Santé

De l’espoir pour la détection de la maladie d’Alzheimer

D’ici une génération, le dépistage de l’alzheimer et peut-être même les traitements auront énormément progressé, selon une sommité québécoise. Entrevue.

Avec son collègue généticien Judes Poirier, le neurologue de l’Université McGill Serge Gauthier vient de publier une nouvelle édition de leur livre La maladie d’Alzheimer. « Ces dernières années, on a de très bonnes nouvelles au niveau du diagnostic, qui est plus précis qu’avant », explique le Dr Gauthier dans son bureau du Centre McGill d’études sur le vieillissement, à l’Institut Douglas, à Verdun.

« On est bien meilleurs aussi dans la prise en charge structurée des patients. Je pense sincèrement que d’ici 20 ans, il va être possible de détecter l’alzheimer avant l’apparition de symptômes. » Pourra-t-on stopper sa progression ? « C’est encore incertain. » Le Dr Gauthier cite notamment des tests sanguins prometteurs et une nouvelle vague de médicaments actuellement en essais cliniques. « On travaille avec des collègues français qui ont obtenu des résultats prometteurs avec de petites doses de lithium, le nanolithium. C’est intéressant parce que le lithium est déjà utilisé et qu’à ces faibles doses, on a peu ou pas d’effets secondaires. » 

Les personnes actuellement à risque pourraient-elles déjà prendre du lithium, utilisé en ce moment notamment pour la maniacodépression ? « Non, il faut des doses directement dans la muqueuse buccale. »

Tests sanguins et cognitifs

Le test sanguin pourrait être particulièrement utile, parce qu’il donnerait pour la première fois une manière biologique de déceler la maladie avant l’apparition des symptômes. « Il faudra confirmer les résultats avec de larges populations, explique le Dr Gauthier. Pour le moment, on fait des tests cognitifs. » 

Ces tests cognitifs ne sont pas aussi précis qu’un test sanguin comme ceux qu’on utilise pour le cholestérol, par exemple. Ainsi, il a fallu plusieurs années avant de lier de façon définitive le trouble cognitif léger, qu’on évalue avec un test cognitif, et le risque plus élevé d’alzheimer de cinq à sept ans plus tard. 

Le test sanguin dont parle le Dr Gauthier a été évalué en Suède avec des échantillons de plusieurs hôpitaux, dont certains de Montréal, et mesure un marqueur qui refléterait le contenu cérébral en plaques amyloïdes et en protéines Tau, associées à l’alzheimer. Pour le moment, pour avoir ces mesures, il faut analyser le liquide céphalorachidien ou faire de l’imagerie cérébrale, deux méthodes plus lourdes que les analyses sanguines.

Prévention

La prévention est à l’honneur dans le livre. Les programmes d’exercices cognitifs mis au point à l’Institut de gériatrie de Montréal commencent à accumuler les preuves de leur efficacité pour retarder l’apparition de la démence. L’exercice physique joue aussi un rôle, ainsi que le contrôle de maladies comme le diabète et l’hypertension. 

De plus en plus d’études portent également sur l’importance de l’alimentation. Puisque le niveau d’instruction joue un grand rôle dans le risque d’alzheimer, l’utilisation active du cerveau peut donc ajouter un facteur protecteur.

Schizophrénie

Le Dr Gauthier a 69 ans. Même si plusieurs espoirs de traitement de l’alzheimer ont été déçus depuis une quinzaine d’années, il pense que son travail en recherche fondamentale portera finalement ses fruits et devrait être confirmé d’ici une demi-douzaine d’années. Il souhaite ensuite relever un autre défi : susciter pour la schizophrénie le même genre de recherches fondamentales que pour l’alzheimer. « La schizophrénie est un rêve pour moi, car très fréquente. J’espère stimuler l’intérêt des psychiatres pour l’approche biologique utilisée pour la maladie d’Alzheimer. »

Les facteurs de risque

De 30 % à 40 % des patients atteints de la maladie d’Alzheimer ne sont pas diagnostiqués

3 % des cas d’alzheimer sont dus au diabète

5 % des cas d’alzheimer sont dus à l’hypertension non traitée

13 % des cas d’alzheimer sont dus à l’inactivité physique

Source : Le livre La maladie d’Alzheimer

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