CELIA PERRIN SIDAROUS

Nouvelle croissance

La photographe montréalaise Celia Perrin Sidarous met en scène objets et choses en leur imprimant l’élan de la vie. Son voyage en Grèce et en Italie, l’automne dernier, a propulsé sa narration dans un univers encore plus évocateur. Une inflexion bienvenue que l’on peut mesurer à la Parisian Laundry jusqu’au 13 février.

Celia Perrin Sidarous avait déjà participé à des expositions collectives estivales à la Parisian Laundry, mais c’est un premier solo de photographies installatives qui a débuté, le 14 janvier, au 3550, rue Saint-Antoine Ouest.

Il y avait jusque-là un souffle de travail soigné accompli en atelier dans les œuvres imprimées de Celia Perrin Sidarous. Avec son exposition Les figures, une maturité de ton et de suggestion se mêle aux marqueurs des temps géologiques. On n’est plus seulement dans l’énigme de la nature morte. On entre dans la philosophie, dans le sens de la vie, dans la déclinaison même du miracle de la vie en biologie végétale et animale comme en minéralogie.

SCÉNOGRAPHIE ÉVOLUTIVE

L’intelligence de Celia Perrin Sidarous est de nous entraîner dans une démonstration poétique en utilisant la grande salle de la galerie comme une scène de théâtre. Elle a développé son idée depuis sa première œuvre, Kerameikos (du nom du quartier des potiers à Athènes qui a donné le nom de céramique), jusqu’à sa dernière, Oslo Structure VI – Bygdoy Peninsula, avec une scénographie qui permet de saisir le sens de son travail au fur et à mesure qu’on découvre ses photos.

On retrouve dans Les figures cette imagerie ordonnée et avenante que l’artiste de 33 ans crée en atelier. Mais cette exposition prend une profondeur supplémentaire avec ses photos provenant d’un voyage de recherche qu’elle a fait en octobre dernier en Grèce et en Italie, au cœur des deux civilisations de l’Antiquité gréco-romaine.

LE TEMPS ET SES VESTIGES

D’une certaine photographie marquée par le temps – qu’elle a utilisée auparavant en puisant dans l’iconographie éditée –, Celia Perrin Sidarous est passée à une expression du temps empruntée à sa propre expérience récente. On décèle ce thème du temps dans plusieurs de ses œuvres : les ruines de temples grecs, les motifs architecturaux en marbre ou les colonnes romaines. Mais aussi, dans les constructions coralliennes – ces colonies calcaires où le minéral émane de la vie biologique sous-marine – ou tout simplement dans la croissance d’un coquillage univalve.

On est dans l’ancien et le nouveau qui naissent et meurent. De la vie, il reste toujours une trace, qu’elle soit physique ou dans les mémoires.

Cette croissance naturelle qui précède le déclin et marque la vie, Celia Perrin Sidarous nous la suggère dans ses vieux cyprès élancés de Pompéi, dans ses roches métamorphiques aux allures de géant couché qui s’érode sur une plage, comme dans cette plante qui émerge d’un bac à Oslo.

Les amateurs de concepts crieront au génie de l’évocation, à la force poétique des photographies. D’autres trouveront que ces assemblages et ces clichés de vestiges n’ont rien de spectaculaire. Il demeure que ce travail de Celia Perrin Sidarous, en continuité rassurante avec ses précédents travaux, marque une nouvelle phase de création. Intellectuellement plus nourrissante et dotée d’un volet documentaire qui bonifie sa démarche.

À la galerie Parisian Laundry, au 3550, rue Saint-Antoine Ouest, à Montréal, jusqu’au 13 février

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