Cliniques préventives

La prévention pour réduire les hospitalisations

Après avoir travaillé quelques années comme spécialiste en médecine interne et en soins intensifs, le Dr Adam Hofmann a décidé de mettre toute son énergie dans la prévention. Il est le fondateur de deux cliniques préventives publiques, à Saint-Jérôme et à Saint-Laurent, où il poursuit un objectif : réduire le nombre d’hospitalisations.

C’est à force de voir des patients victimes de leurs premiers AVC ou de problèmes cardiaques, qui n’avaient peu ou pas accès à des médecins de famille « pour contrer les facteurs de risque », que le Dr Adam Hofmann a décidé de travailler « en amont ». 

« Je trouvais dommage de voir des gens hospitalisés à coûts élevés pour le système de santé, alors qu’ils auraient pu régler leurs problèmes à moindre coût, des années avant, sans être traités à l’hôpital », nous dit le Dr Hofmann, formé en médecine à McGill. C’est avec l’intention de régler ce problème qu’il a mis sur pied les cliniques Preventia – rien à voir avec les biscuits Leclerc !

Avec 18 médecins spécialistes, internistes, cardiologues, hémato-oncologues, le Dr Hofmann offre des soins de prévention auprès de patients qui souffrent pour la plupart de maladies cardiovasculaires ou de diabète – des maladies qui comptent pour plus du tiers des morts au Canada. De 30 à 40 % de ces patients n’ont pas de médecin de famille.

Un premier rendez-vous dans ces cliniques spécialisées est habituellement donné dans un délai d’une semaine. Une petite révolution en soi. Et les frais médicaux sont couverts par la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ).

Le concept de médecine préventive n’est pas nouveau, mais en Amérique du Nord, il relève de l’idéal, voire du fantasme… On n’a qu’à penser au projet d’hôpital gratuit du Dr Patch Adams, en Virginie, grand défenseur des vertus du rire, qui s’est fait l’apôtre d’une médecine plus humaine, plus accessible et axée sur la prévention. Un projet qui ne s’est jamais vraiment réalisé.

L’exemple fait sourire le Dr Hofmann. Grand admirateur de Patch Adams, il est allé à sa rencontre en Virginie après ses études, avant de le suivre dans une mission en Russie comme « médecin-clown ».

« J’avais envie de faire comme lui. Mais j’ai vite été désillusionné en constatant ses échecs. Je pense que pour mettre en place des changements dans le système, il faut le faire de l’intérieur. Il faut être un “intrapreneur”. On n’y arrive pas en combattant le système de l’extérieur, même si Patch Adams est un révolutionnaire passionné et inspirant. »

Algorithmes et communication

Fort bien. Mais comment faire de la médecine préventive lorsque les exigences de productivité du gouvernement mènent à des consultations de cinq ou six minutes ? Le Dr Adam Hofmann convient qu’il s’agit d’un défi important, mais qu’il est capable de relever… grâce à la technologie.

« Pour y arriver, explique-t-il, on a créé un dossier médical électronique complet pour chaque patient, qui contient toutes les informations pertinentes pour le médecin. Historique familial, incidents et traitements passés, bilans sanguins, résultats d’examens, tout est compilé par notre personnel. Grâce à des algorithmes qui tiennent compte de ces informations, on propose à nos patients des traitements. »

« Dans ce contexte, si on a six ou sept minutes avec notre patient, ça peut aller, parce qu’une grande partie du travail est déjà fait. On peut voir facilement de 60 à 80 patients par jour. »

— Le Dr Adam Hofmann

« On ne remplace pas le médecin de famille, poursuit le Dr Hofmann, mais on fait de la prévention dans nos domaines de spécialité, on est efficaces et on fait des suivis réguliers avec nos patients, selon leur condition. »

Quant au médecin de famille, le Dr Hofmann croit que son rôle doit évoluer. L’an dernier, il a lancé une application mobile gratuite, Medmo, qui permet de faciliter les communications entre médecins spécialistes et médecins de famille – pour ceux qui en ont un ! – afin d’assurer un meilleur suivi auprès des patients.

« Le rôle du médecin de famille s’est beaucoup complexifié au fil des ans, estime-t-il. Les connaissances qu’il doit avoir ont probablement triplé avec les progrès qui ont été faits dans les différentes spécialisations. Mais il a toujours sa place. En fait, il doit avoir une approche globale, humaine, et être un expert de prévention primaire. On a d’ailleurs l’intention d’embaucher de trois à dix médecins de famille dans nos cliniques. »

Qu’en est-il des habitudes de vie des patients, des problèmes qu’ils vivent ? Ça aussi, ça fait partie de la médecine préventive, non ? Est-ce que le médecin tient compte de ces facteurs-là ?

« De plus en plus, répond le Dr Hofmann. C’est vrai que la solution n’est pas toujours médicale, on peut suggérer à un patient de faire plus d’activité physique, d’avoir de bonnes habitudes de vie. On a un service de nutrition clinique pour aider les patients à faire de meilleurs choix alimentaires. On travaille avec des kinésiologues, même si le gouvernement ne finance pas ces services-là, donc oui, on veut faire de la prévention sur plusieurs fronts, mais on travaille aussi avec les contraintes du système. »

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