Souris Mini

Des problèmes qui touchent d’autres détaillants

Les détaillants québécois peinent-ils à gérer la croissance et hésitent-ils à miser sur des gestionnaires d’expérience habitués à naviguer en eaux troubles ? Chargé de cours à l’École supérieure de mode ESG UQAM, Naoufel Remili croit que oui.

Investissements pétroliers

Desjardins se montrera plus sévère

Après cinq mois de réflexion, le Mouvement Desjardins met un terme à son moratoire sur le financement de projets de pipeline : sans tourner le dos au pétrole, la coopérative de Lévis entend dorénavant se montrer plus sévère dans ses relations d’affaires.

Desjardins doit dévoiler aujourd’hui des mesures pour soutenir la transition énergétique, mais aussi pour tenter d’amener les entreprises à adopter de meilleures pratiques en matière d’environnement, de saine gouvernance et de respect des collectivités.

« Le secteur du pétrole et du gaz fait partie de la solution. On doit influencer les entreprises à s’inscrire dans une transition énergétique accélérée plutôt que de quitter le secteur pétrolier et de ne plus être autour de la table pour exercer une influence. C’est important dans notre volet coopératif de rester un influenceur », dit le PDG du Mouvement Desjardins, Guy Cormier.

La pression était forte, notamment de la part des Premières Nations, pour que Desjardins cesse de financer les projets d’oléoduc au pays. Desjardins avait décrété son moratoire au début de l’été, peu après avoir accordé un prêt de 145 millions de dollars à la société pétrolière texane Kinder Morgan pour son contesté projet Trans Mountain.

Les Premières Nations soutiennent que les projets de pipeline violent leurs droits, et s’inquiètent particulièrement d’une hausse des émissions de gaz à effet de serre et des risques de contamination de l’eau.

Desjardins n’est pas la seule institution financière canadienne à participer au financement de pipelines. Toutefois, en raison notamment de la sensibilité de la coopérative aux questions sociales et environnementales, les Premières Nations souhaitaient voir Desjardins se défaire de ses prêts accordés aux entreprises ayant des activités dans les sables bitumineux albertains.

Beaucoup plus de questions

Les investissements de Desjardins dans le secteur du pétrole et du gaz s’élèvent à environ 6,5 milliards sur un actif total de 275 milliards, ce qui représente moins de 3 % du portefeuille. « Ce n’est pas parce que je change mes critères pour le futur que je vais réviser des contrats signés il y a trois ou quatre ans. Je ne peux pas détricoter des choses. On est en affaires. On travaille sur la confiance », dit Guy Cormier.

« La décision prise est celle d’honorer nos engagements. On ne retirera pas nos financements. Mais dorénavant, lorsqu’un projet de pipeline nous sera présenté, on posera beaucoup plus de questions. »

« On va se demander si les Premières Nations sont d’accord, si les communautés ont été consultées, si l’entreprise gère son empreinte carbone efficacement et si l’entreprise est un bon citoyen corporatif. Des questions qu’on se posait beaucoup moins avant. Là, on va se les poser. »

Le grand patron du Mouvement Desjardins dit qu’un constat fait dans les derniers mois est que 60 % de la consommation mondiale de pétrole est liée au domaine du transport et que 40 % sert à fabriquer des produits de plastique, du textile, des cosmétiques, etc.

« Si on sort du secteur, ce n’est pas juste le transport, c’est plein d’autres activités dans la société qui sont à risque. »

— Guy Cormier, PDG du Mouvement Desjardins

La décision de Desjardins arrive deux mois après que la banque française BNP Paribas eut annoncé ses mesures en faveur de la transition énergétique. La banque a décidé de couper les ponts avec les acteurs centrés sur le gaz et le pétrole de schiste et le pétrole issu des sables bitumineux.

« Il faut faire attention à ces annonces-là », dit Guy Cormier. « Je regarde les positions de BNP Paribas au Canada et c’est un peu comme si je disais que Desjardins prend la décision de ne plus investir dans l’énergie en Chine. Nous n’avons déjà pas d’investissement en Chine. »

Les quatre mesures prises par Desjardins

Empreinte carbone moindre

D’ici 2020, Desjardins s’engage à ce que l’empreinte carbone de son portefeuille investi dans les marchés (ratio émissions de gaz à effet de serre/ventes de l’entreprise) soit 25 % inférieure à celle des entreprises qui composent les indices boursiers et obligataires.

Nouveaux critères

Ajout de trois nouveaux critères d’autorisation pour les investissements, placements ou financements : acceptabilité sociale (Premières Nations, MRC, etc.), gouvernance (conditions de travail, rémunération, etc.) et environnement.

Énergies renouvelables

Desjardins favorisera les énergies renouvelables pour ses investissements directs en infrastructures énergétiques réalisés à partir de ses fonds propres. Le Régime de rentes du Mouvement Desjardins prend le même engagement.

Crédits de carbone

Desjardins compensera dès cette année les émissions de gaz à effet de serre associées à ses activités par l’achat de crédits de carbone.

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