Hustler TV

La chaîne XXX de Larry Flynt s’invite au Canada

Alors que le modèle de la gratuité devient de plus en plus présent dans l’industrie de la porno, Anne-Marie Losique lancera d’ici quelques semaines une deuxième chaîne XXX payante au Canada en collaboration avec le géant américain Hustler.

La Montréalaise a conclu un partenariat avec Larry Flynt, le légendaire pornographe de 74 ans, toujours aussi actif au sein de son entreprise. La chaîne Hustler TV Canada entrera en ondes à la fin de mars, deux ans et demi après le lancement de Vivid TV Canada par Mme Losique.

« Les affaires sont très bonnes, sinon je ne lancerais pas une autre chaîne. J’ai même des plans pour lancer une troisième chaîne sous peu ! »

— Anne-Marie Losique

Gratuité

Tony Cochi, grand patron de Hustler TV, se dit fort optimiste quant aux chances de succès de la marque au Canada. Il fait valoir que Hustler est la chaîne pour adultes la plus populaire chez les câblodistributeurs aux États-Unis. Un signe, selon lui, que les gens sont toujours prêts à payer pour du contenu XXX de qualité.

« C’est un modèle d’affaires encore très viable : nous nous en tirons extrêmement bien et nos profits augmentent d’année en année, a-il soutenu en entrevue. On pense que les affaires sont en déclin, mais c’est un mythe. »

Le président de Hustler TV reconnaît malgré tout que l’industrie a changé ces dernières années avec l’émergence des « tubes » sur le web. Ces sites, qui offrent des milliers de vidéos porno gratuites, fonctionnent un peu à l’image de YouTube. Montréal est d'ailleurs devenu une plaque tournante mondiale pour les sites du genre, comme PornHub, propriété du groupe MindGeek.

À la carte

Anne-Marie Losique a revu son modèle d’affaires en 2014 lorsqu’elle a conclu un partenariat avec Vivid Entertainment, important acteur du XXX aux États-Unis. Cet accord a entraîné le remplacement de sa chaîne coquine Vanessa par Vivid TV Canada, suivi d’une diversification accélérée de ses activités.

L’ancienne animatrice dirige aujourd’hui une demi-douzaine d’entreprises sous le parapluie du groupe Vanessa Média. Ces sociétés distribuent des productions XXX étrangères dans plusieurs pays, offrent des contenus sous licence ou encore de la vidéo sur demande auprès de plusieurs câblodistributeurs.

Mme Losique dit avoir profité des nouvelles règles de télédiffusion au Canada, qui permettent depuis mars 2016 aux consommateurs de s’abonner à des chaînes à la carte, plutôt qu’en bouquet. Le nombre d’abonnements à Vivid TV Canada grimpe depuis de 8 % en moyenne chaque mois, affirme-t-elle. « Je sais que beaucoup de gens se sont plaints, mais de façon égoïste, c’est excellent pour notre genre de chaîne. »

La femme d’affaires, adepte de la provocation et des coups d’éclat, passe désormais la moitié de son temps à Los Angeles, où elle se consacre au développement de ses affaires.

Trois questions à Larry Flynt

M. Flynt, Hustler lance cette nouvelle chaîne au Canada à un moment où plusieurs croient que les gens ne souhaitent plus payer pour visionner de la pornographie, et que le modèle de la gratuité finira par dominer l’industrie. Quelle est votre lecture de la situation ?

Je ne suis pas d’accord avec cette affirmation. Tout repose dans l’offre d’un produit unique, de qualité supérieure, et dans la façon dont vous le présentez au public. Si vous proposez quelque chose qui est perçu comme offrant une bonne valeur, les consommateurs voudront encore acheter le produit. Cela a été démontré aux États-Unis, par plusieurs câblodistributeurs de premier plan, qui ont vu leur segment pour adultes prendre de l’expansion au cours des dernières années, malgré la disponibilités des sites de « tubes » gratuits.

Trois questions à Larry Flynt

Quel impact les « tubes », comme ceux du groupe montréalais MindGeek (YouPorn, PornHub), ont eu sur l’industrie de la pornographie ? Vous l’avez ressenti chez Hustler ?

MindGeek et né en plein cœur d’une tempête parfaite. Les tubes ont commencé à la fin de 2007, juste avant la grande récession de 2008. Les gens coupaient leurs abonnements au câble, ainsi qu’à leurs services « premium ». Bien sûr que tout cela a fait mal à l’industrie payante des services pour adultes. On a cependant vu un retour des consommateurs depuis quelques années. Les gens réalisent que ces « tubes » violent leur vie privée en revendant leurs informations personnelles à des tiers, sans compter les virus que votre ordinateur peut attraper.

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