Opinion 

Le secteur résidentiel, une des clés de la lutte contre les changements climatiques

Aux termes de l’Accord de Paris, le Canada s’est engagé à réduire, d’ici 2030, ses émissions de gaz à effet de serre (GES) de 30 % comparativement au niveau de 2005. Pour atteindre cet objectif, des mesures gouvernementales vigoureuses doivent être mises de l’avant. Il faut notamment chercher la contribution de tous les secteurs, dont le secteur résidentiel. En fait, la rénovation du parc de logements représente l’une des clés pour y arriver, tout en générant des impacts économiques, sociaux et environnementaux positifs.

Le Plan d’action 2013-2020 sur les changements climatiques notait que le secteur des bâtiments représente 14 % des émissions de GES au Québec, et 17 % au Canada. Il mentionnait également que depuis 1990, les émissions résidentielles ont chuté de 43 % en raison d’une utilisation accrue du chauffage à l’électricité.

En fait, nous savons que les immeubles construits aujourd’hui sont à la fine pointe de l’efficacité énergétique. Certains peuvent même produire autant d’énergie qu’ils n’en consomment. Par contre, des rénovations sont nécessaires dans le parc existant.

À moins qu’ils n’aient été rénovés, les plus vieux immeubles consomment davantage d’énergie pour le chauffage. En effet, les immeubles construits avant 1984 ont de 67 % à 172 % plus de besoins thermiques que ceux construits après 2011. Lorsqu’on considère que l’âge moyen du parc de logements au Québec est de 43 ans, que près de trois logements sur cinq ont été construits avant 1980 et que le quart a été construit avant 1961, on constate que le secteur résidentiel peut aider significativement à réduire la production de GES dans l’atmosphère.

Plusieurs mesures gouvernementales ont été adoptées pour stimuler la construction et la rénovation des immeubles. Soulignons la mise en place, de 2013 à 2019, de crédits d’impôt pour les propriétaires-occupants qui rénovaient leur résidence. Ces interventions gouvernementales ont eu des effets positifs sur la rénovation écoénergétique, mais aussi sur l’économie, car elles ont généré une croissance des investissements de 4 % à 5 % par année. Les plus récentes données de Revenu Québec démontrent que pour les années 2016 et 2017, RénoVert a été utilisé par 171 624 ménages québécois, générant une aide gouvernementale moyenne de 1671 $, la réalisation de travaux moyens de 10 856 $, et des retombées économiques locales de près de 1,9 milliard  !

Pour les logements qui ne sont pas chauffés à l’électricité, une rénovation écoénergétique représente une réduction des émissions de GES de 0,77 tonne en moyenne par année.

Pour les logements chauffés à l’électricité, on parle d’une réduction de 16 % en moyenne de la consommation totale d’énergie. Cette économie d’énergie serait certainement utile pour qu’Hydro-Québec puisse exporter son électricité propre dans des marchés où l’énergie utilisée pollue l’environnement.

L’Association provinciale des constructeurs d’habitations du Québec (APCHQ) a évalué que l’impact d’une aide de 30 % sur cinq ans pour la rénovation écoénergétique des logements locatifs privés au Québec représenterait une diminution annuelle permanente et récurrente des émissions de GES de 48 330 tonnes, soit l’équivalent de 18 700 voitures de moins sur nos routes.

Plusieurs programmes d’efficacité énergétique existent et ont leur place. Nous pensons toutefois qu’une aide gouvernementale simple et directe, comme l’était RénoVert, représente l’intervention gouvernementale la plus efficace pour stimuler la rénovation écoénergétique des immeubles résidentiels. Ce type d’aide ciblant les propriétaires-occupants et les propriétaires de logements locatifs privés, s’il était également assorti d’objectifs de conversion des bâtiments pour les rendre zéro émission, pourrait représenter des mesures phares du gouvernement du Canada et du Québec – et même des municipalités – en matière de lutte contre les changements climatiques.

Aujourd’hui, nous unissons nos voix pour en faire la demande. Nous invitons les décideurs politiques à faire de la lutte contre les changements climatiques une priorité, et à l’exprimer dans des mesures budgétaires qui feront la différence pour l’avenir de nos enfants et des générations à venir, en fait, de ceux qui vivront de plein fouet les impacts négatifs de notre action ou de notre inaction.

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