Dans l’œil des coachs

« L’effet » Desharnais

L’ANALYSE DE MARTIN RAYMOND

À mes yeux, David Desharnais est la grande révélation des séries éliminatoires pour le Canadien.

On a pu voir dans le deuxième match combien sa perte a fait mal à l’équipe. Son retour, lors de la troisième rencontre, a eu un impact immédiat sur les performances du Canadien.

Je trouve qu’il est tellement sous-estimé. Son importance est cruciale pour le Canadien. Regardez le nombre de chances de compter qu’il provoque. Avec un peu plus de touche magique, Dale Weise aurait beaucoup plus de buts.

Plekanec est plus polyvalent, mais Desharnais est plus offensif. Il est travaillant et il joue avec fierté. Jeudi encore, il a été impliqué dans plein de chances de compter et son but a fait sortir Ben Bishop du match.

J’ai beaucoup de respect pour lui. Je l’ai dirigé à Hamilton, il mérite d’être rendu où il est parce qu’il a été acharné. On disait qu’il n’atteindrait pas la LNH à cause de son manque de vitesse, mais il a fait preuve de caractère. Or, c’est le caractère qui te fait gagner en séries.

Il était malade. Très malade, même, d’après ce que j’ai entendu entre les branches. Le voir revenir deux jours plus tard et jouer de cette façon depuis deux matchs, c’est impressionnant.

Le Canadien a gagné son premier match de la série jeudi, mais il ne s’agissait pas de sa première bonne performance. On a plutôt assisté à un juste retour des choses parce que Montréal a mieux joué que Tampa Bay dans trois des quatre premiers matchs.

La différence, jeudi, c’est que le Canadien a nettement mieux su faire flèche de tout bois. Mais il a encore dominé dans le nombre de tirs, dans le nombre de tentatives de tirs, son échec avant a encore été efficace, il a eu une meilleure possession de rondelle et le Lightning a encore une fois été victime de nombreux revirements : dix contre trois en faveur du Canadien.

S’il y a une seule chose de différente, et on l’a vu sur le premier but, c’est que Markov et Subban étaient prêts à s’impliquer davantage à l’attaque. On les a revus aussi très profondément en territoire adverse plus tard dans la période, les deux en même temps à la hauteur du cercle des mises en jeu !

En outre, les centres sont revenus beaucoup plus bas en zone défensive pour les sorties de zone. Le Canadien a ainsi été plus efficace à ce chapitre, lui qui aime généralement sortir par la bande. Les défenseurs du Lightning le savent et bloquent les bandes. Jeudi, au lieu de continuer sa route vers l’avant, le centre descendait plus bas que l’ailier pour s’offrir en option de passe devant le défenseur adverse qui presse la bande. Ça a abouti au but de Prust en troisième et imprimé beaucoup d’élan en général.

Tampa Bay doit beaucoup mieux jouer. Et à écouter Jon Cooper, il semble d’accord avec ce diagnostic. Le Lightning n’a pas bien joué lors des deux matchs à Tampa. Il ne méritait pas la victoire. Les joueurs font les jeux au moment opportun. Ils exécutent très bien offensivement et ça les sauve, mais de manière générale, ils ne méritent pas d’être en avance 3-1 dans la série.

Ils doivent être moins nonchalants avec la rondelle, surtout en sortie de zone et en zone neutre. Ce sont les unités spéciales qui les font gagner en ce moment. Le Canadien pourrait être facilement en avance 3-1 dans la série.

L’ANALYSE DE SÉBASTIEN FARRESE

Dès le départ, le langage corporel de Ben Bishop annonçait une soirée difficile.

Il jouait trop profondément dans son but, mettait trop de temps à se relever après un simple arrêt. Je ne crois pas qu’il cachait une blessure, il s’agissait peut-être simplement de fatigue. À moins que ça ne soit la pression, puisqu’il en est à sa première expérience en séries éliminatoires ?

Il s’est retrouvé sur le dos ou sur le ventre plus souvent que lors des matchs précédents. Et quand le Canadien le fait bouger latéralement, ça fait une différence.

Il a été surpris par la présence soudaine de Markov sur le premier but. Il est tombé en demi-papillon avec le bloqueur sur la glace, il était hors position.

Tout au long de la première période, le Canadien a exécuté ses passes plus rapidement et ça l’a déstabilisé. Après une période et demie, il avait déjà donné neuf retours.

Sur le deuxième but, il y a eu une belle feinte de Pacioretty puisque le Canadien avait l’habitude de tenter de le déjouer. L’attaquant du CH a plutôt opté pour un tir bas côté bloqueur, le type le plus difficile à stopper pour un gardien.

Sur le troisième but, on va se souvenir du but de Pacioretty lors du premier match alors que Bishop avait, là aussi, laissé tomber le tir sur son gant. C’est un signe de nervosité. Depuis le début de la série, Bishop a deux positions avec la mitaine. Dans la première, signe que le gardien est serein et stable, sa mitaine va être ouverte et à la même hauteur que son bloqueur. Jeudi soir, elle était à la hauteur de son épaule. Il n’avait pas la même mobilité avec sa mitaine. Il ne voyait pas la rondelle entrer dans sa mitaine. On est bien d’accord : David Desharnais n’a pas le tir le plus puissant de la LNH, et pourtant. Quand sa mitaine est trop haute, Bishop est nerveux.

Pauvre Andrei Vasilevskiy. Il n’avait pas joué depuis un mois. C’est très difficile d’entrer dans un match à 0-3. Il était très nerveux au début, mais il s’est ajusté au fil du match.

Il jouait très profondément dans son filet sur le premier but, mais, encore une fois, le tir était bas, côté bloqueur. Sur le deuxième but, le tir de Gallagher du cercle des mises en jeu, bas côté bloqueur, mal positionné, mais très beau tir de Gallagher. Il a fait une bonne glissade sur le troisième but, mais il n’était pas en position de faire l’arrêt sur le retour. Reste que ça n’est pas vraiment de sa faute. Tampa Bay en a arraché en général dans sa zone, ce qui n’a pas aidé la cause des gardiens. Au moins, Vasilevskiy s’est repris en troisième.

Même s’il a donné deux buts, Carey Price a offert une bonne performance. Par contre, la défense a joué tout un match devant lui. La plupart des tirs provenaient de l’extérieur, il avait toujours la vue libre, il a eu à faire seulement trois ou quatre gros arrêts dans le match, ce qui prouve l’excellent travail de la défense.

À plusieurs reprises, Price donne un petit retour, mais il parvient à ramener la rondelle à lui avec sa mitaine ou son bâton. Ça veut dire que la défense bloquait les attaquants du Lightning devant lui.

Sur le deuxième but, il était mal positionné. Il n’était pas centré. On voit de derrière le filet que sa jambe gauche est à l’extérieur du poteau. Il n’a pu faire une glissade normale. Il a dû se concentrer sur le tir, car il était trop avancé pour se placer en prévision d’une passe possible.

Sur le premier but, en infériorité numérique, très beau jeu du Lightning. Price était bien positionné, mais la passe transversale était efficace.

Ben Bishop : 3 sur 10

Andrei Vasilevskiy : 6 sur 10

Carey Price : 8,5 sur 10

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