Montréal

Deux navettes autonomes au Parc olympique

Les touristes et visiteurs du Parc olympique peuvent s’initier gratuitement aux véhicules sans conducteur jusqu’au 26 octobre, alors que deux navettes autonomes effectuent le trajet entre l’entrée du Stade et la station de métro Viau, en passant par le Planétarium et les nouveaux bureaux du Mouvement Desjardins dans la Tour de Montréal.

Les deux véhicules rouges du constructeur français EasyMile, exploités par le transporteur Transdev, se déplaceront en continu sur un parcours préprogrammé d’environ 700 mètres tous les jours de la semaine, entre 6 h et 10 h et entre 15 h et 18 h.

L’expérience, qui a officiellement débuté hier et qui est ouverte au public, constitue la deuxième phase d’un projet piloté par la direction du Parc olympique, qui souhaite se doter à moyen terme d’un parc de véhicules autonomes afin de relier entre eux les divers points d’intérêt de ce lieu touristique et de loisirs scientifiques.

Selon Transdev, c’est la première fois au Canada que deux navettes entièrement autonomes roulent en même temps sur le même circuit.

La Ville de Montréal accordera une somme de 60 000 $ au projet Néarque du Parc olympique, soit les deux tiers des coûts du projet-pilote doté d’un budget de 90 000 $.

Pendant ce temps, à Candiac

Parallèlement au projet du Parc olympique, le concurrent international de Transdev, la société Keolis, a indiqué hier à La Presse qu’après plusieurs semaines de discussions avec les experts du gouvernement du Québec et de la Société de l’assurance automobile du Québec, son véhicule autonome de marque Navya avait enfin reçu une plaque d’immatriculation qui lui permettra de circuler sur le domaine public, à Candiac, d’ici quelques semaines.

Avec cet autre projet-pilote susceptible d’accueillir ses premiers usagers à la fin de septembre ou au début d’octobre, ce seront donc deux expériences de navettes autonomes qui se dérouleront simultanément au Québec.

Le projet de Keolis et de Navya, annoncé le mois dernier par le ministre des Transports, de la Mobilité durable et de l’Électrification des transports André Fortin, a été beaucoup plus complexe et exigeant à mettre en route parce que le véhicule sans conducteur circulera sur la voie publique en interaction avec d’autres véhicules et avec un feu de circulation dans la ville de Candiac, sur la Rive-Sud de Montréal.

La vice-présidente expérience passager, marketing et commercialisation chez Keolis Canada, Marie-Hélène Cloutier, a assuré à La Presse hier que le début des essais sur route de la navette autonome de Navya devrait être annoncé dans les jours qui viennent. Ces deux semaines d’essais, sans passagers, seront suivies par la mise en service de la navette, avec clients, sur un parcours de deux kilomètres sur les boulevards Montcalm et Marie-Victorin, à Candiac.

Droit de la famille

Les « Lola » devraient être mieux protégées, selon une consultation publique

Les Québécois veulent une meilleure protection financière pour les conjoints non mariés qui ont des enfants, selon une tournée de consultation sur la réforme du droit de la famille commanditée par la Chambre des notaires.

La Presse a obtenu le rapport définitif rédigé par le professeur de droit Alain Roy et son coprésident Jean-Paul Dutrisac. Le document devrait être rendu public aujourd’hui et ses auteurs espèrent qu’il deviendra un enjeu électoral.

« Il y a un consensus sur l’idée de reconnaître les familles sur la base du critère de l’enfant, a expliqué Me Roy. S’il y a un consensus à retenir, ce serait celui-là. »

Selon le rapport, « l’absence de cadre juridique en matière d’union de fait engendre des situations d’inégalité entre les enfants issus de parents mariés et ceux issus de parents unis de fait, au mépris du principe d’égalité ». Les consultations auraient notamment permis de conclure que la population considère comme injuste qu’un conjoint de fait qui « abandonne ou ralentit sa carrière au profit » d’un enfant ne puisse « en appeler au droit de la famille pour obtenir une juste compensation de l’autre parent » en cas de séparation, comme c’est le cas dans un mariage.

Tous ne s’entendent toutefois pas sur la nature exacte des obligations à imposer aux parents non mariés qui se séparent.

LES MÈRES PORTEUSES FONT TOUJOURS DÉBAT

Selon Alain Roy, les consultations menées auprès de 151 personnes et organismes dans six villes du Québec a aussi permis de faire émerger des consensus clairs sur l’état de l’appareil judiciaire qui traite les affaires de droit de la famille : la classe moyenne n’a plus les moyens d’embaucher un avocat pour faire valoir ses droits, la « logique de confrontation » est souvent la seule offerte par le système et les services d’accompagnement ne sont pas au rendez-vous.

« Les gens se sentent lésés, a expliqué Alain Roy. On a bien constaté qu’avant de parler du droit substantiel, les gens sont préoccupés parce qu’ils n’ont pas accès au droit, au système de justice. »

Parmi les autres consensus dégagés : « Le besoin des enfants adoptés ou issus de la procréation assistée de connaître leurs origines ne peut plus être nié ; le droit doit y faire écho de manière claire et limpide. »

Mais le rapport conclut aussi que d’autres problèmes ne trouvent pas de solutions aussi unanimes dans le public. L’enjeu des mères porteuses, totalement mises de côté par la législation actuelle, fait par exemple l’objet d’un vif débat entre un camp féministe et un camp libéral.

OUVERTURE DU PROCÈS POUR LE Meurtre de Gabrielle Dufresne-Élie

L’intention de l’accusé au cœur des plaidoyers

Gabrielle Dufresne-Élie avait mis fin à sa relation amoureuse avec Jonathan Mahautière en pleine thérapie de couple quelques heures avant sa mort. Mais le jeune homme n’était pas d’accord. C’est pourquoi il a tué sa copine de 17 ans en l’étranglant dans un motel de l’est de Montréal, entend démontrer la Couronne durant le procès pour meurtre non prémédité de Jonathan Mahautière.

Le Montréalais de 22 ans admet avoir causé la mort de Gabrielle Dufresne-Élie, le 7 juin 2014, dans une chambre du motel Chablis, rue Sherbrooke. L’enjeu du procès consiste donc à déterminer l’intention de Jonathan Mahautière au moment d’étrangler sa petite amie. « Le sujet de vos délibérations, ce sera l’intention », a résumé au jury la juge Sophie Bourque, de la Cour supérieure.

« En juin 2014, les sentiments de Gabrielle ne sont plus les mêmes. Elle ne l’aime plus de la même façon et désire mettre fin à la relation. L’accusé désire poursuivre la relation », a présenté au jury le procureur de la Couronne, Me Éric De Champlain, dans son exposé introductif.

Or, Jonathan Mahautière planifie quand même ce samedi-là une journée remplie d’activités avec sa copine des deux dernières années, dont une sortie au cinéma. L’adolescente accepte de l’accompagner. En fin de journée, ils se rendent à une thérapie de couple, mais dès leur arrivée, « Gabrielle explique que la relation est terminée », soutient Me De Champlain.

L’adolescente accepte toutefois d’attendre l’accusé pendant qu’il consulte seul la thérapeute, à la suggestion de cette dernière. Ils se rendent ensuite au motel Chablis, rue Sherbrooke, dans l’est de Montréal. C’est Jonathan Mahautière qui paye la chambre pour une durée de quatre heures. Gabrielle doit alors rentrer à 22 h 30 pour respecter son couvre-feu « très bien établi ».

« Ils vont discuter, consommeront du Ciroc, un alcool aromatisé. Ils auront des moments intimes. Quand il fut le temps de partir, Gabrielle devant quitter, puisque le couvre-feu était sur le point d’arriver, l’accusé l’a étranglée avec ses mains », a expliqué au jury Me De Champlain. L’accusé appelle ensuite au 9-1-1 à partir d’un téléphone public situé tout près du motel.

Présentation de la scène du crime

Au premier jour du procès, hier, le jury n’en a pas su davantage, ni sur les circonstances de la mort de l’adolescente ni sur le contexte amoureux du jeune couple. Les deux premiers témoins appelés à la barre par la poursuite, deux policiers, ont essentiellement présenté au jury les photos de la scène de crime et des objets trouvés dans la chambre du motel.

Jonathan Mahautière est défendu par Me Marie-Hélène Giroux, alors que le Ministère public est représenté par Me Éric De Champlain et MGeneviève Langlois. Le procès, qui doit durer cinq semaines, se poursuit ce matin.

Première en chirurgie cardiaque à Québec

Des cardiologues de l’Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec ont réalisé une première mondiale mercredi dernier : le premier remplacement par cathéter de la valve mitrale au monde. C’est la seule des quatre valves cardiaques qui n’avait jamais été remplacée sans opération à cœur ouvert.

Dix ans de progrès

Depuis dix ans, les remplacements de valves cardiaques ont fait des pas de géant. Alors qu’auparavant, il s’agissait toujours d’une opération à cœur ouvert, depuis une dizaine d’années, de plus en plus de remplacements de valve aortique ont lieu par cathéter, au moyen d’une petite incision, selon le chirurgien cardiaque François Dagenais, qui fait partie de l’équipe ayant fait cette première. « On est rendu à 20-25 % des remplacements de valves aortiques, et en Europe, dans certains pays, on est à 50 %. Depuis trois ou quatre ans, on a essayé plusieurs stratégies pour le remplacement par cathéter de la valve mitrale, qui est beaucoup plus complexe. La compagnie 4C Medical de Minneapolis travaille sur ça depuis deux ans, et nous sommes en discussions avec eux depuis un an. »

Le patient

Donat Essiembre, 77 ans, s’était rendu compte qu’il était essoufflé au moindre effort. « Il a déjà été opéré à l’aorte il y a une dizaine d’années, et avait eu des pontages, alors une opération à cœur ouvert n’était pas indiquée », explique le Dr Dagenais. L’opération a duré 20 minutes, et hier, M. Essiembre était déjà assez en forme pour retourner chez lui. Étant donné que le remplacement par cathéter de la valve mitrale demeure compliqué, il s’agira probablement d’un choix rare, et l’opération à cœur ouvert demeurera la norme pour le moment, selon le Dr Dagenais. L’autre valve située à l’intérieur du cœur, la valve tricuspide, est elle aussi rarement remplacée par cathéter. Le remplacement par cathéter de la valve pulmonaire est beaucoup plus courant.

L’ABC du cœur

Le sang arrive au cœur par une portion du cœur appelée oreillette droite, puis est pompé vers le ventricule droit en passant par la valve tricuspide, puis vers le poumon en passant par la valve pulmonaire. Après avoir été « nettoyé » dans les poumons, le sang revient à l’intérieur du cœur par l’oreillette gauche, va vers le ventricule gauche en passant par la valve mitrale, puis vers l’aorte et le reste du système sanguin en passant par la valve aortique.

« Un pas important »

La Presse a demandé son avis sur cette première à Chad Kliger, chirurgien cardiaque à l’hôpital Lennox Hill, à New York, qui vient de publier une étude sur les progrès en réparation par cathéter de la valve mitrale dans le Journal of Interventional Cardiology. « On savait que ça s’en venait, mais c’est une étape importante, a dit le Dr Kliger. C’est signe que la technologie commence à être au point, mais évidemment, il faut une équipe hors pair pour que ça fonctionne. Je connais la compagnie 4C, leur approche est différente des autres. Mais de toute façon, il semble se dessiner que pour le remplacement de la valve mitrale par cathéter, aucune technologie ne s’imposera, ça va dépendre selon le patient. »

Lobbyisme

Peter Sergakis radié temporairement du registre

L’homme d’affaires montréalais Peter Sergakis vient d’être radié temporairement du registre des lobbyistes pour huit manquements à la Loi sur la transparence et l’éthique en matière de lobbyisme. À la suite d’une enquête, le commissaire au lobbyisme a constaté que M. Sergakis, qui préside l’Union des tenanciers de bars du Québec, en plus de diriger un vaste parc immobilier ainsi qu’une quarantaine de restaurants et de bars, a exercé des activités de lobbyisme sans avoir été dûment inscrit au cours des trois dernières années. Il est maintenant interdit à M. Sergakis d’être inscrit pour une période de 55 jours. Joint hier, Peter Sergakis a expliqué que ces dossiers concernent notamment des rencontres qu’il a eues à la Régie des alcools, des courses et des jeux (RACJ) ainsi qu’avec Revenu Québec. « Je trouve ça abusif. La plupart du temps, on était invité par eux pour discuter des changements de règlements ou à la loi. Il n’y avait rien de personnel. C’était pour le bénéfice des membres de l’Union », a-t-il indiqué. — Kathleen Lévesque

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