Pollution

Réduire les déchets laissés par les sportifs

Enlever les poubelles pour réduire les déchets. C’est l’idée saugrenue qui a été testée l’hiver dernier au parc linéaire Le P’tit Train du Nord, une piste de 232 km empruntant l’ancienne voie ferrée des Laurentides.

« Ç’a été concluant, dit Diane Pilon, coordonnatrice aux communications du parc linéaire. Quand on a des poubelles, elles débordent : les gens jettent n’importe quoi, et il n’y a pas de recyclage. L’an passé, sans poubelles, c’était incroyablement propre. La plupart des gens rapportaient leurs déchets. Ç’a été une belle expérience. »

Avec les beaux jours, les poubelles sont revenues le long de la piste du P’tit Train du Nord. Mais rebelote : plusieurs sont retournées dans leur cachette pour l’hiver. « On continue notre essai, indique Mme Pilon. Nos patrouilleurs vont inciter les gens à rapporter leurs déchets à la maison. » 

« Ça se fait beaucoup dans les parcs aux États-Unis. Ça permet de responsabiliser l’utilisateur et de faire un tri. »

— Diane Pilon, coordonnatrice aux communications du parc linéaire Le P’tit Train du Nord

Les poubelles sont aussi non grata à la Société des établissements de plein air du Québec (SEPAQ) depuis quelques années. « Nous avons mis de l’avant une politique de retrait des poubelles dans les sentiers pour éviter que les petits mammifères répandent leur contenu un peu partout », précise Élaine Ayotte, responsable des communications de la SEPAQ. Même les refuges sont dépourvus de poubelles. « Un affichage demande aux usagers des refuges de rapporter leurs déchets, dit Mme Ayotte. Ce qu’ils font tous. »

Emballages de barres énergétiques

Tant mieux si ça fonctionne parce qu’avec l’engouement pour les barres énergétiques, une augmentation des emballages jetés n’importe où peut être crainte. « Je m’entraîne depuis 30 ou 40 ans et je n’ai jamais vu autant d’enveloppes de ces maudites barres sur la chaussée, déplore Jean Charlebois, un cycliste montréalais. Le gars mange sa barre, prend l’emballage et le jette par terre. C’est vraiment une pratique courante. »

M. Charlebois dit voir beaucoup de ces déchets aux alentours du circuit Gilles-Villeneuve. « Tous ceux qui se sont entraînés sur le circuit consomment leur petite barre en rentrant à la maison, en prenant soin de jeter l’emballage sur le pont de la Concorde, dénonce-t-il. Normalement, quelqu’un qui s’entraîne, c’est quelqu’un qui est pour l’environnement. Quel paradoxe ! »

En haute saison, une équipe du parc Jean-Drapeau « est constamment sur le terrain pour ramasser les déchets », assure Geneviève Boyer, chargée des communications à la Société du parc Jean-Drapeau. Occasionnellement, des gens vont en laisser traîner, mais c’est rare, ajoute-t-elle. Cette personne a dû mal tomber. »

À la défense des pollueurs, il faut dire que l’emballage des barres et gels énergétiques est souvent collant, donc désagréable à glisser dans la poche d’un maillot de vélo. « Peut-être que les fabricants de barres énergétiques pourraient changer leur emballage, afin de rendre ça plus refermable », suggère Diane Pilon.

Skieurs peu pollueurs

Ces barres sont moins consommées par les skieurs, ce qui épargne peut-être la nature en hiver. « En ski de fond, ce sont des mouchoirs qu’on trouve principalement dans les sentiers, observe Sylvie Girard, entraîneuse-chef au Club de ski de fond Montériski. Il y a peu de déchets, je dirais environ deux par 10 km. Ce n’est pas si mal. »

« Une ou deux fois par saison, je surprends des jeunes de l’école de ski ou des athlètes du sport-études à jeter des choses par terre, poursuit Mme Girard. Rapidement, j’interviens. J’ai skié dans plusieurs sentiers de ski de fond au Québec et au Canada et je dirais que ça n’a pas tellement changé en une vingtaine d’années. »

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