Journées de la persévérance scolaire

Rendre les devoirs agréables

Quinze heures trente. La cloche sonne, mais pour une cinquantaine d’enfants des écoles Saint-Nom-de-Jésus et Hochelaga, à Montréal, l’autobus partira plus tard. Au cours de l’heure qui suit, ils feront leurs devoirs, assisteront à des ateliers et participeront à des jeux éducatifs. Un petit plus qui, espèrent les intervenants autour d’eux, pourrait leur éviter de décrocher, plus tard.

« Les enfants qui sont ici sont envoyés par les enseignants. Ils sont en échec scolaire, ou encore ils ne remettent pas leurs devoirs, ou ils ont des défis personnels comme le travail d’équipe, par exemple », explique Marie-Lyne Brunet, directrice générale de Je Passe Partout. Cet organisme soutient environ 450 enfants de sept écoles, dans l’arrondissement de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve, chaque jour après l’école.

En prévision des Journées de la persévérance scolaire, qui s’amorcent aujourd’hui, La Presse a passé un moment auprès de ces jeunes.

« Qui veut lire la suite ? », lance Cloé Mainville, intervenante, à un groupe d’élèves de 1re et 2e année captivés par une histoire projetée sur le tableau interactif. Un conte aux accents de princes et de bisous…

« C… c… com-me tu es bel...le », s’exécute Daphné. Ici, personne ne jugera le temps qu’il lui faut pour déchiffrer les mots. Tout ce qui importe, c’est le baiser du personnage principal : viendra-t-il ?

« Pourquoi ses joues sont roses ? », demande Cloé, pour s’assurer que tous les enfants comprennent le sens de l’histoire. « Parce qu’il la trouve belle et qu’il veut la transformer en crapaud ! », s’exclame Djaya.

C’est le petit Louis-Félix qui aura le privilège d’appuyer sur le bouton qui fera entendre le son du fameux bisou, après avoir patiemment lu les mots : « Oh, comme c’est bon ! »

« Moi, j’aime pas les devoirs. Sauf ici. »

— Un garçon de 2e année

Même ambiance bon enfant chez les plus grands. Dans un autre local, Jade et Christopher, des élèves de 5e année, rangent leurs livres en badinant. Sur le bureau de Jade, un texte sur les origines de la Saint-Valentin. Devant notre intérêt pour le sujet, la préadolescente ne fait ni une ni deux et se met à lire l’histoire à voix haute. Mais certains mots sont complexes.

« Hummm… “fête païenne”, vous savez ce que ça veut dire ? », demande Marie-Lyne Brunet au duo.

— C’est un pays ?, risque Christopher.

— Qui va trouver le premier la définition du mot “païen” dans le dictionnaire ?, les met au défi la directrice.

Les deux jeunes se précipitent vers l’ouvrage de référence. « Eh bien, je ne savais pas ça ! », lance Christopher après avoir compris la signification de ce nouveau mot.

Chaque année est cruciale, mais Mme Brunet précise que pour certains élèves, vient un moment où les difficultés semblent insurmontables.

« Chaque enfant a son parcours, mais autour de la 4e année, s’il est laissé à lui-même, s’il a des difficultés, il devient conscient qu’il peut se laisser aller. On veut leur montrer qu’ils peuvent aspirer à mieux. »

— Marie-Lyne Brunet, directrice générale de Je Passe Partout

Le service est gratuit, financé en grande partie par le ministère de l’Éducation et les enveloppes d’aide aux devoirs des commissions scolaires.

LES PARENTS DANS L’ÉQUATION

Les intervenants de Je Passe Partout font aussi le lien entre l’école et la maison. Car les parents s’engagent, eux aussi. « On va les rencontrer à la maison régulièrement, explique la directrice générale. C’est là qu’on se rend compte que les parents qui ne soutiennent pas leur enfant ne font pas preuve de mauvaise foi : ils sont frustrés, car ils ne se sentent pas compétents comme parents. »

Autour de la table familiale, les intervenants prennent donc le temps d’expliquer certains détails de la vie scolaire aux parents et de les appuyer dans leurs interventions à la maison.

Car pour Clevens, 10 ans, l’avis de ses parents sur les progrès qu’il fait à l’école est primordial : « Je fais des progrès dans mon comportement. Mes parents sont fiers. Moi aussi, je me sens fier. »

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