LE PSYCHOÉDUCATEUR :

un intervenant clé en santé mentale jeunesse

De nos jours, le psychoéducateur joue un rôle actif et essentiel auprès des jeunes ayant une problématique de santé mentale. Celui-ci est en effet reconnu pour sa polyvalence, sa vision globale et ses actions concrètes et directes, d'où son implication de plus en plus significative auprès des jeunes souffrant de troubles mentaux.

La pratique de la psychoéducation ne cesse de se modifier et de s'adapter aux nouvelles réalités. Or, les problématiques de santé mentale chez les jeunes sont une des réalités avec lesquelles le psychoéducateur doit composer de plus en plus. « On parle beaucoup de maladies mentales chez les adultes, mais on oublie que les jeunes peuvent aussi en souffrir », affirme Denis Leclerc, président de l'Ordre des psychoéducateurs et psychoéducatrices du Québec. De fait, au Canada, un enfant ou adolescent sur cinq est atteint d'une maladie mentale pouvant être diagnostiquée. « Il y a 20 ans, on parlait peu de problématique de santé mentale en milieu scolaire, mais aujourd'hui cela est fréquent », souligne M. Leclerc. « De même, dans les Centres jeunesse, les problèmes de santé mentale affligent près de 50 % de la clientèle », poursuit M. Leclerc. Le psychoéducateur est donc de plus en plus appelé à travailler auprès de jeunes ayant une problématique de santé mentale. Celui-ci travaille d'ailleurs souvent en concertation avec d'autres professionnels de la santé tels que des psychologues et des travailleurs sociaux, pour répondre aux besoins dans ce domaine.

« Les problèmes mentaux représentent la première cause d'hospitalisation chez les 15 à 24 ans, d'où l'importance de s'en occuper. »

— Denis Leclerc, président de l'Ordre des psychoéducateurs et psychoéducatrices du Québec

UNE EXPERTISE UNIQUE

« Le psychoéducateur est bien préparé pour jouer un rôle important dans les problématiques de santé mentale chez les jeunes », assure M. Leclerc. La formation en psychoéducation, qui consiste maintenant en un diplôme universitaire de deuxième cycle, procure une bonne connaissance des différentes psychopathologies de l'enfant et de l'adolescent, et ce, tant par rapport aux catégories diagnostiques (DSM) qu'aux besoins vécus dans les différentes dimensions de leur développement (socioaffectif, cognitif, moteur). Cette connaissance est d'autant plus utile que la prise en charge de jeunes souffrant de troubles mentaux comporte des enjeux particuliers. En effet, les intervenants impliqués auprès de ces jeunes se voient aux prises avec des défis au niveau de l'intervention compte tenu des caractéristiques personnelles de cette clientèle. « L'adolescence est une période de grands changements, ce qui complexifie l'intervention des intervenants », explique M. Leclerc. De plus, bien des jeunes présentent une comorbidité, c'est-à-dire qu'ils souffrent de deux ou plusieurs troubles (de problèmes de santé mentale et de dépendance, par exemple). « La comorbidité peut également augmenter la complexité et la gravité du trouble », ajoute M. Leclerc. Le rôle du psychoéducateur est donc significatif tant pour les jeunes ayant des problématiques de santé mentale diverses que pour les équipes soignantes (en CSSS, en centre hospitalier, en centre jeunesse, etc.).

« Ce qui distingue particulièrement le psychoéducateur des autres professionnels des relations humaines, c'est qu'il tient compte non seulement des contraintes individuelles, mais aussi des contraintes environnementales. »

— Denis Leclerc, président de l'Ordre des psychoéducateurs et psychoéducatrices du Québec

UNE INTERVENTION RECONNUE

« Comme le psychoéducateur est avant tout un intervenant direct en relations humaines, celui-ci va travailler sur les difficultés d'adaptation du jeune aux prises avec des difficultés de santé mentale, et ce, dans ses différents milieux de vie », raconte M. Leclerc. Sa formation lui permet en effet de bien cerner les difficultés et les besoins d'adaptation et ensuite de mettre en place un plan d'intervention pour corriger la situation. « Le psychoéducateur est aussi formé pour reconnaître les capacités adaptatives des personnes », soutient M. Leclerc. Ce sont d'ailleurs sur ces capacités adaptatives des jeunes que reposera le plan d'intervention. « L'approche du psychoéducateur est de toujours s'appuyer sur les forces d'un individu », précise M. Leclerc. De plus, sa connaissance de plusieurs approches théoriques et cliniques permet aussi au psychoéducateur de cibler l'approche la plus adaptée en fonction des besoins et de la problématique du jeune. Il s'agit d'un atout de taille auprès d'une clientèle aux caractéristiques et besoins aussi variés — la dépression, l'anxiété, les comportements perturbateurs, les troubles de l'alimentation, le déficit d'attention avec hyperactivité (TDAH) et les troubles du développement sont les problèmes de santé mentale les plus répandus chez les enfants et les adolescents. D'autre part, le psychoéducateur apporte une vision complémentaire à l'approche biomédicale en collectant des observations précises sur les facteurs de risque et de protection du jeune et de sa famille dans toutes les dimensions de son développement et en interaction avec ses différents milieux de vie. « Le psychoéducateur contribue grandement aux soins des troubles mentaux offerts en première ligne », conclut M. Leclerc.

LE SAVIEZ-VOUS?

Pour pratiquer au Québec, un psychoéducateur doit être détenteur d'une maîtrise en psychoéducation et être membre de l'Ordre des psychoéducateurs et psychoéducatrices du Québec.

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