Environnement

Ristigouche Sud-Est ne cédera pas devant la pétrolière Gastem

Ristigouche Sud-Est ne courbera pas l’échine devant Gastem. Le maire de cette municipalité de 168 habitants a exclu une entente à l’amiable avec la pétrolière qui poursuit l’administration municipale pour avoir adopté un règlement visant à protéger les sources d’eau potable.

Le maire réagissait ainsi aux propos du ministre des Affaires municipales Pierre Moreau, qui a déclaré à l’attention de Ristigouche vendredi, alors qu’il était de passage en Gaspésie : « Un règlement hors cour est préférable à un procès. » M. Moreau a réitéré cette déclaration à La Presse hier.

Le maire François Boulay juge cette déclaration complètement « gratuite », d’autant qu’il a rencontré le ministre le 2 septembre dernier pour discuter de la poursuite et l’hypothèse d’une entente à l’amiable n’avait pas été évoquée.

M. Moreau n’a pas commenté davantage, hier, expliquant que le gouvernement devait se garder d’intervenir dans un litige pour favoriser une partie au détriment d’une autre, « quelle que soit la nature de la cause ».

La pétrolière Gastem réclame 1,5 million en dommages à Ristigouche pour avoir adopté un règlement afin de protéger les sources d’eau potable, en interdisant les forages pétroliers dans un rayon de 2 kilomètres d’un puits artésien ou de surface.

La somme réclamée représente 5,5 fois le budget annuel de 275 000 $ de la municipalité et 12 fois le montant de taxe foncière de 2014, souligne M. Boulay. « Demandez-moi encore si on est en mesure de payer ! C’est démesuré », lâche-t-il

COLLECTE DE FONDS

Une collecte de fonds a même été lancée en juillet dernier pour couvrir les frais de justice et 85 000 $ ont été recueillis jusqu’à présent… ce qui n’est pas passé inaperçu chez Gastem.

« Gastem nous a fait une offre… ou plutôt ils ont voulu savoir combien d’argent on avait amassé dans la collecte de fonds », dit-il.

« Mais en aucun cas, on ne va utiliser cet argent pour financer une entente hors cour et que l’argent finisse dans les poches de la pétrolière. »

— François Boulay, maire de Ristigouche-Sud-Est

Si le gouvernement souhaite une entente à l’amiable, il n’a qu’à s’impliquer dans le dossier, plaide le maire. « La facture ne nous appartient pas », insiste M. Boulay.

Québec a d’ailleurs adopté, en juillet, un règlement pour interdire tout forage pétrolier ou gazier à moins de 500 mètres d’un puits souterrain d’eau potable.

Selon le maire, ce règlement donne maintenant raison à la municipalité. « Si ce règlement avait existé, jamais le ministère des Ressources naturelles n’aurait délivré le permis qui a donné le feu vert à Gastem de s’installer », explique-t-il.

Il ajoute que la poursuite de la pétrolière est le résultat de la négligence du gouvernement. « Je m’attends donc à ce que le gouvernement prenne ses responsabilités et soit imputable », insiste-t-il.

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