MÉDIAS

Des nouveaux proprios et une expansion hors Québec pour Voir

L’industrie québécoise des médias vient d’accueillir un nouveau membre : Alexandre Taillefer, qui a racheté hier une participation de 49 % dans Communications Voir par l’entremise de sa firme d’investissement XPND Capital. Et ce n’est pas tout : le nouveau propriétaire a comme plan d’acheter d’autres médias au Canada et aux États-Unis pour y implanter le plan d’affaires de Voir.

Alexandre Taillefer n’a pas effectué cette transaction de plusieurs millions de dollars pour mettre la main sur l’hebdomadaire culturel fondé en 1986. C’est plutôt la Boutique Voir, une stratégie de commercialisation lancée en 2012 pour compenser les pertes de revenus de l’hebdo imprimé, qui l’intéresse.

« Ils ont réussi à développer quelque chose que très peu de médias ont réussi : une solution exceptionnelle de monétisation de leur auditoire », dit Alexandre Taillefer, associé principal chez XPND Capital et l’un des entrepreneurs à l’émission Dans l’œil du dragon, à Radio-Canada.

Comment fonctionne la Boutique Voir ? Les gens peuvent acheter des cartes-cadeaux échangeables dans 500 commerces à Montréal et Québec. La Boutique Voir compte actuellement 40 000 membres au Québec. 

« Les annonceurs nous paient en cartes-cadeaux qu’on vend à nos lecteurs, dit Alexandre Taillefer. C’est une relation à trois parties. On devient l’entremetteur entre des annonceurs et les lecteurs/acheteurs qui viennent sur notre site web parce qu’on a du contenu de qualité et qu’on a établi une relation de confiance avec eux.

« Nous voyons l’opportunité d’utiliser la poudre de perlimpinpin que les gens de Voir ont développée pour l’implanter dans d’autres médias. On est en train de faire breveter ça et on pense que ça a un bel avenir. »

— Alexandre Taillefer

En plus de XPND Capital qui détient 49 %, le reste des actions (51 %) sera détenu par deux dirigeants actuels de l’entreprise : le président Michel Fortin et le vice-président Hugues Mailhot, qui étaient déjà actionnaires de l’entreprise. XPND Capital a essentiellement racheté les parts de Pierre Paquet, qui a fondé Voir en 1986.

PLANS D'EXPANSION

Alexandre Taillefer a beau faire son entrée dans le milieu des médias, il a déjà des plans d’expansion. Communications Voir souhaite acheter d’autres médias à l’extérieur du Québec pour appliquer le concept de la Boutique Voir, dont l’entreprise est propriétaire. « Notre plan est de regarder les opportunités, dit M. Taillefer. À Montréal et Québec où nous sommes bien implantés ? Pas sûr. On pourrait regarder des entreprises similaires dans des marchés comme Toronto, New York ou ailleurs. »

Malgré ce plan d’expansion, la version imprimée de l’hebdo culturel est là pour rester, selon Alexandre Taillefer. « Je suis un défenseur de la version imprimée. Il y a toujours un marché pour ça, ce n’est pas tout le monde qui se promène avec un iPad. On voit [la version imprimée] comme une dépense de marketing et de commercialisation. À partir du moment où on voit ça comme une dépense pour maintenir la notoriété de Voir, ça change la perspective. »

« Nous ne dérogeons pas de notre mission d’informer. Au lieu de nous financer par la publicité, nous nous finançons par la boutique. »

— Hugues Mailhot, vice président de Comunication Voir

Le montant exact de la transaction n’a pas été dévoilé, mais il se situe dans la fourchette habituelle des investissements de XPND Capital : entre un et cinq millions de dollars. Outre l’hebdomadaire culturel du même nom qui tire à 70 000 exemplaires à Montréal et 30 000 à Québec, Communications Voir possède Boutique Voir, le Guide Restos Voir, Recettes de chefs, une entreprise de production de sites web et une société de distribution. Avec l’émergence de la Boutique Voir, les finances de l’hebdo ne pèsent plus aussi lourd dans l’entreprise, qui est rentable.

« Les gens parlent de l’hebdo Voir parce qu’ils le connaissent bien, mais l’hebdo est la pointe de l’iceberg. La Boutique Voir est maintenant notre moteur, le cœur de nos opérations », souligne Hugues Mailhot.

Après avoir fondé Voir en 1986 à l’âge de 27 ans et dirigé l’entreprise durant presque trois décennies, Pierre Paquet a choisi de vendre à son ami de longue date Alexandre Taillefer. « On a connu la crise des médias imprimés. Il y en a qui disent que Voir est en déclin. L’industrie complète est en déclin », dit Pierre Paquet.

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