CHRONIQUE

Sortie de prison réussie pour Unité 9

Qui n’a pas pleuré – ou reniflé bruyamment – pendant la grande finale d’Unité 9, hier soir ? Bonjour les yeux bouffis ce matin. De mémoire, il s’agit de l’une des conclusions de série les plus satisfaisantes et émouvantes de la dernière décennie télévisuelle, rien de moins.

Sept ans de souvenirs carcéraux, doux comme durs, ont défilé hier sur nos écrans. Sept années de fréquentation hebdomadaire des filles de Lietteville ont pris fin dans un habile montage de surprises, de réconciliation et d’espoir.

Il est extrêmement difficile pour une auteure de tirer un trait définitif sur son œuvre en attachant tous les fils qui pendent. Danielle Trottier a relevé le défi avec brio, en y insufflant une touche de Six Feet Under. Pour ceux et celles qui ont enregistré cet excellent épisode, l’alerte au divulgâcheur résonne ici comme l’appel au dénombrement dans l’interphone des unités du centre de détention fédéral.

D’abord, quel beau flash – et super cadeau pour les fans – que d’avoir ramené à Lietteville l’évadée Annie Surprenant (Anne Casabonne), en cavale depuis le printemps 2015. C’était tout aussi réjouissant de revoir Michèle Paquette (Catherine Proulx-Lemay) dans le petit comité qui a accueilli Jeanne (Ève Landry) après sa libération.

Qui aurait cru que, sept saisons plus tard, la violente et dangereuse Jeanne Biron deviendrait l’une des détenues les plus appréciées du feuilleton ? Comme quoi le système carcéral remplit parfois sa mission de réinsérer les cas les plus lourds.

La parade de Jeanne a fait revenir les visages (en noir et blanc) de dizaines de personnages que nous avons tant aimés ou détestés au fil des épisodes, dont Shandy, Bouba, Élise, Cameron, Bétina, Henriette, Marie-Gisèle, Mariposa et Laurence, sans oublier l’IPL Caroline et l’aumônier Georges. Ne manquait que Monsieur Musique !

À l’intérieur des murs, le psychologue Steven Picard (Luc Guérin) a réussi à sauver Macha Vallières (Hélène Florent) du suicide en lui révélant le lourd secret de son père. Il le fallait, même si cela contrevenait aux dernières volontés de Pauline, la mère de Macha.

L’auteure Danielle Trottier a scellé le destin d’à peu près tout le monde. Jessica (Geneviève Schmidt) a renoué avec sa famille, Henriette (Danielle Proulx) a récupéré son héritage, Lucie (Émilie Bibeau) a survécu à sa leucémie, Marie (Guylaine Tremblay) s’est débarrassée de son secret, Marco et Josée (Mathieu Baron et Catherine Paquin-Béchard) vont se marier, tout comme Jeanne et Kim (Élise Guilbault).

Bien aimé le changement de garde à la direction de Lietteville – bonjour, Anne Dumouchel (Sophie Lorain) – , qui s’annonce moins stricte que sous la gouverne de Normand Despins (François Papineau). L’ancien directeur a lui aussi suivi une longue courbe dramatique l’ayant amené à s’humaniser et à assouplir ses méthodes.

C’est fou le nombre d’heures – 169, pour être précis – que nous avons investi dans cette série phénomène. C’est normal que l’on ressente un gros pincement au verrouillage des portes du pénitencier.

Refusée par TVA, cette série a repoussé les limites du téléroman dit traditionnel. Des sujets lourds comme l’inceste, la pédophilie, le viol ou la maladie mentale y ont été abordés avec sensibilité les mardis à 20 h devant 2 millions de téléspectateurs. Un exploit digne de mention, porté par une distribution impressionnante.

Maintenant que Lietteville est fermée au grand public, pourrait-on y organiser des visites guidées comme à Alcatraz ? Dites oui, s’il vous plaît.

Brûlée vive !

Finale choc pour L’échappée lundi soir à TVA. Seigneur doux Jésus du ciel, je ne pensais jamais voir une telle scène à la télé québécoise. Encore ici : l’alerte au divulgâcheur retentit comme la voix robotisée des louves blanches dans les gros écouteurs de Cécile (Anne Casabonne).

Sérieusement, l’agression de Zoé (Émilie Bierre), assommée puis brûlée vive par la cuisinière-cyberintimidatrice Samantha (Marilou Morin), m’a scié les jambes. C’était tellement violent, tellement soudain, tellement gratuit.

La pauvre Zoé ne s’en sortira pas indemne, si elle s’en sort tout court. Aspergée d’essence comme ça. Voyons donc.

La pauvre Joëlle (Laurie Babin) n’a guère été plus chanceuse. En fugue du centre, elle a été embarquée sur le pouce par le deuxième psychopathe de Sainte-Alice, le détraqué David Lelièvre (Patrick Hivon). Oups. La suite ? En septembre.

L’échappée, qui a été regardé par 1 059 000 fidèles lundi soir, assume de plus en plus son statut de soap, ce qui divise les fans. Soit on aime les intrigues plus rapides au parfum de thriller (et de Nihasa). Soit on trouve ça complètement invraisemblable. Je me situe dans la première cohorte, qui ne boude plus son plaisir, quitte à fermer les yeux sur la crédibilité.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.