Le drôle de retour de Simon Després

Le défenseur québécois a obtenu un essai professionnel avec le Rocket de Laval

D’un côté, une équipe qui a cruellement besoin d’attaque, en particulier à la ligne bleue. De l’autre, un joueur qui a un bon tir pour alimenter ladite attaque, et qui souhaite se remettre en forme en vue de la Coupe Spengler…

Il y a là une certaine communauté d’intérêts, et au risque de froisser ceux qui estiment que la Ligue américaine est une ligue de développement des jeunes, le Rocket de Laval a fait signe à Simon Després.

Le défenseur de 27 ans a signé un contrat d’essai professionnel avec le Rocket dimanche, et il a participé hier à son premier entraînement avec l’équipe.

L’embauche de Després est particulière pour bien des raisons. D’abord, parce que Després a reçu – et refusé – une offre de contrat de la Ligue américaine après avoir participé au dernier camp d’entraînement du Canadien. Ainsi, plutôt que d’avoir un bon revenu assuré pour la saison, il n’a de garanti que cet essai, qui peut durer un maximum de 25 matchs.

Ensuite, parce que Després n’a pas joué au hockey depuis qu’il a été retranché. « J’ai pris du temps pour moi, je me suis entraîné, j’ai patiné un peu. C’est un peu ça », a-t-il répondu quand on lui a demandé ce qu’il avait fait depuis le camp. Il affirme avoir refusé quelques offres pour jouer en Europe. Selon la collègue Chantal Machabée, il a aussi passé du temps à Londres. Et il y a quelques semaines, il a été aperçu à un match du Rocket, lui qui habite Laval, tout près de la Place Bell.

Enfin, cette embauche fait sursauter parce que Després ne cache pas qu’il y a, parmi ses intentions, l’objectif de participer à la Coupe Spengler, un tournoi annuel qui se tient pendant les Fêtes et mettant en vedette des équipes professionnelles européennes et une Équipe Canada formée de joueurs qui ne sont pas dans la LNH. Or, il appert que Sean Burke porte deux chapeaux à la fois : celui de directeur général d’Équipe Canada pour ce tournoi et celui de recruteur professionnel pour le Tricolore.

« Ça s’est fait par l’entremise de Sean Burke, a expliqué Després. Il m’a appelé, il voulait que je joue pour eux. J’ai dit oui. Ensuite, il m’a mis en contact avec le Rocket pour que je me remette en forme. »

« La Coupe Spengler est un objectif pour moi, mais le Rocket de Laval aussi. J’y vais une journée à la fois. Je vais travailler avec Joël [Bouchard] et le staff, et on va faire ce qu’il faut pour me remettre en forme. »

— Simon Després

L’entraîneur-chef Joël Bouchard, lui, doit donc s’assurer que cet objectif personnel cadre avec l’objectif collectif qu’il donne à son équipe.

« Qu’il veuille aller à la Coupe Spengler, qu’il ait un but, c’est correct. Ce n’est pas à moi de prendre ces décisions-là. Le Canadien m’a appelé, on en a parlé. La Ligue américaine, c’est aussi pour donner des essais à des gars qui ont un certain potentiel. Ce n’est pas une ligue de charité, une ligue de bière. C’est une ligue où on peut encadrer des gars qui peuvent aider le Canadien. La Coupe Spengler, pour moi, c’est dans 10 ans. »

Remise en forme

Les chantiers de Bouchard et ses adjoints à la ligne bleue ne manquent pas. Victor Mete, 20 ans, vient d’être rétrogradé à Laval pour retrouver son aplomb et améliorer son jeu. Cale Fleury (blessé), également 20 ans, fait ses premiers pas au hockey professionnel et constitue, comme Mete, un espoir intéressant pour le Canadien. Brett Lernout a quant à lui 23 ans et arrive à la croisée des chemins avec le CH.

Karl Alzner vient de débarquer dans la ville bonne pour le moral. Le vétéran de 30 ans tente lui aussi de retrouver ses repères, mais il le fait dans une situation inconfortable, avec un lourd contrat bon pour trois autres années. Il y a aussi les Tchèques David Sklenicka et Michal Moravcik (blessé) qui s’initient au hockey nord-américain. Et puis il y a Maxim Lamarche, un vétéran de la Ligue américaine de 26 ans, qui a obtenu les éloges de Bouchard.

Ces joueurs sont à différentes phases de leur carrière, mais ont en commun d’être très peu axés sur l’attaque. Mete est le défenseur le plus doué offensivement du groupe, mais son tir n’est pas très dangereux. Il y a donc là une lacune collective et Bouchard souhaite que Després y remédie, car le Rocket vient au 31e et dernier rang de la Ligue américaine en avantage numérique, avec 12 % d’efficacité.

« Il possède un très bon tir et il est capable d’amener des rondelles au filet », a souligné Bouchard. Després ne s’est jamais épanoui offensivement pendant ses 193 matchs dans la LNH, mais il compte 16 buts en 111 matchs dans la LAH.

Avant d’en arriver là, il faudra toutefois que Després retrouve la forme. Le Rocket dispute son prochain match vendredi et Bouchard n’est pas encore prêt à confirmer que le numéro 37 y sera. « Il veut jouer, il est prêt, mais on a du travail à faire sur le conditionnement physique », a-t-il dit.

McNiven part, Marcoux arrive

Charlie Lindgren aura un nouvel adjoint cette semaine. Le Rocket a en effet rétrogradé Michael McNiven au Beast de Brampton, dans la ECHL, et a rappelé le gardien Étienne Marcoux. Ce dernier connaît un début de saison intéressant avec une fiche de 5-4-1 et une efficacité de ,918. McNiven présente quant à lui une efficacité catastrophique de ,862 en sept matchs à Laval. « McNiven a besoin de millage. Sa confiance, ses statistiques ne sont pas là depuis un an et demi, pour plein de raisons. […] C’est de laisser McNiven retrouver ses balises, redevenir un gardien de but », a expliqué Joël Bouchard. Par ailleurs, le Rocket a cédé l’attaquant Phélix Martineau aux Komets de Fort Wayne, également dans la ECHL. Martineau n’a pas de point en trois matchs avec le Rocket.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.