C’est le résultat qui compte

Le Tricolore arrache une victoire aux Rangers. Mais il a bien failli tout gâcher.

Analyse

Le but le plus important de la saison ?

Ce n’est jamais simple avec le Canadien.

Malgré la meilleure première période de la saison, avec une avance de 3-0 à la clé. Malgré le but de Max Pacioretty qui a fait 4-2 et qui a renversé la tendance d’un match qui basculait lentement en faveur des Rangers. Malgré 43 tirs.

Malgré, malgré, malgré...

Malgré tout cela, il a fallu que Phillip Danault joue les héros en milieu de troisième période pour donner la victoire 5-4 au Canadien.

« Quand j’ai marqué, je me suis dit : on va gagner ce match-là, a dit Danault, le sourire fendu jusqu’aux oreilles. C’était un bon jeu d’Andrew Shaw à Brandon Davidson et j’étais là pour le rebond. Un excellent jeu de toute l’équipe. »

Danault admet du même souffle que c’est l’un des buts les plus importants qu’il a inscrits à Montréal.

Ça l’est pour deux raisons. D’abord, le contexte. On a souvent eu l’impression que le Canadien s’écroulait cette saison après avoir perdu une avance. Quand les Rangers ont fait 4-4 en troisième période, on pouvait redouter le pire.

Après tout, le Canadien menait 3-0 à la fin de la première période, et 4-2 à la fin de la deuxième.

Pourtant...

« À 4-4, on s’est dit que la prochaine présence était la plus importante, a philosophé Brendan Gallagher. C’est du hockey. Ça n’ira pas toujours comme tu veux. En fait, peu importe le pointage, tu dois toujours jouer comme si c’était 0-0. »

Le but de Danault était crucial aussi parce que c’était la conclusion logique d’un match où son trio avec Max Pacioretty et Andrew Shaw a été de toutes les occasions.

Shaw en vedette

On remarquera surtout les quatre points de Danault sur la feuille de pointage. Mais sur le but gagnant du Québécois, c’est Shaw qui s’est battu pour remettre la rondelle à Davidson.

Sur le but de Pacioretty qui faisait 4-2, c’est aussi Shaw qui s’est distingué, d’abord en récupérant la rondelle dans le coin, puis en créant le chaos devant le filet pour déstabiliser Ondrej Pavelec.

« Shaw joue comme on l’a vu faire à Chicago, a dit l’entraîneur Claude Julien après la rencontre. Il travaille fort, il n’a pas peur de se salir. Pacioretty est un tireur et Danault fait tout sur la glace. Il gagne les mises en jeu [Danault a terminé le match avec 12 mises en jeu gagnées sur 15], il est rapide. Il a marqué en se rendant dans les endroits difficiles. »

« Parfois, la chimie prend d’elle-même sur certains trios. Ils ont du plaisir et ils aiment jouer ensemble. »

— Claude Julien au sujet de Phillip Danault, Max Pacioretty et Andrew Shaw

Pacioretty aussi a tenu à souligner le brio de ses partenaires. Plus que les habiletés sur la glace, c’est le leadership du groupe qu’il a voulu mettre en relief, surtout quand les Rangers ont porté la marque à 4-4.

« On s’est retrouvés dans cette situation assez souvent, ça ne donne rien de s’apitoyer sur son sort. Ça aurait été intéressant que vous entendiez ce que Shaw et moi on se disait sur la glace avant le but gagnant. Tout le monde avait la bonne mentalité. »

Bref, le Canadien quitte le Centre Bell le sourire aux lèvres. L’équipe a fait preuve de caractère et a battu à coups de pioche et de pelle une équipe qui connaît une saison décevante. De là à sortir le champagne, il y a un pas que Julien refuse de franchir.

« On est passés au travers de plusieurs épreuves. On a gagné et c’est positif. Mais je ne vais pas vous dire que tout est parfait et qu’on n’a pas de problèmes. »

La suite demain face aux Sénateurs d’Ottawa.

La fin pour Reway

Le retour au jeu aura été plus difficile que prévu pour Martin Reway. Le petit attaquant a été placé au ballottage par le Canadien dans le but de le libérer de son contrat. Reway avait fait savoir vendredi qu’il quittait le Rocket de Laval dans le but de réfléchir à son avenir. Il semblait de plus en plus évident qu’il avait de la difficulté à s’ajuster aux rigueurs de la Ligue américaine. « Martin est en train de réfléchir à son avenir, a expliqué le directeur général du Rocket Larry Carrière à Raphaël Doucet du 91,9 Sports, avant le match d’hier. C’est encore un jeune joueur de hockey. Il veut penser à la suite de sa carrière, mais aussi de sa vie. » Le Slovaque de 22 ans a tenté un retour cette année après avoir raté une saison complète en raison d’un problème cardiaque provoqué par un virus. Reway a inscrit 2 aides en 5 matchs avec le Rocket cette saison.

— Jean-François Tremblay, La Presse

Rangers-Canadien

« Tout le monde a bien joué »

« Tous ceux qui ont suivi notre équipe savent que les buts ne venaient pas. Ce n’est pas parce qu’on manque d’occasions ou qu’on manque de marqueurs. Nos marqueurs ont inscrit des buts importants au bon moment. Tout le monde a bien joué ce soir. »

— Brendan Gallagher

« On ne gagne plus avec seulement un ou deux buts. Nous savons que nous pouvons marquer, et ça nous donne confiance en nous. Les Rangers jouaient du hockey désespéré. Ce n’est pas pour rien qu’une avance de 3-0 est l’une des pires au hockey. »

— Paul Byron

« Le Canadien a été dominant, il a travaillé plus fort que nous, il a bien exécuté les situations à un contre un. De notre côté, on n’avait pas une paire de défenseurs capable de faire une passe. On s’est totalement fait dominer. »

— Alain Vigneault, à propos de la première période des Rangers

« J’ai trouvé qu’il n’avait pas un aussi bon match, ce soir. Beaucoup de choses se passaient autour de lui. C’est pourquoi il a eu moins de temps de glace. Ça va arriver par moments. »

— Claude Julien, à propos de Victor Mete, qui n’a joué que 11 minutes

« Alzner a été dans un système pendant tellement longtemps. On a dit qu’il fallait lui donner du temps pour faire l’ajustement. Chacun a sa personnalité, son caractère. Certains s’ajustent rapidement, d’autres ont des habitudes tellement établies que ça leur prend plus de temps. Mais il s’améliore et il commence à se sentir mieux. »

— Claude Julien, à propos de Karl Alzner

Propos recueillis par Jean-François Tremblay et Guillaume Lefrançois, La Presse

Galchenyuk, le moins utilisé

Alex Galchenyuk a été le joueur le moins utilisé du Canadien à forces égales hier (7 min 11 s). Le talentueux attaquant n’est pas irréprochable cette saison, mais dans une équipe qui n’a rien cassé offensivement, ses habiletés seraient certainement utiles. Elles le sont assurément en avantage numérique, puisqu’il totalise la moitié des buts du CH dans cette situation cette saison (3 sur 6). Hier, il a semblé retrouver sa complicité d’antan avec Brendan Gallagher lors de leurs rares présences ensemble. Toutefois, Galchenyuk a passé le gros de sa soirée aux côtés de Michael McCarron et de Torrey Mitchell, des joueurs qui font leur possible. « Il marque en avantage numérique, donc c’est de lui donner la chance de continuer à travailler fort pour qu’il soit aussi efficace à cinq contre cinq, a expliqué Claude Julien. Ce soir, je lui ai donné des présences avec Plekanec parce qu’il travaillait fort, il avait du jump. Je vais toujours essayer de l’encourager de cette façon. Mais la responsabilité appartient aux deux. Lui fait sa part, je vais faire ma part, et on va s’en sortir ensemble. »

Embêter Price

S’il y a un cliché qu’on entend souvent dans les entrevues d’avant-match, ce sont les attaquants qui disent que tel gardien va arrêter tous les tirs qu’il voit. Les Rangers sont passés des paroles aux actes ! Dans les deux dernières périodes, ils créaient constamment de la circulation devant Price, qui a semblé passer tout son temps accroupi pour repérer les rondelles. C’est d’ailleurs ce qui a permis à Pavel Buchnevich d’inscrire les New-Yorkais au pointage en période médiane. On parle beaucoup des ennuis de Price, et il est vrai qu’il aurait pu s’aider davantage sur les buts de Mika Zibanejad et de Rick Nash. Mais on peut se demander si la brigade défensive aurait pu gagner davantage la bataille du positionnement pour l’aider dans son travail.

New York, on a un problème

Pour une rare fois, Henrik Lundqvist a sauté son tour deux fois de suite. Ordinaire depuis le début de la saison, le « King Henrik » a laissé son trône à Ondrej Pavelec, qui a connu une soirée de misère, multipliant les retours de tirs. Les collègues l’ont même surnommé le trampoline, en référence aux propos de Charles Hudon cette semaine. Les Rangers se retrouvent dans le pétrin, avec une fiche de 3-7-2 dans une division Métropolitaine qui s’annonce ultra-compétitive. Les New-Yorkais comptent sur de bons ailiers et ont une brigade défensive adéquate, mais la situation devant le filet devrait les inquiéter. Lundqvist a connu une saison ordinaire l’an dernier, avant que le Canadien ne le fasse passer pour Martin Brodeur en séries. Et Pavelec derrière lui n’est pas exactement une police d’assurance.

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