Idée d’ailleurs

Des festivals britanniques contre le plastique

En Grande-Bretagne, le gouvernement a annoncé jeudi son intention d’interdire les pailles, bâtonnets et cotons-tiges en plastique d’ici la fin de l’année. Déjà, les dirigeants de 60 festivals ont annoncé leur intention de ne plus utiliser les pailles dès cet été. La décision s’inscrit dans le cadre d’un plan national de lutte contre les déchets en plastique.

Le problème : 

Les pailles en plastique sont une menace pour l’environnement, particulièrement pour la faune marine.

La solution : 

Interdire l’utilisation du plastique à usage unique, comme les pailles.

Cette semaine, le ministre britannique de l’Environnement, Michael Gove, a déclaré que la prolifération des plastiques représentait une « urgence mondiale », menaçant la faune marine, et il a incité les autres pays du Commonwealth à lui emboîter le pas. Interrogé par la BBC sur le projet de loi visant à interdire certains objets en plastique à usage unique – dont les pailles –, il a expliqué qu’une consultation sera lancée dans les prochains mois avant de modifier la réglementation d’ici la fin de 2018. Certaines exceptions sont prévues, notamment l’usage de pailles dans un cadre médical.

Au Royaume-Uni, les experts du gouvernement estiment que pas moins de 8,5 milliards de pailles en plastique sont jetées chaque année. En réponse à l’annonce du gouvernement, les organisateurs de 60 festivals, dont Bestival, à Dorset, et Boomtown, au Hampshire, ont annoncé que les pailles en plastique seraient bannies cet été. Le regroupement des festivals s’est aussi lancé le défi de complètement éliminer le plastique à usage unique d’ici 2021.

Au Canada, le premier ministre Justin Trudeau a indiqué que son gouvernement adhérerait volontiers à une déclaration internationale visant à nettoyer les océans. Mais il ne s’est pas engagé, hier, à interdire l’usage des pailles en plastique, comme le souhaite son homologue britannique.

« Nous souhaitons des approches qui soient à la fois importantes et efficaces dans la démarche […] non seulement pour un pays en particulier – même si le Canada compte les plus longues côtes au monde –, mais aussi, nous l’espérons, pour l’économie globale. »

— Justin Trudeau, premier ministre du Canada

Déjà, le Parlement écossais a banni les pailles de sa cafétéria, et la secrétaire à l’Environnement, Roseanna Cunningham, déclare vouloir étendre la mesure à l’ensemble de l’Écosse. « Les fabricants de pailles […] doivent penser à d’autres options », a-t-elle prévenu. L’Écosse deviendra ainsi la première nation britannique à adopter cette interdiction, mais certaines franchises ont pris les devants dans l’ensemble du Royaume-Uni. Ainsi, la chaîne de restaurants asiatiques Wagamama a banni les pailles de ses boissons. Une mesure qui a également été adoptée au sommet de l’État, par le palais de Buckingham, la reine ayant fait part de sa volonté de lutter contre la pollution.

Rappelons qu’en janvier dernier, la première ministre Theresa May avait annoncé son nouveau plan de lutte contre les déchets en plastique. Cette semaine, elle a invité plusieurs pays à se joindre à une « Alliance océanique ». Comme au Québec, le plan prévoit des sacs en plastique payants dans les commerces. La législation actuelle au Royaume-Uni ne concerne que les grandes surfaces dont les clients doivent payer cinq pence (environ dix cents canadiens) par sac. Greenpeace et Friends of the Earth ont évidemment salué l’initiative de la Grande-Bretagne, avertissant toutefois qu’il faudrait plus de mesures pour répondre à l’urgence environnementale.

Des études internationales ont démontré que près de 8,8 millions de tonnes de plastique finissent dans les océans chaque année, ce qui est grosso modo l’équivalent de cinq sacs d’épicerie pleins de débris plantés tous les 30 centimètres sur les côtes du monde entier. Selon plusieurs observateurs, jusqu’à 170 millions de tonnes de débris de plastique pourraient souiller nos mers d’ici 2025. À Seattle, aux États-Unis, les pailles en plastique vont être bannies des lieux de vente de nourriture et de boissons à partir du mois de juillet. De son côté, la France va prohiber la vente de gobelets, verres, assiettes jetables et cotons-tiges en plastique d’ici 2020. À Montréal, de plus en plus de restaurants et bars emboîtent le pas au mouvement.

Source : BBC, AFP, CNewsFr, Science, Libération

L’avis de l’expert

Au Québec, cette idée devrait être… étudiée

Laurent Saulnier

Vice-président à la programmation de l’Équipe Spectra

L’Équipe Spectra, qui est à la tête du Festival international de jazz de Montréal, des Francofolies et de Montréal en lumière, explique que le retrait de la paille « fait partie des questions soulevées à l’interne, et qui seront réfléchies pour ces événements ».

« Par exemple, pendant la dernière édition de Montréal en lumière, nous avions déjà fait un pas dans cette direction avec l’utilisation complète de pailles compostables, pour la première fois, ainsi que la mise en place de bacs à compost dans toutes les concessions alimentaires.»

« Du côté des boutiques, nous regardons aussi les options pour remplacer les sacs de vente en plastique. Le Festival de jazz a été un précurseur au niveau du respect environnemental, et il est important pour nous de toujours innover en ce sens. Toutefois, il est à noter que cela concerne uniquement nos événements et que nous ne pouvons pas nous prononcer pour l’ensemble du Québec. »

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.