Commerce de détail

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Une année aux multiples défis

Même si l’on s’attend à une hausse des ventes au détail en 2018, l’année qui s’amorce sera remplie de défis pour les commerçants. Quels sont les principaux enjeux auxquels ils devront faire face ?

Recruter des employés

Compte tenu du faible taux de chômage au Québec et dans d’autres provinces canadiennes, la main-d’œuvre sera difficile à trouver. Et pas seulement pour pourvoir les postes en magasin, prédit Léopold Turgeon, PDG du Conseil québécois du commerce de détail (CQCD). « Les détaillants vont se battre pour avoir des experts en commerce électronique. Ça va devenir un très gros enjeu. Il n’y en a pas assez qui sortent des écoles. »

Salaires en Ontario

Depuis plusieurs mois déjà, les détaillants réfléchissent à la façon dont ils composeront avec l’important bond du salaire minimum en Ontario. Comme prévu, il est passé de 11,60 $ à 14 $, le 1er janvier. Si la gestion des coûts de main-d’œuvre dans cette province en forcera plusieurs à élaborer de nouvelles stratégies, d’autres pourraient en profiter, croit Daniel Baer, associé et expert en commerce de détail chez EY. « Les détaillants qui ne vendent pas cher, comme Dollarama et Walmart, et qui attirent les consommateurs qui gagnent le salaire minimum vont peut-être gagner. On peut aussi penser à certaines épiceries, des restaurants et des détaillants de vêtements. »

S’adapter à « l’explosion »

Ces dernières années, le commerce électronique bondissait d’environ 20 %. Mais au cours des 12 mois terminés en juillet, la hausse a atteint 46,3 % par rapport à la même période un an plus tôt. « On a doublé la tendance. C’est énorme ! Ça a explosé dans la dernière année et ça va continuer », observe Léopold Turgeon, précisant que certains détaillants réalisent désormais jusqu’à 15 % de leurs ventes en ligne. Résultat, les commerçants veulent moins de boutiques et des boutiques plus petites. Ils doivent aussi revoir leur gestion des ressources humaines en affectant plus d’employés aux fonctions liées au commerce électronique. Les centres commerciaux devront eux aussi se repositionner.

L’imprévisible destin de l’ALENA

« L’ALENA est une grande incertitude. Ça pourrait être très dommageable », fait valoir Marie-Claude Frigon, associée et experte en vente au détail au cabinet comptable Richter. Les Canadiens doivent actuellement payer des droits sur tout achat fait aux États-Unis valant plus de 16 $ US. Or, les États-Unis souhaitent gonfler la limite hors-taxe à 800 $ US, ce qui favoriserait les achats outre-frontière. « On est vraiment inquiets, ajoute Léopold Turgeon. Ça voudrait dire que 90 % des produits qu’on achète aux États-Unis ne seraient plus taxés. Ce qu’on entend dans les coulisses, c’est que le gouvernement américain a besoin d’une victoire, quelle qu’elle soit. Vu qu’Ottawa ne veut pas céder sur la gestion de l’offre, ce serait ça la monnaie d’échange. »

Vers plus d’équité ?

On a beaucoup entendu parler d’iniquité fiscale en 2017, notamment à cause du cas Netflix et de la sortie de Peter Simons, propriétaire des magasins du même nom. Face aux géants étrangers qui ne paient pas d’impôt au Canada, l’homme d’affaires se demande comment seront financés, à l’avenir, les écoles et les services sociaux. Il y voit aussi une injustice pour les détaillants canadiens. « En plus de dire que c’est inéquitable, il faut passer à l’action, lance Léopold Turgeon. Le problème, ce n’est pas les GAFA [Google-Apple-Facebook-Amazon], c’est l’inertie de nos gouvernements. Il faut un débat. On ne peut pas les laisser contrôler le monde. En 2018, il y a une fenêtre d’opportunité pour agir. Il va émerger toutes sortes de courants. La pression va devenir forte. »

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