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Barrette lance 16 projets pour trouver le meilleur ratio patients-infirmière

Québec — Le ministre de la Santé et des Services sociaux, Gaétan Barrette, lancera dans quatre semaines 16 « projets ratios » au Québec afin de déterminer le ratio patients-infirmière optimal à appliquer dans les hôpitaux et les CHSLD pour réduire la charge de travail des professionnels en soins.

M. Barrette a rencontré hier la présidente de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ), Nancy Bédard, une semaine après leur dernière rencontre où il avait admis que peu avait été fait depuis deux ans pour réduire la charge de travail des infirmières.

« Ce n’est pas simple, faire un projet ratio. […] Ça a une certaine complexité qui exige de part et d’autre de suivre une certaine séquence », a prévenu le ministre de la Santé, qui a établi une feuille de route avec la leader syndicale pour le prochain mois.

Ainsi, M. Barrette et Mme Bédard se rencontreront à nouveau dans une semaine afin de choisir les lieux où les 16 projets ratios seront réalisés. 

Dans tous les cas, chaque région administrative du Québec – à l’exception du Grand Nord – aura son projet, réalisé dans un hôpital ou un CHSLD.

Ensuite, « une équipe conjointe d’experts [de la FIQ et du Ministère] détermineront comment réaliser les projets […] au cours des trois semaines suivantes », a expliqué Gaétan Barrette. Québec et le syndicat détermineront alors les paramètres d’analyse et les données qu’ils souhaitent recueillir afin d’établir de nouveaux ratios.

Selon le ministre de la Santé, les projets ratios – qui seront lancés graduellement en cascade, dans un mois – dureront de un à cinq mois.

« On peut dire que le ministre a fait de grands pas depuis quelques semaines. Il y a trois semaines, on n’avait rien sur les ratios, alors qu’on sort d’ici avec un engagement du ministre [pour des projets] dans chaque région du Québec. […] C’est positif », a affirmé Nancy Bédard.

Barrette rejette la loi demandée par la FIQ

Gaétan Barrette rejette toutefois la demande de la FIQ visant à faire adopter une loi pour encadrer les ratios patients-infirmière. Concevoir une telle loi serait trop complexe, a-t-il dit hier, ajoutant qu’il souhaitait toujours éliminer les heures supplémentaires obligatoires.

« Est-il possible d’écrire dans une loi un ratio qu’on aura dans un hôpital pédiatrique versus un hôpital pour adultes ? Un ratio dans une clinique externe de dermato versus une clinique externe d’oncologie ? Aux soins intensifs versus un étage de pédiatrie, et ainsi de suite ? Alors là, je comprends la demande des infirmières, mais ce n’est peut-être pas le chemin » approprié, a soutenu le ministre.

La semaine dernière, le syndicat des infirmières a rencontré les partis politiques, à l’Assemblée nationale, pour les presser d’appuyer son idée d’une loi qui encadre les ratios patients-infirmière. Au Parti québécois, on envisage la possibilité d’enchâsser de nouveaux ratios dans une loi, mais Jean-François Lisée ne s’y est pas engagé formellement, hier.

« Il faut un calendrier rapide pour établir des ratios raisonnables du nombre de patients par infirmière, [ce qui pourrait être statué par] une loi, par règlement ou par un encadrement législatif », a dit le chef péquiste, hier.

Pour Gaétan Barrette, « ce qui est important reste de cheminer de façon déterminée vers la résolution de cette problématique de charge de travail ».

« On va faire tous les efforts nécessaires pour arriver à la situation où il n’y en a plus de temps supplémentaire obligatoire. Le temps supplémentaire, on comprend qu’il y en aura toujours, il ne peut y en avoir zéro. Le temps supplémentaire obligatoire, on souhaite que ça disparaisse », a affirmé le ministre.

Le ministre a précisé que « toute [son] attention » est portée sur le dossier de l’organisation du travail, ce qui touche non seulement les infirmières, mais aussi les préposés.

Le bras de fer entre Barrette et le Trésor évité

Par ailleurs, le bras de fer envisagé entre le ministre Barrette et le gouvernement sur le niveau du financement à la Santé n’aura pas lieu. Lundi, le ministère de la Santé a reçu du Trésor une mise à jour de l’impact de l’entente avec les médecins spécialistes sur les attentes du ministre Barrette. L’écart est passé lundi de 500 à 5 millions, a confié une source au ministère de la Santé.

Pour le premier ministre Philippe Couillard, « le fait qu’on ait réussi à contenir, à mettre un frein à la croissance de la rémunération médicale elle-même, et comme poids dans le système de santé, permet de dégager des marges notamment à l’endroit des infirmières ».

« Au cours des dernières années, a-t-il ajouté, on a déployé beaucoup d’argent neuf pour les services, pour l’accès aux services. Je pense qu’on est mûrs maintenant, il faut faire un effort en argent neuf pour l’ambiance et la qualité de vie de nos employés du réseau de santé, notamment les infirmières. »

Ainsi, tout le plan souhaité par Gaétan Barrette entrerait désormais dans une augmentation de 4,5 % des crédits du Ministère pour 2018-2019, alors qu’il demandait jusqu’à ce jour 1 point de pourcentage de plus, bien loin de la base de discussion du Trésor pour l’exercice 2018-2019, fixée à 4 %.

Rémunération des médecins spécialistes

L’opposition veut que l’entente soit entérinée par les électeurs

Les partis de l’opposition souhaitent que « les Québécois décident si on entérine » ou non l’entente que le gouvernement a conclue avec la Fédération des médecins spécialistes, qui prévoit des hausses de rémunération de 11,2 % pour la période 2015-2023. « Le gouvernement libéral n’a pas le droit d’engager l’État, et donc les Québécois, à verser des milliards de dollars injustifiés », a affirmé hier le chef de la Coalition avenir Québec (CAQ), François Legault, qui demande au premier ministre Philippe Couillard de reporter après l’élection la signature de l’entente. « Je joins ma voix à celle de M. Legault pour dire au gouvernement de ne pas signer l’entente et de laisser le prochain gouvernement décider de ce qui va se passer pour l’avenir », a par la suite affirmé le chef du Parti québécois, Jean-François Lisée. Au gouvernement, la réponse est sans équivoque : c’est non. « [François Legault] veut faire en sorte qu’il y ait un climat de conflit persistant entre le gouvernement et les médecins jusqu’à l’élection, alors que nous, on vient de régler [la question] de façon intéressante pour la population en termes de service », a répondu Philippe Couillard. — Hugo Pilon-Larose, La Presse

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