GRANDE ENTREVUE JULIEN BILLOT, PDG, GROUPE PAGES JAUNES

Être au cœur de la transformation

En poste depuis 16 mois comme PDG de Groupe Pages Jaunes, Julien Billot n’a pas chômé depuis qu’il a quitté ses fonctions de numéro 2 du groupe français Solocal (anciennement PagesJaunes Groupe), où il était responsable de la transition de l’imprimé vers le numérique.

« La mission est la même, soit de réaliser la transformation de Groupe Pages Jaunes en entreprise numérique, mais les défis sont différents », expose le PDG néo-québécois.

Je n’ai pas demandé à Julien Billot s’il avait cherché à obtenir la citoyenneté québécoise, mais une visite à ses bureaux de L’Île-des-Sœurs, où trône fièrement au mur un chandail de l’ex-numéro 33 du Canadien, Patrick Roy, témoigne d’une intégration certaine à sa société d’accueil.

« J’ai assisté à 35 parties cette année. J’ai même été voir un match dans l’antre de l’ennemi, l’amphithéâtre des Bruins », renchérit le PDG français, ancien joueur de rugby, tennisman toujours actif et manifestement fan du CH.

D’entrée de jeu, Julien Billot affirme qu’il a été très fier d’avoir été retenu par le comité de recrutement du conseil d’administration du Groupe Pages Jaunes, qui a été séduit par le projet d’entreprise qu’il avait proposé.

« La première différence des défis, c’est qu’avant j’étais numéro 2 et que là je suis le numéro 1. La deuxième, c’est que l’économie canadienne et celle du Québec sont en croissance, ce qui n’était pas le cas en France. Et le rôle de Pages Jaunes au Canada, c’est de faire le lien entre les petites entreprises et les utilisateurs de leurs services. Au Canada, les PME sont les moteurs de la transformation, et on est là pour les servir », insiste le PDG.

LA TRANSFORMATION SE POURSUIT

Les trois premiers mois du nouveau mandat de Julien Billot ont été consacrés à la mise sur pied du plan de croissance qu’il a concocté avec son équipe avant de le présenter au conseil d’administration, en avril 2014.

« Depuis, on le met en œuvre. J’ai aussi parcouru le pays pour rencontrer les employés en groupes. En un an, j’ai fait 86 allers et retours sur Air Canada vers Toronto, Calgary, Vancouver. J’ai aussi rencontré en tête à tête les 200 personnes-clés de l’entreprise », résume Julien Billot.

Le PDG constate que la transformation de Pages Jaunes se réalise comme prévu, même si cela implique une certaine humilité.

Les revenus de l’entreprise, qui avaient atteint un pic de 1,2 milliard en 2010, ont été de 880 millions l’an dernier, mais Julien Billot souligne que la part du numérique ne fait que croître, année après année.

Ils ont atteint 442 millions l’an dernier et ont ainsi supplanté pour la première fois de son histoire les revenus générés par le secteur imprimé. Groupe Pages Jaunes est l’entreprise qui réalise les plus forts revenus numériques au Canada.

« Nos revenus de l’imprimé vont continuer leur décroissance à un rythme de 20 % par année. On imprime encore des annuaires pour 400 villes où ils sont encore très importants dans les régions rurales. On va en imprimer pour les 10, 20 ou 30 prochaines années, on verra. »

— Julien Billot

En contrepartie, le PDG s’enorgueillit du fait que son site Internet PJ.ca arrive au 12e rang des sites les plus consultés au Canada avec, en moyenne, plus de 1 million de visiteurs par jour et 424 millions de visites l’an dernier.

« Les PME ont besoin d’achalandage, et on permet aux utilisateurs de découvrir des entreprises locales. C’est ça, notre mandat », insiste Julien Billot.

C’est aussi la raison pour laquelle son équipe et lui ont résolument décidé de conserver l’appellation Pages Jaunes, malgré le virage numérique.

« On consulte des pages web. C’était donc très pertinent de garder Pages Jaunes », souligne-t-il.

LE VIRAGE MOBILE

Le virage numérique de Pages Jaunes s’intensifie toutefois du côté des plateformes mobiles, là où le groupe dispose d’un avantage indéniable, selon son PDG.

« Google occupe seulement 30 % de l’espace sur les plateformes mobiles, alors que les usagers préfèrent utiliser à plus de 70 % les applications. On travaille à créer des marchés pour nos PME et des contenus pour nos utilisateurs », explique Julien Billot.

Pages Jaunes a déjà notamment lancé les applications PJ (téléchargée plus de 8 millions de fois), PJ Shop Wise et, tout récemment, PJ Resto. D’autres sont en cours de développement, dont une application pour les services professionnels liés à la maison et une autre pour les sorties et les loisirs.

Ces efforts de développement de nouveaux contenus ont obligé Pages Jaunes à ouvrir un deuxième bureau à Montréal, dans l’édifice Nordelec à Griffintown, qui sera inauguré le 27 avril. Près de 300 personnes qui ont été embauchées au cours des deux dernières années vont dorénavant y travailler.

« C’est comme une mini-start-up qu’on a développée à l’interne qui va sortir de nouvelles applications que l’on va roder sans faire de publicité avant de les mettre en marché », résume le président de Pages Jaunes.

Julien Billot affirme que l’avenir s’ouvre au Groupe Pages Jaunes alors que l’entreprise réussit à dégager une profitabilité de l’ordre de 30 % et qu’elle réussit à progresser tout en réduisant sa dette, qui est passée de 900 millions en 2012 à 450 millions en 2015.

« On poursuit notre transformation dans un marché qui nous est favorable. Au Canada, 75 % des gens font une recherche sur internet avant de réaliser un achat. On est là pour servir les entreprises, les commerces et les consommateurs. »

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