Depuis 15 ans, de plus en plus d’enfants sont amenés à l’école en voiture et de moins en moins y vont à pied, explique Mme Rothman. « Nous voulons encourager les déplacements à pied, qui diminuent la congestion automobile, sont meilleurs pour la santé des enfants et pour la communauté, dit-elle. De manière générale, la situation est mauvaise pour la sécurité des enfants autour des écoles de Toronto. Beaucoup de comités travaillent pour améliorer la situation. Essentiellement, réduire la vitesse des automobilistes – que ce soit avec des dos d’âne ou d’autres moyens – est vraiment la clé pour augmenter la sécurité et réduire les collisions près des écoles. » M. Rothman et son équipe veulent maintenant mener des études semblables à Montréal, Laval, Calgary et Vancouver.

Les chercheurs ont ciblé trois types de comportements d’automobilistes qui font grimper les taux de collisions près des écoles. « Le plus fréquent, c’est quand le parent dépose son enfant du côté opposé à l’école, et que celui-ci doit traverser la rue, souvent loin d’une intersection. Le deuxième comportement dangereux le plus courant survient quand un automobiliste se stationne en double file et obstrue la vision des autres conducteurs. Le troisième comportement est quand un conducteur fait un virage en U près de l’école. La présence d’un seul de ces comportements suffit pour faire grimper le taux de collisions de 45 % près d’une école. »

Dans une récente étude, Linda Rothman, chercheuse au postdoctorat à l’École des sciences de la santé de l’Université York à Toronto, et ses collègues ont examiné les comportements des conducteurs près de 118 écoles de Toronto. Sur une période de 12 ans, plus de 400 collisions entre une voiture et un enfant sont survenues à moins de 200 mètres d’une école de la ville. « En analysant les données, nous avons découvert que les écoles qui avaient des aménagements sécuritaires pour les enfants qui arrivent à pied présentaient un bien meilleur bilan que les autres, explique Mme Rothman, qui donnera une conférence sur le sujet aujourd’hui à l’Institut national de la recherche scientifique à Montréal. C’est encourageant, car nous savons ce qui fonctionne. »

Les écoles les plus sécuritaires pour les enfants qui arrivent à pied sont celles qui sont situées dans les quartiers à plus forte densité de population, dit-elle. « Aussi, les dos d’âne installés près des écoles s’avèrent très efficaces : ils sont associés à une baisse de 45 % du taux de collisions entre une automobile et un enfant, et de 22 % pour les piétons en général. Les rues à sens unique, elles, ne semblent pas réussir à réduire les collisions, peut-être parce que les enfants les comprennent mal, ou que les automobilistes ont tendance à réduire leur vigilance. Et plus il y a de congestion automobile près d’une école, plus les collisions avec les enfants sont fréquentes. » Les écoles qui aménagent une aire de débarcadère où les automobilistes peuvent laisser leurs enfants entre les mains d’un employé de l’école sans faire entrave au passage des piétons sont aussi associées à des niveaux plus bas de collisions entre un véhicule et un enfant.

Les visiteurs qui arrivent à Montréal disent souvent être surpris par l’agressivité des automobilistes qui roulent sur les routes québécoises. Mme Rothman, qui est née à Montréal et y est revenue souvent au fil des ans, le remarque à chaque visite. « Les automobilistes sont plus agressifs ici, oui, c’est indéniable. On dit souvent que les automobilistes de Toronto ne sont pas courtois, et c’est vrai. Mais ici, on est dans une autre catégorie de comportement. On sent nettement une autre culture de la route. »