Andrée-Lise Méthot en quelques choix

Un film

Darkest Hour, de Joe Wright

Un livre

The Age of Insight, d’Eric Kandel

Un personnage historique

Élisabeth Ire ou Winston Churchill

Un personnage contemporain

Angela Merkel, « parce qu’elle s’est tenue debout »

Une phrase

« Without data, you’re just another person with an opinion. » — W. Edwards Deming, statisticien, professeur et auteur. « Sans données, vous n’êtes qu’une personne de plus avec une opinion. »

UNE CAUSE

« Plusieurs causes m’ont fait descendre dans la rue, mais ce qui me ferait encore descendre dans la rue, c’est la question des changements climatiques. Ma phrase serait : “Soyons cohérents.” Elle s’adresserait à ceux qui font partie du défilé, mais aussi à ceux qui regardent le défilé. »

Personnalité de la semaine

Aider les femmes et la planète

Fondatrice de Cycle Capital, Andrée-Lise Méthot a décidé de relever le défi du Billion Dollar Fund, qui veut améliorer le financement des entreprises fondées ou dirigées par des femmes. Mme Méthot est notre personnalité de la semaine.

Comme une très faible part, soit seulement 2 %, du capital de risque en technologie est investi dans des entreprises fondées ou dirigées par des femmes, des investisseuses américaines ont décidé de lancer un mouvement appelé The Billion Dollar Fund.

Ce n’est pas un fonds d’investissement à proprement parler, mais plutôt un défi, ou encore un objectif, lancé au monde de la finance partout dans le monde pour que d’ici deux ans, toutes sortes de petits et grands acteurs du monde du capital de risque se soient engagés à investir dans des entreprises de femmes. Le but est d’additionner tous ces investissements afin que le total atteigne ou dépasse le milliard de dollars.

Au Québec, une femme bien présente au sein du monde du capital de risque a décidé non seulement de relever le défi avec son entreprise, mais aussi de devenir la meneuse du projet.

Elle s’appelle Andrée-Lise Méthot. Elle a fondé et dirige une boîte d’investissement, Cycle Capital, plus importante plateforme privée de capital de risque en technologies propres au Canada avec près d’un demi-milliard de dollars sous gestion répartis dans cinq fonds, quatre nord-américains et un chinois.

Et elle entend, dans les prochaines semaines, dans les prochains mois, aller cogner aux portes de tous ceux qui investissent, de la Caisse de dépôt aux banques en passant par toutes sortes de fonds, privés ou pas, pour leur demander de faire un effort afin d’encourager les entreprises fondées ou dirigées par des femmes.

Être qui elle voulait

Née à Baie-Comeau, Andrée-Lise Méthot a passé une enfance marquée par une « immense liberté » dans la campagne de la Côte-Nord. « J’ai eu des parents fabuleux », dit-elle. Un père qui travaillait dans la construction, une mère infirmière. Ils accordaient de l’importance au courage, aux valeurs humaines. « Je suis l’aînée d’une famille dont la maison était toujours pleine », raconte-t-elle. Quand Andrée-Lise a commencé à montrer de l’intérêt pour les sciences, on l’a encouragée.

« On m’a permis d’être celle que je voulais. »

— Andrée-Lise Méthot

Quand elle a quitté sa région pour Québec, ç’a d’abord été pour étudier le génie géologique à l’Université Laval. Puis elle a continué à l’Université de Montréal avec une maîtrise qui l’a plongée aussi en paléontologie. Celle qui aujourd’hui s’intéresse tant à l’avenir de la planète a commencé par essayer de comprendre ce qui s’y passait à ses débuts, les origines de la vie sur Terre, ce qui est arrivé il y a des milliards d’années pour que les cellules se mettent à fonctionner.

Après ces études, elle a amorcé une carrière d’ingénieure au privé, puis dans la fonction publique. C’est là, alors qu’elle travaillait pour le gouvernement, que l’investissement a fait son apparition dans sa vie. On lui a demandé de diriger le Fonds d’action québécois pour le développement durable, ce qu’elle a fait avant de lancer le Fonds d’investissement en développement durable (FIDD), qui est à l’origine de Cycle Capital.

Le but de sa société, qu’elle dirige avec son associé et grand ami Claude Vachet : investir dans des entreprises qui développent des technologies propres, comme les Fermes Lufa (agriculture urbaine sur les toits), Agrisoma (carburant végétal pour les avions), Polystyvert (technologie de recyclage du polystyrène) ou Inocucor (engrais biologique). Le tout en entraînant d’autres investisseurs dans de tels projets. « On a amené 1,2 milliard avec nous jusqu’à maintenant », dit-elle. Des partenaires qui s’appellent BMW ou ABB, géant helvético-suédois de l’automation…

Andrée-Lise Méthot n’a jamais étudié en finance. « Je suis une autodidacte », dit-elle. « Mais j’ai toujours été comme ça, celle qui apprend par soi-même. » Dans son monde, il y a toujours eu de la créativité, de la liberté. Et, bien sûr, la capacité de faire face au risque.

« J’ai beaucoup de résilience », confie la femme d’affaires. Et de discipline. « Je suis capable de m’organiser. » Mais selon elle, la clé de la prise de risque passe par la compréhension des enjeux, l’analyse des données, l’évaluation du risque en question. « On diminue le risque en travaillant avec des gens de talent. » Et c’est là que la question des femmes est si importante. Si on ne va pas les chercher, avec leurs idées, leurs compétences, leurs projets, on se prive de talent. La clé du succès de toute équipe, Andrée-Lise Méthot y croit fermement, c’est une force qui repose notamment sur sa diversité.

« Les femmes talentueuses, il faut qu’on leur donne une vraie chance. »

— Andrée-Lise Méthot

Amoureuse de la nature

Quand elle n’est pas dans un avion à la recherche de partenaires pour financer une entreprise avec une technologie prometteuse pour la planète, Andrée-Lise Méthot est dans la nature. Elle fait du ski, du patin, du vélo. « Je fais ce que je peux, parce que sinon, je ne vais pas bien. »

Sinon, elle va au musée, dans des galeries d’art ou au concert. Et surtout, elle est souvent avec sa grande famille moderne remplie d’enfants, les siens, ceux de son ex et ceux de son mari. « Ma famille est au centre de ma vie. »

Et quand elle fait de l’insomnie, elle dessine. « Ce n’est pas très beau, mais ça me fait du bien. J’aime beaucoup ça. »

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