Spas d’hôtel

Des soins ultra luxueux

Pour satisfaire une clientèle friande de spa, les hôtels de luxe du monde entier doivent désormais aller au-delà des somptueux décors et traitements haut de gamme traditionnels pour offrir une expérience hautement personnalisée, voire exclusive, qui s’inspire des plus récentes tendances en matière de bien-être.

Un dossier d’Iris Gagnon-Paradis

Luxe  Spas d’hôtel

L’art de se distinguer

Pour attirer et séduire une clientèle de plus en plus exigeante, les hôtels de luxe misent sur une approche globale, pour aller au-delà du simple soin à la pièce. En cette ère hyperactive, les spas des grands hôtels semblent avoir compris que le luxe ultime, c’est d’arriver à se déconnecter, pour mieux se réénergiser.

« Avant, les soins offerts dans les spas s’attardaient à une fonction très précise, par exemple, améliorer la qualité de la peau, se souvient Stéphanie Émond, fondatrice du spa Balnéa et du collectif créatif de design Kabãl. Aujourd’hui, les clients de ces spas, souvent des chefs d’entreprise, des leaders, recherchent une approche plus holistique, axée sur le ressourcement qui leur permettra d’être plus performants. »

Une approche élargie qui va au-delà des massages et bains vapeur, pour englober l’alimentation, la forme physique, la beauté, la qualité du sommeil, donc.

Chambre avec spa

C’est exactement ce que propose le Four Seasons Beverly Hills, à Los Angeles, avec ses nouvelles « wellness rooms », un projet-pilote lancé l’automne dernier et mettant de l’avant un tout nouveau concept de huit chambres d’hôtel (bientôt 16), situées au même étage que le spa.

Ces chambres ont été pensées pour le voyageur soucieux de sa santé globale. Parmi les commodités : un éclairage « circadien » (pour atténuer les effets du décalage horaire), un système de purification d’air, des produits de beauté « verts », un tapis de yoga, une vidéo de méditation guidée et un menu santé exclusif.

L’idée est de créer un espace où les gens pourront, s’ils le désirent, se déconnecter de leur quotidien pour mieux se ressourcer, résume Michael Newcombe, directeur général, aussi à la tête du « Global Spa Task Force » pour les hôtels Four Seasons : « Il y a plusieurs années, quand les gens se sont mis à voyager avec leur portable, l’industrie hôtelière recevait plusieurs plaintes à propos de la qualité de la connexion. Ironiquement, ce que ces chambres font, c’est donner l’occasion à nos invités, pour une nuit, de se déconnecter et de se reposer de leur voyage, afin d’être plus productifs pour leur journée de travail. »

« L’économie globale du bien-être atteint 3,7 milliards de dollars, ajoute M. Newcombe. Il y a donc tout un mouvement de gens qui se tournent vers la prévention et changent leur mode de vie. »

La nécessité « émotionnelle » de la déconnexion semble donc faire son chemin parmi les hauts dirigeants de ce monde, qui sont de plus en plus ouverts à explorer des avenues comme la méditation pleine conscience ou le yoga pour, en fin de compte, augmenter leur productivité.

S’adapter au marché

Le spa du Four Seasons de Berverly Hills, où nous avons séjourné à l’automne, est un vrai havre de paix, un cocon douillet où aucun détail n’est laissé au hasard.

Côté traitement, c’est l’embarras du choix : on nous offre le soin du visage « DNA », donné par un des chirurgiens plastiques les plus en vue de Beverly Hills avec un appareil à la fine pointe de la technologie, ou encore, dans un tout autre registre, le traitement « BioMeditation Energy », qui peut se comparer à du reiki, « mais en plus puissant », nous dit-on.

Nos muscles fatigués nous poussent à choisir le « Serenity Massage », un traitement enveloppant qui nous laisse complètement détendue, utilisant les vertus des huiles essentielles et de l’aromathérapie pour créer un environnement propice à la relaxation et à « reconnecter avec soi-même ».

Cette variété de choix reflète une mutation qui se produit présentement dans l’industrie hôtelière du luxe, afin de répondre aux besoins d’une clientèle qui recherche des traitements uniques et des environnements à la fois très haut de gamme et qui suivent les toutes dernières tendances de l’industrie du bien-être… pour aspirer au mieux-être.

Comme le bassin des gens riches rajeunit, le marché des spas d’hôtel n’a donc pas le choix de changer, constate Stéphanie Émond, qui vient d’hériter d’un prestigieux contrat : la conception et la réalisation du spa du Four Seasons qui s’installera à Montréal, à la fin de 2018.

« En général, les spas d’hôtel des grandes bannières sont un peu plus traditionnels, car ils desservent une clientèle plus âgée. Mais comme la “richesse” rajeunit, le marché n’a pas le choix de s’adapter, de renouveler son offre et d’être plus audacieux. »

Pour se démarquer, les spas se doivent d’aller au-delà du massage suédois pour satisfaire une clientèle à la page, très exigeante, qui a un intérêt marqué pour les produits naturels et botaniques, par exemple, mais qui recherche aussi des résultats probants et des traitements ciblés, par exemple avec des soins contre le décalage horaire ou des soins médico-esthétiques personnalisés.

Ouverture sur le monde

Aromathérapie, médecine chinoise, techniques ayurvédiques, reikis, massage des « chakras » avec des cristaux… Un tour de piste des soins offerts dans les plus luxueux spas d’hôtel ne laisse pas de doute : le monde entier est désormais une vaste source d’inspiration.

« Beaucoup de cultures ont un savoir-faire extraordinaire », rappelle Mme Émond, qui constate qu’un certain purisme semble laisser place à une ouverture sur le monde. Les spas d’hôtel ont de leur côté la tâche de s’inspirer de tous ces courants, et de les intégrer à leur offre « de façon fine et avec une philosophie qui a du sens ».

Le spa de l’Elma Hotel, à la fois hôtel de luxe et complexe d’art, situé à 45 minutes de Tel-Aviv sur la côte israélienne, représente bien cette mouvance, lui dont les traitements se donnent sous le signe de « l’art, du corps et de l’âme ».

Les traitements intègrent des instruments de musique thérapeutique, comme les bols tibétains ou la harpe, ou encore un massage avec des pierres Shiva Lingam, associées à la religion hindoue, explique le directeur général Guy Nadler. Et la clientèle est de plus en plus ouverte à ces expériences.

« Quand un client visite un spa, il ne risque pas d’être impressionné par un massage suédois, car c’est partout pareil ! dit M. Nadler. Ce qu’on peut faire, c’est de lui proposer une expérience globale qui fera en sorte qu’il va préférer notre spa à n’importe quel autre ! »

Spas d’hôtel

Trois expériences à Montréal

Nous avons testé trois spas d’hôtel montréalais haut de gamme ouverts récemment, qui ont chacun fait le pari de se distinguer, à leur façon, afin de combler d’exigeants clients.

Spa St.James

Le spa St.James accueille la clientèle sélecte du Ritz-Carlton Montréal depuis 2016. De l’accueil où se trouve une chute d’eau au salon de détente feutré avec son foyer en passant par les élégantes salles de soin et les traitements offerts, absolument tout est à la hauteur de la réputation du luxueux hôtel dans ce spa qui a gagné le prix du meilleur nouvel établissement lors des Canadian Spa & Wellness Awards l’année de son ouverture.

L’endroit offre plusieurs traitements luxueux avec des soins raffinés (Cellcosmet, Laboratoires Luzern, Nelly De Vuyst). La plus récente nouveauté, consacrée « à la peau et à l’âme » et exclusive au Québec, nous a enchantée. Le majestueux massage aux feuilles de bananier, en collaboration avec l’entreprise québécoise de beauté naturelle Luxcey (offert à deux ou à quatre mains), s’inspire de rituels et techniques de massage d’Afrique centrale. C’est un soin exquis qui transporte les sens dans un univers botanique luxuriant.

Les feuilles de bananier, délicatement chauffées puis appliquées sur la peau en soin thérapeutique, sont reconnues pour leurs propriétés antioxydantes et utilisées pour réduire les tensions musculaires, en plus de rendre la peau extrêmement douce. Donné avec les produits Luxcey – dont l’incroyable huile lissante Zoé et son odeur enveloppante, qui sert pour le massage réalisé avec les jointures des mains –, ce soin offre une relaxation profonde et un environnement sensoriel sublime.

Pas étonnant que Luxcey et sa fondatrice, Rose Gwet, aient des clients jusque dans les îles privées des Bahamas et des Caraïbes, où les soins sont offerts à une clientèle très sélecte. « Les gens recherchent vraiment du naturel, du botanique, des ingrédients bruts », constate-t-elle.

Prix : à partir de 425 $ pour 90 minutes

Spa William Gray

En planifiant la conception du spa de l’hôtel-boutique du William Gray, ouvert l’automne dernier dans le Vieux-Montréal, Roxanne Hamel savait qu’elle ne voulait pas créer un spa comme les autres, en proposant un environnement où l’épuré côtoie le luxe.

La directrice du spa s’est donc appliquée à aller chercher non seulement les équipements les plus raffinés de l’industrie (dont les lits de massage et chaises de pédicure de la marque allemande Gharieni, que le William Gray est le seul à offrir au Canada), mais aussi à proposer une expérience unique en son genre pour ce spa qui a reçu le prix du meilleur nouveau spa aux Canadian Spa & Wellness Awards en 2017.

On y trouve notamment un circuit thermal élaboré avec une pièce vouée à l’halothérapie (thérapie par le sel), un sauna infusé d’herbes de saison et des douches avant-gardistes avec lumières infrarouges. Côté traitement, l’endroit propose un système de thérapie sonore Spa Wave – idéal pour se remettre du décalage horaire – et un intrigant lit de massage au quartz chaud, sur lequel nous avons essayé un très apaisant massage suédois. Le sable de quartz épouse doucement les formes du corps et favoriserait la circulation sanguine en plus de réduire les tensions musculaires. Un moment de somptueuse relaxation.

Depuis notre passage, le spa a ajouté un traitement exclusif à son offre, qui remporte un vif succès, élaboré pour libérer les énergies négatives et calmer à la fois le corps et l’esprit. Au menu : massage du corps sur le lit de quartz, utilisation de baluchons remplis de quartz chaud, un massage des pieds à l’aide d’une baguette de Kansa (un outil ayurvédique), un massage facial et du cuir chevelu, et un masque rajeunissant. De quoi réconcilier le corps et l’esprit.

Prix : 325 $ pour le traitement signature (100 minutes)

Moment Spa

Après des mois de rénovation, l’hôtel Fairmont Le Reine Elizabeth a rouvert ses portes l’été dernier. Avec lui, son tout nouveau spa, le Moment Spa, une division d’Amerispa, entreprise présente dans tous les hôtels de la chaîne au Québec.

L’espace raffiné et calme du Moment Spa du Reine Elizabeth offre un cadre intéressant à la clientèle, que ce soit pour recevoir un agréable soin des mains ou des pieds, ou pour un soin en cabine ou en massothérapie. L’endroit propose notamment, pour s’adapter à la clientèle d’affaires, des soins express de 25 minutes comme le soin du visage coup d’éclat, le massage décalage horaire ou antimigraine.

Nous avons pu tester le Massage Moment Spa, soin « signature » de 80 minutes, dont les manœuvres lentes et enveloppantes avec de l’huile de massage au bambou, nénuphar et hibiscus, remettront sur pied autant les voyageurs fatigués que ceux qui veulent se délier les muscles. Ce que nous avons préféré du massage : notre thérapeute, fort talentueux, qui a su merveilleusement nous détendre, tout en douceur.

Seul bémol : pour accéder aux vestiaires – par ailleurs fort élégants, où sont offerts des échantillons de la chic marque new-yorkaise de beauté naturelle Le Labo –, il faut passer par le gym. On aurait aimé davantage d’intimité, enveloppée dans notre peignoir !

Prix : 223 $ pour 80 minutes

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