Opinion : Éducation

L’importance du Forum de Davos
pour la génération Y

La mondialisation, les nouvelles technologies et le rythme trépidant du changement ont augmenté la complexité de notre monde de façon exponentielle. Nous sommes aux prises avec des problèmes ardus tels que les changements climatiques, l’inégalité du revenu et l’insécurité alimentaire.

Les étudiants qui se trouvent actuellement sur nos campus devront bientôt s’attaquer à ces problèmes. Par conséquent, les universités doivent accélérer le rythme de leurs initiatives continues en vue d’exposer les étudiants à un milieu d’apprentissage fertile, grâce auquel ils apprendront à résoudre des enjeux complexes et à s’adapter au changement rapide.

Ce nouveau mode d’enseignement vise à exposer les étudiants aux problèmes pluridisciplinaires et, dans la même foulée, à les ancrer aux notions fondamentales.

Il favorise la créativité, permet aux étudiants de donner libre cours à leur fibre entrepreneuriale et les amène à sonder les frontières de leurs connaissances.

Lorsqu’il s’agit de préparer les leaders de demain – appelés à résoudre des problèmes d’une redoutable complexité et à entreprendre divers parcours au cours de leur carrière – , il est essentiel de permettre aux étudiants d’apprendre hors du cadre universitaire en partenariat avec les secteurs privé et public grâce aux études sur le terrain, aux stages et aux innovations pratiques.

Cette année, j’ai, une fois de plus, eu la bonne fortune de me trouver parmi les leaders à la réunion annuelle du Forum économique mondial, à Davos, pour traiter de ces « affreux problèmes ». Nous prenons de plus en plus conscience que ces problèmes n’évoluent pas en vases clos, mais qu’ils font plutôt partie intégrante de systèmes interreliés, de sorte qu’il est considérablement plus difficile de les comprendre et de les résoudre.

Ainsi, la sécheresse attribuable à la hausse des températures planétaires frappe plus durement les moins nantis si bien qu’ils ont moins à manger, ont davantage de problèmes de santé et souffrent d’une inégalité accrue. Cela dit, la solution à un problème peut se traduire ailleurs par des répercussions involontaires défavorables. En effet, les liens ajoutent à la complexité.

Comment façonner un monde durable

Des professeurs passionnés de l’Université McGill, au nombre de trois, ont également été invités à Davos pour traiter du façonnement d’un monde durable. Graham Macdonald a parlé de notre vaste système alimentaire mondial – production, transport et consommation alimentaires. Si nos choix en matière d’alimentation ont des incidences quotidiennes sur ce système, le professeur Macdonald a démontré que la consommation dans l’optique de la durabilité est bien plus subtile que le simple choix d’un aliment local au détriment d’un autre qui provient d’ailleurs.

Elena Bennett s’attache aux «  scintillements  » – les réussites dissimulées dans le dédale souvent glauque de l’information sur notre environnement. Elle utilise des outils d’analyse de données pour extirper les caractéristiques communes de projets durables couronnés de succès en vue de repenser la relation entre l’homme et l’environnement.

Le troisième professeur, Andrew Gonzalez, mène des recherches sur les écosystèmes du Grand Montréal. Il a découvert qu’il ne suffit pas de créer isolément les espaces verts robustes qui font contrepoids à la chaleur des îlots urbains et qui contribuent à contrôler les inondations, à filtrer l’air, de même qu’à fournir des aliments et des espaces propices à la réflexion et à la relaxation. En fait, la santé de ces espaces verts, et les bienfaits qu’ils nous procurent, dépendent de la qualité des liens et des interactions entre ces écosystèmes. Tout écosystème isolé est malsain.

Il n’est pas aisé de comprendre ces interactions. Et il est encore plus difficile de concevoir des interventions aux retombées favorables sur la faune, l’eau, la végétation et la population dans les divers écosystèmes montréalais. Il devient affolant de songer aux répercussions sur les autres systèmes et sur les autres volets d’activité.

Travail d’équipe

Les recherches présentées à Davos ne sont que quelques exemples des relations complexes et des systèmes interreliés associés aux problèmes de notre monde. Dans mon rôle de leader universitaire, je réfléchis constamment à la meilleure façon de préparer les étudiants à composer avec un monde dont la complexité ira en croissant. Comment une personne seule peut-elle s’y retrouver ?

Aucun individu ne peut y parvenir. De la même façon que les recherches menées à l’Université McGill et présentées à Davos démontrent que la santé des écosystèmes repose sur leur connexion, les personnes et les secteurs devront former des liens et collaborer pour trouver des solutions qui déboucheront sur la création d’un monde sain et équitable.

Nous n’en sommes certes pas à nos premiers pas. Cela dit, ce monde nouveau et complexe exige de nous tous une prestation d’un calibre plus élevé. La préparation de la jeunesse à l’avenir et la formulation de solutions à des problèmes d’une complexité inimaginable exigeront une collaboration d’une ampleur sans précédent et des partenariats établis dans tous les secteurs de notre société ainsi qu’aux quatre coins du monde.

– Suzanne Fortier était l’une des expertes invitées, le 19 janvier, dans le cadre de la table ronde sur « L’emploi et la quatrième révolution industrielle ».

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