Jouets

Un Playmobil en fauteuil roulant

« C’est trop cool », dit Romain Gallego, 8 ans, après avoir assemblé un personnage Lego en fauteuil roulant. Comme lui. « Je peux lui faire faire des culbutes ! », s’exclame le garçon à l’esprit vif, atteint d’amyotrophie spinale de type 2. 

Ce jouet est offert dans un nouvel assortiment – nommé Le Parc de loisirs – comprenant aussi des figurines à vélo, jouant au ballon, mangeant un pique-nique, etc. Par le passé, Lego avait proposé des fauteuils roulants dans des scènes d’hôpital. Pas dans un contexte de plaisir. Playmobil, autre géant des figurines, vend aussi un personnage d’enfant en fauteuil roulant, poussé par son papa. Tous deux sont souriants.

« Il s’agit d’une excellente initiative de la part des fabricants de jouets, estime Marie-Paule St-Jacques, la mère de Romain. Il est important, selon moi, de représenter une image réaliste de la société, avec des personnes handicapées et des gens d’origines diverses, même dans le jeu. »

« Cela permet aux enfants faisant partie de ces minorités visibles de se reconnaître. Et aux autres enfants d’accepter la différence, d’être plus ouverts. »

— Marie-Paule St-Jacques, mère de Romain

Jusqu’à présent, Romain n’a pas eu de figurine en fauteuil. « Il faut dire qu’il s’en fait encore très peu », observe Mme St-Jacques.

Poupées diabétiques

Les jouets inclusifs sont effectivement rares dans l’atelier du père Noël (et dans les magasins…), mais moins qu’avant. American Girl, une marque de poupées connaissant un vif succès (29 millions de poupées vendues depuis 1986), offre des trousses pour soigner le diabète, ainsi que des béquilles, des appareils auditifs et un harnais pour chien-guide, le tout en format adapté à ses poupées de 18 po (46 cm).

Pour « créer » une poupée qui ressemble vraiment à sa petite propriétaire, la collection Truly Me d’American Girl permet, quant à elle, de choisir parmi 40 différentes combinaisons de couleurs d’yeux, de cheveux et de peau.

Chez Walmart, les poupées Ma vie comme, qui y sont vendues en exclusivité, sont aussi offertes en différentes carnations. « Ces poupées représentent la diversité ethnique et les intérêts variés [ballerine, coiffeuse, écolière, etc.] » des fillettes, indique Felicia Fifer, directrice du marketing et des relations publiques de Walmart Canada. Elles sont appréciées des enfants « et se vendent bien », assure Mme Fifer.

Même la blondissime Barbie s’est réinventée en 2016. Lancée fin janvier, la collection Fashionista présente 4 types de corps (dont un légèrement rond), 7 teintes de peau, 22 couleurs d’yeux et 24 styles de chevelure. « Nous croyons que nous avons la responsabilité, envers les filles et les parents, de refléter une vision plus large de la beauté », a dit dans un communiqué Evelyn Mazzoco, alors vice-présidente de Mattel et directrice générale de la marque Barbie. Ça semble marcher : les ventes mondiales de Barbie étaient en hausse de 16 % (de 17 % à taux de change constant) au troisième trimestre de 2016.

« Elle a des cheveux comme moi ! »

Agathe Tupula Kabola, 30 ans, ne se souvient pas d’avoir joué avec une poupée mulâtre comme elle. « Dans mes souvenirs, toutes mes poupées étaient blanches, avec des cheveux blonds et des yeux bleus », dit l’orthophoniste et directrice générale de la clinique Proaction.

Sa nièce de 4 ans, à la peau noire, a quant à elle reçu une poupée noire. « Quand elle l’a vue, elle a dit : “Ah, elle a des cheveux comme moi !”, indique Mme Tupula Kabola. Juste le fait de pouvoir s’identifier à un jouet, de trouver une caractéristique commune, ça peut être intéressant pour un enfant. »

En fouillant dans l’internet, on trouve des poupées trisomiques, amputées, présentant des taches de naissance, des implants cochléaires, etc. Le site anglais Toylikeme, créé pour faire pression sur les fabricants de jouets, en recense plusieurs.

« Je pense que ce qui est sain, c’est de proposer un éventail de possibilités aux enfants, note Mme Tupula Kabola. Les enfants banaliseront ainsi la différence, ce qui peut avoir des effets bénéfiques à long terme. »

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.