Combien y a-t-il de lacs sur Terre ?
25,4 millions
Combien y a-t-il de lacs sur la planète ? On pourrait répondre à cette question par une autre question : en deçà de quelle taille minimale arrête-t-on de compter ? L’équipe menée par Bernhard Lehner, professeur agrégé au département de géographie de l’Université McGill, a répertorié 1,43 million de lacs naturels et artificiels d’une superficie de 10 hectares ou plus (environ 14 terrains de soccer). Leurs extrapolations leur font cependant croire qu’il existe pas moins de 25,4 millions de lacs naturels d’un hectare ou plus dans le monde.
Des lacs disparaissent et se forment sans cesse. Mais selon le professeur Lehner, il n’est pas clair s’il existe une tendance dans un sens ou dans l’autre.
« Pour le savoir, il nous faut un point de comparaison, et c’est ce que nous venons d’établir », a-t-il expliqué.
(Plus de 10 hectares)
Canada
Russie
États-Unis
Chine
Suède
Brésil
Norvège
Argentine
Kazakhstan
Australie
(en volume)
Mer Caspienne
Azerbaïdjan, Iran, Kazakhstan, Russie, Turkménistan
Lac Baïkal
Russie
Lac Tanganyika
Burundi, République démocratique du Congo, Tanzanie, Zambie
Lac Supérieur
Canada, États-Unis
Lac Malawi
Malawi, Mozambique, Tanzanie
Lac Michigan
États-Unis
Lac Huron
Canada, États-Unis
Lac Victoria
Kenya, Ouganda, Tanzanie
Grand lac de l’Ours
Canada
Kara-Bogaz-Gol
Turkménistan
181 900 km3
C’est le volume total d’eau contenu dans les lacs de 10 hectares ou plus de la planète. Difficile à visualiser ? Les chercheurs de McGill, qui publient leurs recherches aujourd’hui dans Nature Communications, calculent que si on déversait toute cette eau sur l’ensemble de la surface de la planète, elle formerait une couche d’environ 1,3 m de profondeur.
Connaître le volume d’eau contenu dans les lacs est un défi pour une raison simple : s’il est assez facile de calculer la surface d’un lac à partir d’images satellites, connaître la profondeur de chacun d’eux est un casse-tête. Pour y parvenir, l’équipe de scientifiques a développé un modèle informatique capable d’estimer la profondeur d’un lac à partir, notamment, des pentes du terrain qui l’entoure. Ce modèle a été abondamment vérifié sur des lacs dont la profondeur était déjà connue.
« Je cherche à savoir combien il y a d’eau sur la planète et de quelle façon les changements climatiques vont influer sur ces réserves, et les lacs sont une composante très importante de l’équation », explique le professeur Lehner pour justifier tout ce travail.
7 200 000 kilomètres
C’est la longueur totale du littoral de tous les grands lacs (10 hectares ou plus) de la planète mis côte à côte. Avis à ceux qui rêvent d’un chalet sur le bord d’un lac : il s’agit de quatre fois la longueur des côtes des océans et de près de 19 fois la distance entre la Terre et la Lune. Notons que si les 7 milliards d’habitants de la planète se trouvaient sur les berges de ces grands lacs, ils auraient un peu plus d’un mètre d’espace chacun.
1834 jours
L’eau ne demeure pas indéfiniment dans un lac. Elle s’y déverse et finit par en sortir, généralement en s’écoulant dans une rivière. Les chercheurs calculent que le « séjour » moyen de l’eau est d’environ cinq ans (1834 jours), mais notent d’immenses différences à ce chapitre. L’eau du lac Baïkal, par exemple, y demeure environ 375 ans, alors que celle d’autres lacs n’y reste que quelques heures.
Pour calculer ce paramètre, les chercheurs ont divisé le volume d’eau du lac par son rythme de décharge à son point de sortie.
« Beaucoup de processus chimiques et biologiques ont lieu dans les lacs, et ils dépendent du temps pendant laquelle l’eau y demeure, explique le professeur Lehner. Certains de ces processus sont très importants pour toute la planète. C’est le cas de la quantité de gaz à effet de serre qui se dégage d’un lac ou, au contraire, qui y est absorbée. »