Santé

Conseils aux parents

Les parents peuvent favoriser, chez leurs enfants, le développement d’une saine relation avec la nourriture et intervenir si quelque chose ne tourne pas rond. Voici les conseils de Myriam Gehami, nutritionniste en troubles alimentaires à la Clinique psychoalimentaire et chargée de cours à l’Université de Montréal.

COMMENT AIDER À PRÉVENIR LES TROUBLES ALIMENTAIRES ?

Laisser l’enfant libre d’être lui-même

Le concept est vaste, mais son but est simple : favoriser l’estime de soi et diminuer son anxiété. Il est connu que les enfants qui développent un trouble alimentaire proviennent souvent de l’un de ces trois types de famille : surprotectrice (où l’enfant n’apprend pas à devenir autonome), négligente ou chaotique (où il y a de la violence, des cris, de l’impulsivité, l’absence du parent, etc.) ou parfaite (où l’apparat est important et où les attentes envers les enfants sont élevées).

Ne pas mettre l’accent sur l’apparence physique

L’apparence physique ne devrait pas être un sujet de discussion dans la famille, estime Myriam Gehami, parce que l’enfant pourrait y attribuer une trop grande importance. Donc, pas de « il me semble que tu as engraissé », « ce n’est pas beau, tes cheveux comme ça », « tu te maquilles trop », etc. « Même si le parent fait juste des commentaires sur lui-même, et non sur l’enfant, c’est transmis à l’enfant », souligne Myriam Gehami. Enfin, mieux vaut ne pas se peser devant son enfant, cacher le pèse-personne même et sortir les grands miroirs de la maison.

Ne pas restreindre la famille

Si le parent a une relation harmonieuse avec la nourriture, l’enfant a de meilleures chances d’en avoir une lui aussi. Mais l’inverse est aussi vrai. Les parents qui mettent la famille entière au régime en excluant totalement les féculents du menu, par exemple, peuvent nuire à la relation que leurs enfants entretiennent avec la nourriture tout en ne comblant pas leurs besoins alimentaires, souligne Myriam Gehami. Quant aux gâteries, on devrait trouver un juste milieu : « Pas trop, mais ni trop peu. »

COMMENT RÉAGIR QUAND SON ENFANT PRÉSENTE UN TROUBLE ALIMENTAIRE ?

La première chose, note Myriam Gehami, c’est de consulter son pédiatre. Et on évite de mettre de la pression sur lui, de le forcer à manger ou moins manger, de le menacer. « Dans un congrès, un collègue avait dit que le conseil de base, c’était “Stop making it the big thing” », relate-t-elle. Plus le parent est oppressif, plus l’enfant se sentira jugé. Son anxiété augmentera, son estime de soi s’en ressentira et, pour s’apaiser, il s’enfoncera encore plus dans son trouble alimentaire.

ET SI L’ENFANT A UN SURPLUS DE POIDS ?

Éviter les paroles et les gestes qui laissent croire à l’enfant qu’il est trop gros

« C’est LE conseil le plus important, l’incontournable, dit Myriam Gehami. Il ne faut pas passer de commentaire, le restreindre, le faire sentir à part. Si on fait ça, c’est sûr que le problème va s’empirer. » L’enfant se sentira jugé, dévalorisé, et manger pourrait devenir une façon, pour lui, de geler ces émotions en pensées négatives. On évite à tout prix de servir à l’enfant un repas différent des autres membres de la famille.

Favoriser une saine alimentation et de sains comportements alimentaires pour toute la famille

Tranquillement, subtilement, on modifie nos habitudes alimentaires pour tendre vers mieux. « Si on mange souvent des desserts, on peut en acheter un peu moins, sans préciser que c’est pour faire maigrir l’enfant », indique Myriam Gehami. Et on évite de couper complètement les gâteries ; c’est le meilleur moyen de développer des obsessions envers ces aliments.

Orienter l’enfant vers une activité de son choix

L’activité doit être axée sur le plaisir, et non sur la perte de poids, insiste Myriam Gehami. Le mot-clé : subtilité. « Par exemple, s’il y a un chien à la maison, on peut demander à l’enfant d’aller faire la sortie du matin ou du soir, pour délester le parent de cette responsabilité », suggère Myriam Gehami.

Référence : J’aime pas ça ! J’en veux encore ! Astuces et solutions pour des comportements alimentaires sains. Coécrit par Nadia Gagnier et Myriam Gehami et publié aux Éditions La Presse.

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