Le succès en cinq leçons

La nageuse Aurélie Rivard collectionne les médailles.

L’été dernier, aux Jeux paralympiques de Rio, elle en a gagné quatre, dont trois d’or.

En 2015, aux Jeux parapanaméricains, elle en avait gagné sept… Au Championnat du monde de 2013 ? Cinq médailles…

Une grande athlète. Une jeune femme qui représente brillamment le Canada dans la piscine comme l’ont fait avant elle Victor Davis, Mark Tewksbury ou Hilary Caldwell, mais avec une main différente de la norme depuis sa naissance. Aurélie est une athlète paralympique, comme Chantal Petitclerc.

On l’a rencontrée il y a quelques semaines à la piscine olympique, à Montréal, où la médaillée de 20 ans qui vit à Saint-Jean-sur-Richelieu s’entraîne maintenant. Elle y était de passage puisqu’elle faisait une pause d’entraînement, histoire de laisser guérir une déchirure à l’épaule et une bursite. On lui a demandé de nous donner cinq conseils qu’elle aimerait transmettre à des jeunes adultes, des adolescents, des jeunes qui se demandent comment réussir dans la vie.

1- Fais-toi confiance

« Moi, je n’avais pas confiance en moi quand j’ai commencé, dit la jeune femme. Tout le monde croyait en moi, sauf moi. J’avais beaucoup d’anxiété, d’insécurité. Aucune estime de moi-même. D’ailleurs, j’ai été victime d’intimidation, à l’école et à la natation. » Sa main la gênait. Elle n’avait jamais l’impression d’être à la hauteur.

« Je n’étais pas full populaire, très timide… »

— Aurélie Rivard

Bref, comme tant d’entre nous, Aurélie a été une ado qui trouve la vie difficile. Mais l’entraînement, l’appui de ses proches, de son entourage, sa détermination lui ont permis de passer cette période du début de l’adolescence et d’en sortir plus que gagnante. « Mettons que ça ne m’aurait pas dérangée de sauter cette étape », confie-t-elle. Mais aujourd’hui, elle sait que ce n’était qu’un moment à passer. Et comble de l’ironie, les jeunes qui lui ont fait la vie difficile sont depuis venus s’excuser. « Ils m’ont dit qu’ils n’avaient jamais pris le temps de me connaître… » Dernier détail : parler aux autres de ce qui nous tracasse, savoir qu’on a le droit de se sentir comme ci ou comme ça et de le communiquer. « Il ne faut surtout pas tout garder en dedans ! »

2- L’entourage, c’est primordial

« Peu importe le projet, tu ne peux pas faire tout toute seule, explique l'athlète. Et c’est vrai. Les parents ont très souvent raison… Les gens qui ont de l’expérience sont des alliés ! » Tout le temps, dit-elle, il faut consulter les personnes-ressources qui nous entourent. Que ce soit des profs, des entraîneurs, des mentors… Aurélie salue son entraîneur qui la suit depuis 10 ans. Autre personne cruciale dans sa vie : Charlotte, sa jumelle, qui étudie maintenant à Québec et qu’elle irait rejoindre à l’université pour étudier les communications si elle ne devait pas rester à Montréal pour la natation. En attendant, elle essaie tranquillement de finir le cégep…

3- Croire en ses rêves, avoir des objectifs

« Ton corps suit ta tête », dit la jeune femme. Pour aller loin, il faut d’abord savoir où on veut aller. Aurélie est une amatrice de visualisation, de rêves encadrés, nommés, planifiés. « Il faut aussi savoir quand on a le droit d’être égoïste. Il y a des moments pour ça. Pour se recentrer sur soi. » Parle-t-elle de faire passer ses propres besoins par-dessus ceux de son entourage ? Pas du tout. Il s’agit plutôt d’oublier les autres, leurs défis, leurs objectifs pour penser à ce qu’on cherche, soi, à accomplir. « Fais tes affaires à toi, ce que tu veux accomplir exactement. Ne pense pas aux concurrents et à leurs stratégies. Normalement, ça marche. »

4- Se fixer des objectifs réalistes, un pas à la fois

« Si je me mets maintenant à penser à une médaille à Tokyo, c’est trop gros. Faut que je regarde ça comme un escalier », dit-elle. D’abord, elle doit se remettre en forme. Ensuite, passer à travers chaque qualification, prendre de front les défis un à la fois. « Il faut se donner des objectifs graduels, progressifs. » C’est la meilleure façon de rester motivée. Et c’est valable partout dans la vie. Si on pense, dit-elle, qu’il faudra arriver à la piscine à l’aube, tout le temps, pour les prochaines décennies, on se décourage. Mais si on le fait pour un but précis, à court terme, ça marche. En outre, l’athlète dit avoir immensément d’admiration pour les personnes qu’elle croise à la piscine très tôt le matin et qui vont travailler ensuite. « Moi au moins, j’ai un but précis, c’est un peu ma job, eux, ils font ça pour se garder en forme, souvent en plein hiver, on gèle, il fait encore noir. Wow, je suis impressionnée ! »

5- Aimer ce que tu fais, sinon c’est long longtemps !

« Pour réussir, il faut faire des sacrifices, des choses énervantes. Mais quand on a un objectif en tête, qu’on y tient et qu’on sait que tous ces moments difficiles valent la peine, ça se fait tout seul », explique l’athlète. Dans la vie, de façon générale, il faut éviter les pensées négatives. « C’est plus difficile d’entraîner l’esprit que le corps », dit-elle. Donc choisir le plaisir, la joie, le positif, les choses qu’on apprécie nous aide à aller dans une voie déjà un peu tracée qu’il sera plus facile de suivre. Et ensuite d’y réussir. Bravo Aurélie. 

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.