) ou de loin (grossophobie, image corporelle, marketing genré) à la sexualité, mais aussi à la découverte, à l’acceptation de soi, et au plaisir. Voici cinq notions à retenir.

1-

En finir avec la première fois

Myriam Daguzan Bernier ne le cache pas. Ce sont ici des choses qu’elle aurait aimé avoir entendues à l’adolescence. La première : « Il n’y a pas d’âge pour une première fois, lance-t-elle en entrevue. Ce n’est pas grave si c’est tard. Si c’est tôt, tu n’as pas à te faire ‟slut shamer” (pour reprendre un terme du dictionnaire) pour ça ! Chacun vit son expérience ! » Surtout, la notion de « première fois » est une vue de l’esprit, rappelle-t-elle : « Parce que c’est nouveau avec chaque personne, et c’est toujours meilleur avec le temps […]. Il y a plein de premières fois ! » Enfin, cessons une fois pour toutes d’insister sur une « première fois » implicitement axée sur la pénétration (parce que la pénétration n’est qu’une manière, parmi tant d’autres, d’avoir du plaisir, faut-il le préciser), laquelle inflige une pression démesurée sur les jeunes filles (et leur virginité) et les garçons (et leur performance).

2-

Le consentement

Le mot, très clairement explicité dans l’ouvrage (mises en situation en prime), se doit d’être davantage « intégré » dans le vocabulaire des jeunes d’aujourd’hui, poursuit-elle. « Moi, j’aurais aimé ça savoir que j’avais le droit de dire non, d’arrêter si ça ne me tente plus. Honnêtement, adolescente, je n’avais jamais entendu ce mot. Et aujourd’hui, ça n’est pas assez intégré. » Qu’on se le dise : « oui maintenant », ça ne veut pas dire « oui plus tard » ou « oui demain ». Oui, avec un verre dans le nez, encore moins. On peut changer d’avis. Tout le temps.

3-

L’arc-en-ciel des orientations sexuelles

Même si le modèle dominant demeure (« encore aujourd’hui ») « l’hétérosexuel », rien n’est réellement ni noir ni blanc, mais plutôt fluide, et tout peut surtout varier dans le temps. « Il y a une grande diversité des identités et des expressions de genre. On peut être un homme et avoir envie d’exprimer son genre en femme, poursuit Myriam Daguzan Bernier. Et il peut y avoir une fluidité dans l’orientation sexuelle. On peut être hétéro et un jour être attiré par un homme, si on est un homme, ou être attirée par une femme, si on est une femme. » On peut aussi être attiré par tout le monde peu importe son sexe ou, au contraire, n’être attiré par personne, encore moins par la sexualité. « Et c’est normal aussi ! »

4-

Des corps diversifiés

Pour pouvoir vivre une sexualité saine, encore faut-il s’accepter. Et reconnaître que tous les corps sont différents, beaux dans leurs différences, et surtout désirables dans cette différence. « Personne n’est fait sur le même modèle », insiste l’autrice. Même si les réseaux sociaux nous bombardent d’images archi-normées de corps soi-disant parfaits, la vraie vie est loin de ces clichés. Les illustrations de Cécile Gariépy tout au long de l’ouvrage vont d’ailleurs précisément dans ce sens, présentant un joyeux mélange de corps de toutes les formes et de toutes les couleurs possibles (et impossibles).

5-

De l’importance d’en parler

Qu’on se le dise : parler de sexe n’a rien de gênant. « C’est normal », affirme Myriam Daguzan Bernier. Mieux : « c’est vital. » D’où l’idée de ce dictionnaire, pour susciter le dialogue, les discussions, pourquoi pas le débat, et surtout l’évolution des idées, de la connaissance de soi et des autres. Le docteur Réjean Thomas, qui signe la préface du livre, formule d’ailleurs ce souhait : que ce dictionnaire offre « aux jeunes la possibilité de se construire, sans préjugés, dans le respect et la dignité, et de contribuer activement au développement de leur société ».

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