100 idées pour améliorer le Québec Nécessaire immigration 

Immigrants qualifiés cherchent emploi au Québec

Ils sont diplômés, ils arrivent par dizaines de milliers chaque année au Québec – surtout à Montréal –, ils sont prêts à travailler, et pourtant, ils étaient plus de 60 000 à chercher, sans succès, un emploi en 2017.

Pendant ce temps, il y avait plus de 80 000 postes vacants dans les entreprises, qui pointent presque toutes les pénuries de main-d’œuvre comme étant le principal frein à leur croissance. Comment expliquer cet écart ?

Main-d’œuvre : un besoin bien réel

Selon les analyses d’Emploi-Québec, de 2015 à 2024, 1,13 million de postes seront à pourvoir à cause des départs à la retraite (donc du remplacement), alors qu’environ 240 000 nouveaux emplois seront créés. La plus forte croissance de l’emploi sera pour des postes qui requerront une formation universitaire ou une technique collégiale.

Pour répondre à ces besoins, l’offre de main-d’œuvre viendra des jeunes qui terminent (ou abandonnent) leurs études, de la future population immigrante, de la hausse du taux d’activité, des personnes en chômage et des personnes de 65 ans et plus.

Selon le ministère des Finances du Québec, un nouvel emploi sur deux a été occupé par un immigrant depuis dix ans. 

Sans la contribution des immigrants, la croissance de l’économie aurait certainement été moins vigoureuse.

Qui sont les immigrants montréalais ?

Une comparaison avec la situation des immigrants dans les grandes métropoles nord-américaines permet de comparer le niveau de scolarisation et d’intégration des immigrants montréalais. Il en ressort que le taux d’obtention d’un diplôme universitaire des immigrants montréalais (33 %) est plus élevé que celui des natifs (24 %), alors que c’est plutôt l’inverse dans plusieurs villes américaines.

Malgré tout, c’est à Montréal que les immigrants sont les moins bien intégrés au marché du travail, tous niveaux de scolarité confondus.

Ce retard est même plus marqué pour les immigrants possédant un diplôme universitaire non canadien.

Deux causes découlent de ces constats : le manque de reconnaissance des compétences, des diplômes et de l’expérience de travail étrangers, phénomène plus marqué à Montréal.

Finalement, il y a des résistances institutionnelles et culturelles qui s’expliquent, peut-être en partie, par le fait que le taux de chômage a historiquement été plus élevé à Montréal. Avec le resserrement du marché du travail que l’on vit en ce moment, il pourrait y avoir un revirement de situation important.

Quelques recommandations

La première étape est d’aller au-delà des préjugés et de cesser de remettre en question la pertinence d’accueillir suffisamment d’immigrants. Les besoins sont réels, il faut l’accepter. Refuser cette réalité ne fait que freiner la croissance et le potentiel du Québec et priver des natifs d’emplois.

Voici quelques pistes d’action à privilégier pour amorcer le virage : 

 – Mieux soutenir les employeurs relativement à l’embauche des immigrants en privilégiant l’accueil d’immigrants ayant obtenu une entente préalable avec un employeur établi au Québec et en favorisant la rétention des travailleurs qui ont un permis de travail temporaire ;

 – Forcer un changement de paradigme chez les ordres professionnels : pour contourner les résistances institutionnelles, les obliger à offrir aux immigrants, en collaboration avec les établissements d’enseignement, des formations d’appoint de courte durée dans un délai de moins d’un an après réception de la demande. Élargir la portée de l’entente France-Québec de sorte qu’il y aurait une reconnaissance des compétences de facto entre les provinces canadiennes ;

 – Miser sur l’attraction et la rétention des étudiants internationaux : ils possèdent un diplôme décerné par des établissements d’enseignement postsecondaire québécois, ils se sont familiarisés avec la vie au Québec et ils ont déjà amorcé leur intégration.

Les étudiants internationaux sont une source d’immigration à privilégier, c’est pourquoi il faudrait faire passer de 4000 à 10 000 le nombre d’étudiants étrangers qui restent au Québec chaque année. 

Pour y arriver, il faut d’abord définir une stratégie québécoise d’attraction et de rétention d’étudiants internationaux et faciliter la première expérience de travail grâce à l’offre massive de parcours d’intégration en milieu de travail ;

 – Mieux reconnaître les diplômes et les compétences étrangères : mettre en place une coordination gouvernementale centralisée des demandes de reconnaissance professionnelle.

Pour accroître la transparence et uniformiser le processus, afficher les données publiquement concernant le nombre de demandes de reconnaissance reçues, la teneur des mesures compensatoires imposées, le nombre de demandeurs ayant franchi toutes les étapes du processus de reconnaissance et le bilan des délais respectés et le nombre de demandeurs éventuellement accrédités.

Adopter un régime analogue à celui de l’Australie où l’évaluation des qualifications est effectuée avant l’étape finale de l’immigration.

Les besoins de main-d’œuvre devraient pousser les employeurs à embaucher plus d’immigrants, mais il faudra ajuster nos façons de faire pour s’assurer que cette transition soit harmonieuse et qu’elle n’arrive pas trop tard.

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