Personnalité de la semaine

Line Cormier

À l’aube de l’âge adulte, l’actuelle présidente de la Fondation Madeli-Aide a quitté ses Îles-de-la-Madeleine natales avec l’espoir que d’autres jeunes puissent, comme elle, poursuivre leurs études après le secondaire.

Line Cormier a grandi aux Îles-de-la-Madeleine. Sixième d’une famille de six enfants.

Il n’a jamais été question qu’elle n’aille pas poursuivre ses études après le secondaire, même si pour cela, il fallait quitter les Îles, comme c’est le cas encore aujourd’hui.

Dans la famille Cormier, tout le monde est parti étudier ailleurs. Une mère institutrice. Un père propriétaire d’un garage. Des gens qui croyaient à l’éducation.

Mais tout le monde n’a pas cette chance de naître au sein d’un cocon qui mettra tout en œuvre pour que ses enfants aillent au cégep, à l’université.

C’est pourquoi il y a la Fondation Madeli-Aide pour l’éducation, qui en est à sa 20e année et dont Mme Cormier, notre personnalité de la semaine, est la présidente depuis 2013.

L’organisme aide les jeunes des Îles à aller étudier là où ils veulent, là où ils peuvent. Il fait aussi la promotion de la réussite et de la persévérance, et compte d’autres programmes, comme celui pour l’achat de livres pour les jeunes encore dans l’archipel. Et chaque année, depuis 20 ans, Mme Cormier s’engage de plus en plus pour aider l’organisme à amasser des fonds afin de financer tout cela.

« La vie est bonne avec moi », explique la femme de 58 ans qui habite Montréal depuis quelques années après avoir passé la majeure partie de sa carrière, en gestion de l’éducation, à Québec, au bureau central de l’Université du Québec.

« Une bonne famille, de bons professeurs, de bons patrons, un bon chum… alors c’est pour moi normal et naturel de tenter de redonner aux autres. Probablement aussi que le fait d’avoir grandi sur une île où l’entraide était une valeur bien établie [y est pour quelque chose]. »

— Line Cormier, présidente de la Fondation Madeli-Aide pour l’éducation

Mme Cormier est partie faire son cégep à Rivière-du-Loup, une expérience où elle s’est sentie isolée, à cause de son accent acadien, typique de son archipel. Qu’à cela ne tienne, c’est à Moncton qu’elle a choisi ensuite d’aller étudier pour l’obtention de son diplôme de premier cycle en éducation physique, avant d’aller faire une maîtrise à l’Université Laval, à Québec. C’est là qu’elle a commencé à s’intéresser à l’utilité des technologies de l’information – on était dans les années 80 – pour l’éducation, une piste qui guidera une grande partie de sa carrière à Québec, au sein de l’organisme chapeautant les universités du Québec à travers la province.

Pourquoi habite-t-elle Montréal maintenant ? Parce que son conjoint, qu’elle a rencontré il y a 13 ans, sur le quai, aux Îles, alors qu’il était en escale, au cœur d’une promenade dans le golfe du Saint-Laurent en voilier, habite la métropole. Quand on lui souligne le caractère bien romantique de cette rencontre, elle rit et admet qu’il y avait pas mal plus de chances qu’elle tombe ainsi amoureuse d’un marin, au bord de la mer, « que sur un terrain de golf ».

C’est un cliché, mais c’est vrai, dit-elle. « Les marins passent aux Îles, les filles aiment les bateaux… » Depuis, ils ont fait du voilier ensemble un peu partout, du Québec aux Antilles, et même en Méditerranée.

***

Des organismes de bienfaisance qui amassent de l’argent, il y en a des centaines. Mais la fondation de Mme Cormier a une façon bien spéciale de convaincre des donateurs de dépenser 300 $ pour un souper, qui a eu lieu jeudi dernier. La soirée, qui accueille 500 personnes, se déroule sur un bateau amarré à Québec un premier soir, puis dans le Vieux-Port de Montréal le lendemain. Mais surtout, on y sert du homard ! Pour l’événement, des pêcheurs des Îles fournissent 2500 crustacées.

Les homards partent en bateau des Îles et arrêtent à Québec, puis à Montréal. C’est la Coopérative de transport aérien et maritime, mieux connue sous le nom de CTAM, qui commandite l’événement.

Difficile de trouver plus frais. Et plus festif.

Le homard, c’est le prétexte idéal pour manger ensemble, en gang, explique-t-elle. C’est pour ça que les Madelinots en mangent rarement à l’extérieur. Ils font ça à la maison et invitent leurs proches pour une dégustation ultra conviviale. « Franchement, je ne connais personne des Îles qui mange ça au restaurant », répond-elle quand je lui demande quelle est la meilleure table pour manger du homard à l’extérieur des Îles.

À part trouver année après année le meilleur homard pour la soirée-bénéfice, quels sont ses autres défis en philanthropie ?

« Ramasser des fonds, bien entendu. » (Les deux événements ont permis d’aller chercher 250 000 $ nets cette année.)

« Mais aussi recruter des collaborateurs qui pourront donner de leurs compétences pour la cause ! », explique-t-elle.

« Heureusement, de jeunes Madelinots qui ont reçu des bourses à partir de 1998 commencent à s’engager à leur tour, ils constituent notre relève ! »

Pour Mme Cormier – comme pour bien des personnalités de la semaine qui insistent toutes pour le dire –, le succès est un travail d’équipe. « Le succès de la Fondation Madeli-Aide repose sur l’engagement de plusieurs personnes, ça prend “beaucoup de rameurs dans la chaloupe” ! »

Line Cormier en quelques  choix

Films préférés : « Les gentils films français qui nous font rire ! La vie nous apporte déjà assez de stress à gérer sans en ajouter au cinéma. »

Un livre : 50 ans, et après ?! d’Éric Dudan. Les portraits de 50 personnalités exceptionnelles – de Léonard de Vinci à Coco Chanel –  qui ont accompli de grandes choses après l’âge de 50 ans.

Un personnage historique : Henri le Navigateur, Portugais de l’époque des débuts des découvertes et de la colonisation, grand mécène de grands découvreurs. « Pour son approche de “communauté de pratique” avant son temps qui a fait progresser rapidement les connaissances en navigation. »

Un personnage actuel : « J’ai une grande admiration pour les professionnels de la DPJ qui doivent travailler dans des contextes difficiles pour protéger les enfants. »

Une citation : « Après le verbe “aimer”, “aider” est le plus beau verbe du monde. »

— Bertha von Suttner, première femme à recevoir le prix Nobel de la paix, en 1905

Une cause pour laquelle elle irait manifester : « La nécessité de donner des moyens aux élèves pour assurer la réussite de tous. Et sur ma pancarte, j’écrirais : “On a besoin de chacun d’eux.” »

Personnalité de la semaine

Line Cormier

Depuis maintenant 20 ans, la Fondation Madeli-Aide pour l’éducation donne un coup de pouce aux jeunes qui doivent quitter les Îles-de-la-Madeleine pour poursuivre leurs études. Sa présidente est notre personnalité de la semaine.

Line Cormier a grandi aux Îles-de-la-Madeleine. Sixième d’une famille de six enfants.

Il n’a jamais été question qu’elle n’aille pas poursuivre ses études après le secondaire, même si pour cela, il fallait quitter les Îles, comme c’est souvent le cas encore aujourd’hui.

Dans la famille Cormier, tout le monde est parti étudier ailleurs. Une mère institutrice. Un père propriétaire d’un garage. Des gens qui croyaient à l’éducation.

Mais tout le monde n’a pas cette chance de naître au sein d’un cocon qui mettra tout en œuvre pour que ses enfants aillent au cégep, à l’université.

C’est pourquoi il y a la Fondation Madeli-Aide pour l’éducation, qui en est à sa 20e année et dont Mme Cormier, notre personnalité de la semaine, est la présidente depuis 2013.

L’organisme aide les jeunes des Îles à aller étudier là où ils veulent, là où ils peuvent. Il fait aussi la promotion de la réussite et de la persévérance, et compte d’autres programmes, comme celui pour l’achat de livres pour les jeunes encore dans l’archipel. Et chaque année, depuis 20 ans, Mme Cormier s’engage de plus en plus pour aider l’organisme à amasser des fonds afin de financer tout cela.

« La vie est bonne avec moi », explique la femme de 58 ans qui habite Montréal depuis quelques années après avoir passé la majeure partie de sa carrière, en gestion de l’éducation, à Québec, au bureau central de l’Université du Québec.

« Une bonne famille, de bons professeurs, de bons patrons, un bon chum… alors c’est pour moi normal et naturel de tenter de redonner aux autres. Probablement aussi que le fait d’avoir grandi sur une île où l’entraide était une valeur bien établie [y est pour quelque chose]. »

— Line Cormier, présidente de la Fondation Madeli-Aide pour l’éducation

Mme Cormier est partie faire son cégep à Rivière-du-Loup, une expérience où elle s’est sentie isolée, à cause de son accent acadien, typique de son archipel. Qu’à cela ne tienne, c’est à Moncton qu’elle a choisi ensuite d’aller étudier pour l’obtention de son diplôme de premier cycle en éducation physique, avant d’aller faire une maîtrise à l’Université Laval, à Québec. C’est là qu’elle a commencé à s’intéresser à l’utilité des technologies de l’information – on était dans les années 80 – pour l’éducation, une piste qui guidera une grande partie de sa carrière à Québec, au sein de l’organisme chapeautant les universités du Québec à travers la province.

Pourquoi habite-t-elle Montréal maintenant ? Parce que son conjoint, qu’elle a rencontré il y a 13 ans, sur le quai, aux Îles, alors qu’il était en escale, au cœur d’une promenade dans le golfe du Saint-Laurent en voilier, habite la métropole. Quand on lui souligne le caractère bien romantique de cette rencontre, elle rit et admet qu’il y avait pas mal plus de chances qu’elle tombe ainsi amoureuse d’un marin, au bord de la mer, « que sur un terrain de golf ».

C’est un cliché, mais c’est vrai, dit-elle. « Les marins passent aux Îles, les filles aiment les bateaux… » Depuis, ils ont fait du voilier ensemble un peu partout, du Québec aux Antilles, et même en Méditerranée.

***

Des organismes de bienfaisance qui amassent de l’argent, il y en a des centaines. Mais la fondation de Mme Cormier a une façon bien spéciale de convaincre des donateurs de dépenser 300 $ pour un souper, qui a eu lieu jeudi dernier. La soirée, qui accueille 500 personnes, se déroule sur un bateau amarré à Québec un premier soir, puis dans le Vieux-Port de Montréal le lendemain. Mais surtout, on y sert du homard ! Pour l’événement, des pêcheurs des Îles fournissent 2500 crustacées.

Les homards partent en bateau des Îles et arrêtent à Québec, puis à Montréal. C’est la Coopérative de transport aérien et maritime, mieux connue sous le nom de CTAM, qui commandite l’événement.

Difficile de trouver plus frais. Et plus festif.

Le homard, c’est le prétexte idéal pour manger ensemble, en gang, explique-t-elle. C’est pour ça que les Madelinots en mangent rarement à l’extérieur. Ils font ça à la maison et invitent leurs proches pour une dégustation ultra conviviale. « Franchement, je ne connais personne des Îles qui mange ça au restaurant », répond-elle quand je lui demande quelle est la meilleure table pour manger du homard à l’extérieur des Îles.

À part trouver année après année le meilleur homard pour la soirée-bénéfice, quels sont ses autres défis en philanthropie ?

« Ramasser des fonds, bien entendu. » (Les deux événements ont permis d’aller chercher 250 000 $ nets cette année.)

« Mais aussi recruter des collaborateurs qui pourront donner de leurs compétences pour la cause ! », explique-t-elle.

« Heureusement, de jeunes Madelinots qui ont reçu des bourses à partir de 1998 commencent à s’engager à leur tour, ils constituent notre relève ! »

Pour Mme Cormier – comme pour bien des personnalités de la semaine qui insistent toutes pour le dire –, le succès est un travail d’équipe. « Le succès de la Fondation Madeli-Aide repose sur l’engagement de plusieurs personnes, ça prend “beaucoup de rameurs dans la chaloupe” ! »

Line Cormier en quelques choix : 

Films préférés : « Les gentils films français qui nous font rire ! La vie nous apporte déjà assez de stress à gérer sans en ajouter au cinéma. »

Un livre : 50 ans, et après ?! d’Éric Dudan. Les portraits de 50 personnalités exceptionnelles – de Léonard de Vinci à Coco Chanel – qui ont accompli de grandes choses après l’âge de 50 ans.

Un personnage historique : Henri le Navigateur, Portugais de l’époque des débuts des découvertes et de la colonisation, grand mécène de grands découvreurs. « Pour son approche de “communauté de pratique” avant son temps qui a fait progresser rapidement les connaissances en navigation. »

Un personnage actuel : « J’ai une grande admiration pour les professionnels de la DPJ qui doivent travailler dans des contextes difficiles pour protéger les enfants. »

Une citation : « Après le verbe “aimer”, “aider” est le plus beau verbe du monde. » — Bertha von Suttner, première femme à recevoir le prix Nobel de la paix, en 1905

Une cause pour laquelle elle irait manifester : « La nécessité de donner des moyens aux élèves pour assurer la réussite de tous. Et sur ma pancarte, j’écrirais : “On a besoin de chacun d’eux.” »

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