DISCRIMINATION SYSTÉMIQUE

Québec ne montre pas l’exemple

Engagement incertain

Plutôt que de mettre sur pied un programme d’accès à l’égalité à l’emploi ciblant les minorités ethniques victimes de discrimination systémique, le Secrétariat au Conseil du trésor utilise la catégorie « communautés culturelles », faisant fi de l’avis de la Commission des droits de la personne (CDPDJ). « Depuis que les PAE existent, la Commission a toujours trouvé important de distinguer les minorités visibles des minorités ethniques parce qu’ils ne font pas face au même traitement discriminatoire. Les groupes racisés, les Noirs et les groupes des autres minorités visibles sont beaucoup plus sujets à discrimination qu’une personne de minorité ethnique qui a appris l’italien dans son enfance et qui le parle encore », observe Suzanne Labelle, conseillère en accès à l’égalité à la CDPDJ.

En utilisant la catégorie fourre-tout « communautés culturelles », le gouvernement pourrait atteindre ses objectifs sans embaucher une seule personne de minorité visible, en ayant uniquement à son emploi des gens originaires d’Europe.

Minorités visibles au Québec : 11 %

Communautés culturelles dans la fonction publique

Ensemble de l’effectif régulier : 8,8 %

Haute direction : 3 %

Cadres : 3,2 %

***

Autochtones au Québec : 1,8 %

Autochtones dans la fonction publique

Ensemble de l’effectif régulier :1 %

Haute direction : 0,1 %

Cadres : 0,4 %

Sources : Statistique Canada, Conseil du trésor, Effectif de la fonction publique du Québec 2015-2016

Laxisme

En principe, toute entreprise qui sollicite une subvention ou un contrat gouvernemental de 100 000 $ ou plus et qui a 100 salariés ou plus doit s’engager à réaliser un programme d’accès à l’égalité si elle obtient le contrat ou la subvention. Dans les faits, cette politique, dont les règles et les sanctions sont établies par le Secrétariat du Conseil du trésor, n’est presque jamais appliquée. Seulement huit entreprises ont atteint les objectifs du PAE et rares sont celles qui ont été sanctionnées depuis 1989.

Diversité plutôt qu’égalité

« Les discours et documents gouvernementaux récents reflètent un glissement vers le concept managérial de gestion de la diversité au détriment de celui d’accès à l’égalité », déplorent Marie-Thérèse Chicha et Éric Charest, chercheurs du Centre d’études ethniques des universités montréalaises, dans une analyse critique de l’évolution des programmes d’accès à l’égalité publiée en 2013.

Les rapports annuels récents du Secrétariat au Conseil du trésor confirment ce glissement qui tend à faire oublier que l’accès à l’égalité est axé sur les droits fondamentaux et la lutte contre les discriminations plutôt qu’un consensus superficiel autour de la diversité.

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