OPINION CANADIEN DE MONTRÉAL

Le désastre Subban

On préfère ne pas dire ce que l’on pense et on ne critique jamais sévèrement les dirigeants du Canadien

N’importe quel observateur attentif de la scène du hockey professionnel sait que Marc Bergevin et son entraîneur viennent de faire la plus grosse gaffe de leur carrière.

Tous les entraîneurs des clubs de la Ligue nationale savent que les Predators ont fait une affaire en or en échangeant un défenseur vieillissant, déjà sur son déclin, contre un jeune défenseur encore sur la pente ascendante, qui n’a pas encore atteint sa pleine maturité et qui est doté en outre de qualités sportives hors du commun.

Tout le monde le sait, mais personne, hormis Philippe Cantin de La Presse, n’a osé le dire. Je vous conseille vivement de lire son papier qui résume l’échec lamentable de la gestion des ressources humaines du Canadien.

Chez TOUS les autres chroniqueurs francophones, on s’est contenté de broder autour de la ligne éditoriale élaborée par le Canadien. « Le Canadien sera une meilleure équipe l’an prochain. » De la foutaise. Un gars comme Subban, on en repêche un tous les 10 ans, au mieux. À 30 ans, P.K. sera reconnu comme l’un des meilleurs joueurs de la ligue, toutes catégories confondues. 

Cet échange désastreux m’a permis de réaliser qu’il existe une règle non écrite pour tous les journalistes francophones qui gravitent autour du Canadien. On ne contredit pas l’organisation. On ne critique pas ses choix, pas plus qu’on ne les remet en cause. On préfère ne pas dire ce que l’on pense et on ne critique jamais sévèrement les dirigeants du Canadien. Une espèce d’omerta.

Tous les journalistes sportifs souhaitent continuer de bénéficier des bonnes grâces de l’équipe – conserver l’accès aux joueurs, aux dirigeants, au bon traitement qu’on leur réserve au Centre Bell – et aucun d’entre eux ne veut voir son nom sur une liste noire.

Pour conserver cette proximité qui les ravit, les journalistes préfèrent se transformer en agents de relations publiques plutôt que de faire leur travail avec rigueur. Ils jouent donc le jeu de la désinformation en faisant semblant de croire ce qu’ils écrivent.

UNE ORGANISATION RÉTROGRADE

Le Canadien est aujourd’hui une organisation rétrograde dans la gestion de ses ressources humaines, dirigée par des gens mal formés pour encadrer les jeunes talents. On gère l’équipe comme une caserne où tous les joueurs doivent rentrer dans un moule et ne pas faire de vagues.

Cette culture d’entreprise est dépassée, mais Bergevin et Therrien ne savent diriger que de cette manière. Les journalistes ont aussi fait le choix du respect de l’autorité, d’abord et avant tout au mépris du respect qu’ils doivent au public. Et le Canadien vient d’embaucher Radulov, un joueur plus connu pour ses frasques que pour son efficacité sur la glace. On se débarrasse d’un joueur exceptionnel et on magasine un attaquant dans les bas-fonds de la Ligue nationale. Mais il ne faut pas le dire…

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