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Comment apprivoiser la Bourse

Les sites de courtage en ligne se multiplient, les entreprises offrant de la formation aux boursicoteurs amateurs aussi. Déçus par les rendements de leurs placements, plusieurs veulent maîtriser eux-mêmes leurs investissements. Mais comment s’y prendre quand on est novice ? Voici des conseils.

SE FORMER

Vous plafonnez à 4 ou 5 % de rendement, mais vous voulez éviter les intermédiaires pour augmenter la rentabilité de vos placements.

Investir directement en Bourse peut être une bonne idée, car vous éviterez notamment de débourser des frais de gestion exorbitants (de 1 à 2,5 % des rendements, généralement). Mais si vous n’avez pas de formation en finance et que vos notions de maths sont lointaines, le plus sage est de faire preuve de patience.

CHERCHER DE L’AIDE

Les entreprises qui offrent des formations aux boursicoteurs débutants sont de plus en plus nombreuses. Elles proposent des sessions de cours en groupe ou individuels en fonction des besoins. Souvent, les cours peuvent être pris en ligne.

Attention : elles ne vendent pas de produits et souvent ne conseillent pas non plus quels produits il faut prendre ; elles transmettent plutôt les méthodes à employer et les notions de base. Ces entreprises n’ont pas l’obligation d’être enregistrées auprès de l’Autorité des marchés financiers (AMF). Il faut donc vérifier à qui on a affaire.

PRENDRE LE TEMPS

Ne partez pas tête baissée. Prenez le temps de vous familiariser avec les termes, les produits et apprenez les bonnes méthodes pour maximiser les rendements tout en réduisant autant que possible les risques. « Les marchés sont de plus en plus techniques », rappelle Francis Lapointe, président fondateur de CFP Conseil, qui offre des services de coaching financier.

Boursicoter prend du temps pour suivre les marchés, décrypter les tendances, etc. C’est important d’acquérir une formation de base pour être capable de lire le rapport annuel d’une entreprise qui semble prometteuse, analyser ses chiffres, ses activités, ses perspectives et celles de son secteur d’activité, etc.

ÉVITER LES ÉMOTIONS

« Investir en suivant son intuition, c’est la meilleure manière pour perdre de l’argent à la Bourse », lance Stéphane Létourneau, directeur de Profession Day Trader, qui offre des cours d’initiation à la Bourse.

Par exemple, comme le pétrole a déjà perdu 30 % de sa valeur depuis le mois de mai, certains débutants pourraient en acheter beaucoup dès maintenant mais si ça continue de baisser, ils vont perdre beaucoup. Il faut plutôt utiliser plusieurs analyses techniques et attendre les signaux d’achat. Sans formation, les gens font des erreurs émotionnelles. Ils se laissent gagner par les tendances du moment. Les outils techniques enlèvent cette composante émotive. »

SE POSER LES BONNES QUESTIONS

Une fois bien formé, soyez clair avec vous-même sur ce que vous recherchez et sur le niveau de risque que vous êtes capable d’assumer. « Si quelqu’un va en Bourse pour obtenir un rendement supérieur, il faut qu’il sache que, pour cela, il devra prendre des risques supérieurs également. Plus l’objectif de rendement est élevé, plus le risque l’est aussi », met en garde Sylvain Théberge, directeur des relations médias de l’AMF.

« La pire raison pour aller investir en Bourse seul est de vouloir faire des coups d’argent rapides. Pour qu’un investissement s’avère profitable, il faut généralement investir sur du moyen ou long terme », ajoute M. Théberge.

CONNAÎTRE SON PROFIL D’INVESTISSEUR

Si votre titre principal perd 30 % de sa valeur en une période courte, êtes-vous du genre à ne pas en dormir de la nuit ou à attendre patiemment qu’il remonte ? La volatilité et l’imprévisibilité sont les principales caractéristiques de la Bourse. Êtes-vous prêt à accepter ces multiples montées d’adrénaline ? Votre âge entre aussi en ligne de compte.

Enfin, établissez les grandes lignes de votre « politique de placement », selon le terme employé par l’AMF : cela vous évitera de faire des transactions dans des sens contraires à vos objectifs, une fois jeté à corps perdu dans la vraie Bourse. À ce moment-là, les occasions multiples risquent de rendre vos idées confuses. Pour garder le cap, rien de mieux que quelques garde-fous notés sur un papier.

OUVRIR UN COMPTE

Vous connaissez maintenant la différence entre une analyse fondamentale et une analyse technique. Et vous vous êtes mis vos propres limites suivant le type d’investissements que vous voulez faire. Parfait, vous êtes fin prêt à ouvrir un compte.

Pour cela, vous serez tenu de passer par un courtier à escompte « par l’entremise [duquel] vous pouvez acheter ou vendre des actions, des obligations, des parts de fonds communs ou autres valeurs mobilières », explique le site de l’AMF.

CHOISIR SON COURTIER

Puisque vous voulez investir vous-même (plutôt que d’utiliser les services d’un courtier de plein exercice), vous devez savoir que le rôle d’un courtier à escompte est seulement de procéder aux transactions, pas de donner des conseils. « Il faut magasiner son courtier en regardant les prix, les sites internet qu’ils mettent à votre disposition, car tous ne se valent pas et certains, par exemple, ne sont qu’en anglais », recommande Sylvain Théberge.

Les institutions financières offrent toutes un service de courtier à escompte (souvent appelé courtage direct ou en ligne). « Je recommande de passer par elles, car c’est plus rassurant, elles communiquent beaucoup d’information et c’est plus facile pour les transferts de fonds. Ça permet un bon départ », explique Francis Lapointe.

COMPARER LES FRAIS

Les frais des courtiers à escompte sont bien moindres que ceux qui sont facturés par les courtiers traditionnels : ils représentent 0,1 % pour des fonds négociés en Bourse (FNB) par exemple, auxquels s’ajoutent souvent des frais de transaction qui varient, selon la fréquence, entre une dizaine et une vingtaine de dollars. Certains courtiers offrent des tarifs plus intéressants si la somme investie est supérieure à 50 000 ou 100 000 $, par exemple.

S’ENTRAÎNER

Vous pensez pouvoir vous lancer désormais et jouer votre argent ? Pas encore. Tout ce processus est d’ailleurs un bon moyen de tester votre patience et votre capacité à garder votre sang-froid ! La dernière étape, c’est donc de vous entraîner avec de l’argent virtuel. « On ne devrait pas se lancer avec du vrai argent tant qu’on n’atteint pas un taux de succès supérieur à 70 % avec les comptes de démonstration », affirme Stéphane Létourneau.

FONCER

Vous avez progressivement amélioré votre taux de succès qui est passé d’un piètre 30 ou 40 % à 70 ou 80 % ? Maintenant, vous avez tous les atouts en main pour plonger dans l’univers de la Bourse, bien outillé et informé. « Pour commencer, il vaut mieux investir des sommes modestes », recommande néanmoins Francis Lapointe. Ces sommes oscillent entre 1000 et 10 000 $ selon les experts.

« On peut augmenter progressivement, au fur et à mesure que le taux de succès s’améliore », ajoute Stéphane Létourneau.

Vous voilà investisseur et maître de vos placements.

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