OPINION RÉMUNÉRATION DES MÉDECINS

L’étatisation, LA solution

Trop simple ? Sans doute. Trop cher ? Faudrait faire le calcul. Trop socialiste ? Faudrait se brancher

Depuis plusieurs jours, la rémunération des médecins et surtout le manque de contrôle sur celle-ci font les manchettes.

Plusieurs intervenants qui sont là depuis des années, voire de génération en génération, prônent de multiples solutions tout en décriant le pouvoir médical et en laissant entendre que les médecins sont la source du problème. La multiplication des actes, la multiplication des codes de facturations, la complexification de la gestion des actes médicaux au Québec sont, pour certains, la source du problème.

Comment le régler, tout en laissant une bonne place aux contrôles par les multiples agences, régies et ministères impliqués ? Je ne crois pas que ce sont les médecins, seuls, qui ont complexifié la facturation ou demandé un plein accès aux soins, un médecin de famille pour tous, donc une augmentation du nombre de visites et par le fait même d’actes, en réclamant de l’autre côté une stabilité des coûts. Paradoxe ? Mais où repose la solution ? L’étatisation !

Le gouvernement, par Santé Québec, met en place un réseau (on aime bien ce mot au Québec) de cliniques médicales gouvernementales ouvertes de sept à vingt-trois heures et d’hôpitaux ouverts 24 heures qui sont directement gérés par Santé Québec. On perd alors l’influence de la politique et des médecins ministres.

Les médecins sont payés à salaire avec des conventions collectives négociées, comme dans le secteur public : semaine de 35 heures et demie, temps supplémentaire, temps double après 40 heures, primes de soir, de nuit et de week-end auxquelles s’ajoute les vacances payées, journées de maladie payées, journées de formation et de congrès médicaux, assurance responsabilité, la licence du Collège des médecins, l’assurance salaire, l’assurance maladie et invalidité et le régime de retraite offert par l’employeur au lieu d’être payé directement par le médecin.

La comptabilité en devient simplifiée et on peut abolir la Régie de l’assurance maladie du Québec et ses millions de codes de facturation et on règle, du coup, son manque de vérification et de surveillance. La paye peut être faite en comptabilisant seulement les heures travaillées. Transparence absolue.

Les frais d’administration des cliniques sont alors couverts par Santé Québec, on équipe ces cliniques avec un petit laboratoire et de la radiologie de base, des infirmières praticiennes, et on place une clinique en fonction du ratio médecins-population établi à partir de la norme administrative, ce qui règle du même coup le problème de l’accessibilité, car chaque patient serait tenu d’être suivi à sa clinique attitrée par Santé Québec.

Bien sûr, ces cliniques seraient équipées d’un dossier patient électronique géré par Santé Québec, qui contiendrait toute l’information et l’historique des visites du patient, les tests de laboratoire, les examens radiologiques et la liste à jour des médicaments que prendrait l’usager. Du côté administratif, chaque clinique aurait son directeur général (permanence oblige) qui serait redevable à Santé Québec et responsable de la gestion complète de la clinique.

Exit les médecins, les cliniques médicales, les GMF. Les grandes orientations dans le domaine de la santé resteraient sous le contrôle du gouvernement, mais la réalisation des directives serait sous la gouverne de Santé Québec.

De cette façon, aucun abus possible des médecins, contrôle absolu sur les dépenses par le gouvernement, aucune duplication de tests ou d’examens, efficacité maximale et dépolitisation des soins de santé au Québec. 

Trop simple ? Sans doute. Trop cher ? Faudrait faire le calcul. Trop socialiste ? Faudrait se brancher. Au pire, les médecins qui ne seront pas contents quitteront le Québec ou iront au privé… au fait, combien seront-ils ? Selon la Régie… une poignée. Matière à réfléchir.

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