Médecine

Vers un test sanguin pour détecter l’alzheimer

Un pas de plus vient d’être franchi vers la mise au point d’un test sanguin qui permettrait de diagnostiquer l’alzheimer avant l’apparition des symptômes et de suivre son évolution.

En mesurant les taux de deux protéines, des chercheurs ont établi une forte corrélation entre leur présence dans le sang et le développement de cette maladie neurodégénérative qui touchera près de 1,5 million de Canadiens d’ici 15 ans.

« L’identification des biomarqueurs est l’avenir de la lutte contre la maladie d’Alzheimer », explique Nouha Ben Gaied, directrice de la recherche et du développement à la Fédération québécoise des Sociétés Alzheimer. Pedro Rosa-Neto, chercheur à l’Institut universitaire en santé mentale Douglas, ajoute qu’en plus de contribuer au diagnostic, ces biomarqueurs pourraient être utilisés en recherche clinique pour savoir si un traitement fonctionne ou pas.

Une étude publiée récemment dans Nature Medicine a établi une corrélation entre la présence d’une protéine appelée chaîne légère neurofilamenteuse et la forme génétique de la maladie d’Alzheimer, qui compte pour environ 5 % à 7 % des cas. Un autre biomarqueur, la protéine Tau, permettrait quant à lui d’identifier de manière précoce la forme la plus répandue de la maladie d’Alzheimer, indique en outre le Dr Rosa-Neto.

« Tout le monde a une petite quantité de ces protéines anormales dans son cerveau, mais la plupart des gens arrivent à s’en débarrasser alors qu’elles s’accumulent chez les gens atteints de la maladie d’Alzheimer. »

— Pedro Rosa-Neto, chercheur à l’Institut universitaire en santé mentale Douglas

L’augmentation de la concentration de ces deux protéines et les dommages au cerveau commencent longtemps – jusqu’à 20 ans – avant l’apparition des premiers symptômes. D’où l’intérêt qu’elles suscitent.

Avancée encourageante

Pour Nouha Ben Gaied, l’étude de ces biomarqueurs est une piste prometteuse qui change les perspectives en ce qui a trait à la maladie d’Alzheimer.

« On n’est plus en mode action pour traiter les personnes, mais en mode prévention pour éviter qu’elles ne développent la maladie. »

— Nouha Ben Gaied, directrice de la recherche et du développement à la Fédération québécoise des Sociétés Alzheimer

« Pour ça, on a besoin de biomarqueurs fiables qui vont permettre [de déterminer] à un stade pré-symptomatique qu’une personne va peut-être développer la maladie », explique-t-elle.

« Ce n’est pas demain qu’il y aura un test sanguin », prévient-elle cependant. Pedro Rosa-Neto, qui se dit « optimiste », croit qu’un test fiable pourrait être approuvé d’ici cinq à dix ans. Il s’agirait d’un pas important, selon lui, puisque la maladie d’Alzheimer est présente sur toute la planète et que les technologies d’imagerie médicale utilisées actuellement pour contribuer au diagnostic, comme l’imagerie par résonance magnétique (IRM) et la tomographie par émission de positrons (PET scan), ne sont pas accessibles partout.

En plus de poser un diagnostic, un tel test, qu’il qualifie de « simple et abordable », permettrait de suivre l’évolution de la maladie et même d’un traitement. En s’appuyant sur des biomarqueurs fiables, les spécialistes pourraient, selon lui, « déterminer quel type de médication le patient devrait recevoir et quand il devrait commencer à l’utiliser ».

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