Pédalez, c’est l’été !

QUAND L’ART DE RUE PERSONNALISE UNE VILLE DE FAÇON UNIQUE

Il est pratiquement impossible de se balader à Montréal sans y constater la présence d’art urbain. Que ce soit sur les murs, les poteaux, les trottoirs, sur une artère populaire ou au détour d’une ruelle, Montréal affiche ses couleurs. Petit plongeon dans ce véritable musée à ciel ouvert.

UNE GALERIE D’ART EXTÉRIEURE

Depuis maintenant trois ans, les édifices du boulevard Saint-Laurent et des rues adjacentes se transforment. Leurs murs se colorent et deviennent le canevas d’artistes de la contre-culture, dans un milieu où l’anonymat est de plus en plus difficile à conserver, où les créateurs sortent de l’ombre. Chaque année, en juin, le Festival Mural met en lumière des artistes qui, grimpés sur des échafauds, enjolivent les façades à coup de pinceaux, de bombes aérosols et de pots de peinture afin de créer des fresques immenses, magnifiques.

Commencez votre visite autour de la Main, là où vous retrouverez le plus grand nombre d’œuvres au kilomètre carré. Accrochez votre BIXI à la station du métro Saint-Laurent. Empruntez la rue Saint-Dominique : trois fresques vous feront de l’œil sur ce tronçon. La première de Stare, au coin du boulevard Maisonneuve, puis celle de Monk.e, un peu plus haut sur Saint-Dominique, et une grande fresque en noir en blanc tout près de la rue Saint-Norbert, signée 2501. Reprenez vers l’ouest sur la rue Saint-Norbert et remarquez une petite touche d’Omen, dont vous pourrez davantage apprécier le travail à plusieurs autres endroits dans la ville. Poursuivez sur Saint-Laurent. Vous ne pourrez manquer l’explosion de couleurs de l’œuvre de Bicicleta Sem Freio, peinte sur le mur de l’édifice Balfour, en face du cinéma Excentris. Dans ce même stationnement, remarquez tout le détail de la créature imaginaire peinte par Alexis Diaz, le gigantesque corbeau de Melissa Del Pinto, l’impressionnante toile aux effets 3D d’Escif et le travail de Chris Dyer, Montréalais d’origine péruvienne.

Si vous traversez de l’autre côté du boulevard et entrez dans le stationnement de la TD Canada Trust, vous remarquerez le mur peint par INTI. Prenez votre temps pour bien l’observer, car cet édifice sera malheureusement bientôt détruit. Dans la ruelle, vous apercevrez un mur dessiné au niveau de la rue par un artiste qui, visiblement, ne semble pas aimer les hauteurs.

Traversez la rue Guilbault, convertie en espace public et baladez-vous sur la rue Saint-Dominique pour y voir les collages de LoveBot et la belle toile de Seth, représentant un enfant. Revenez sur vos pas et dirigez-vous vers l’avenue des Pins. Vous croiserez cette immense grand-mère, imaginée par le collectif AShop. Si vous observez bien, vous remarquerez des tags dans sa jupe, signatures des artistes. Osez vous aventurer dans les rues et ruelles avoisinantes pour y faire de belles découvertes. La rue Duluth n’est pas en reste avec la présence de nombreuses fresques à l’est du boulevard Saint-Laurent, jusqu’à Saint-Denis.

Au coin des rues Marie-Anne et Saint-Dominique, un édifice abandonné, entièrement assailli par Zilon, impressionne les visiteurs du monde entier. Ne vous méprenez pas cependant : vous ne pourrez y acheter un paquet de gomme, ce n’est pas un vrai dépanneur !

Pour poursuivre votre visite, empruntez un BIXI à la station située au coin des rues Marie-Anne et Saint-Dominique. Arrêtez-vous quelques minutes à l’Espace Go, près du boulevard Saint-Joseph, et remarquez le quai de chargement qui a été entièrement remodelé par le travail caractéristique du collectif En Masse.

LE MILE-END, TERRITOIRE DE CRÉATION

Le Mile-End est connu pour sa force créative et artistique ; plusieurs artistes de différentes disciplines y ont fait leurs premières armes. Il n’est donc pas étonnant d’y retrouver bon nombre de graffitis artistiques, de murales, de collages et de pièces de tricot-graffiti. L’intrigant Stikki Peaches continue de sévir, avec des collages inspirés de personnages de la culture populaire comme Batman, Tintin, Star Wars et même la reine Élizabeth II. Affublé de son slogan distinctif, What if art ruled the World ? (Et si l’art dominait le monde ?), il force la réflexion sur la place de l’art dans la société.

En passant sous le viaduc du boulevard Saint-Laurent, aux limites du quartier, remarquez les piliers qui rehaussent cette zone plus industrielle. En circulant sur la piste cyclable des Carrières, vous serez à même d’apercevoir ces grandes lettres colorées, propres à la culture du graffiti. Vous pourrez emprunter un BIXI à l’angle des rues Bernard et Clark, ou encore au coin des rues Bellechasse et Casgrain.

EXPLORATION VISUELLE AUX QUATRE COINS DE LA VILLE

L’art urbain s’exprime également par la voix d’amateurs désirant simplement enjoliver leur environnement. Vous craquerez devant la naïveté de ces murales dessinées par des enfants dans des ruelles de quartier ou par des résidents désirant donner une petite touche unique à leur ruelle verte, à l’image de leur quotidien.

Montréal doit également une fière chandelle au collectif MU, dont la mission est d’embellir la ville en réalisant des murales ancrées dans les communautés locales. Pensons notamment aux Habitations Jeanne-Mance ou encore à cette fresque en hommage à Oliver Jones, dans la Petite-Bourgogne.

De plus, le Fonds Tapeo de design urbain de Villeray, du restaurant du même nom, s’est donné comme mission de revitaliser le quartier. Les instigateurs du fonds, en collaboration avec l’arrondissement, viennent tout juste d’aménager un espace public tout de bleu et turquoise, à l’angle des rues Villeray et Lajeunesse. Une façon de convaincre les citoyens de se réapproprier leur environnement.

De Saint-Henri à Hochelaga, en passant par Rosemont et Notre-Dame-de-Grâce, découvrez les marques d’artistes amateurs et professionnels qui, par leur créativité, redorent le blason de l’art de rue, trop longtemps perçu comme une expression artistique de second ordre. Vous voudrez peut-être télécharger l’application GraffMap pour repérer les différentes fresques dispersées dans la ville. C’est une application dont le contenu est généré par les utilisateurs. Elle ne répertorie donc pas toutes les murales, mais c'est un bon outil. 

LE FESTIVAL UNDER PRESSURE DÉMOCRATISE L’ART DE RUE

Les 8 et 9 août prochains, rendez-vous sur la rue Sainte-Catherine Est pour la 20e édition du festival Under Pressure, un rassemblement visant à bâtir des liens avec la communauté locale, à favoriser le dialogue entre les graffeurs, les muralistes et la population. Le cœur de l’action se déroulera au 180, rue Sainte-Catherine Est, dans le stationnement à côté du chapelier Henri Henri. Comme les façades vierges de ce secteur se font de plus en plus rares, c’est souvent derrière les édifices de la rue Sainte-Catherine que vous pourrez découvrir les graffitis des éditions précédentes. Malgré sa popularité, Under Pressure conserve le côté underground de la culture urbaine en ne révélant pas les artistes qui seront présents. Parce qu’au fond, tout le monde peut s’exprimer à travers ce mouvement. Parions tout de même que les Omen, Labrona et Other seront de la partie…

LE VOLET ART D’OSHEAGA

C’est ce weekend que des milliers d’amateurs de musique se rendront au parc Jean-Drapeau dans le cadre d’Osheaga. Saviez-vous que le festival présente des artistes en arts visuels ? Cette année, c’est l’Américain Wayne White qui se joindra à la fête à l’occasion du 10e anniversaire. Quatre autres installations exclusives, s’harmonisant avec l’environnement du festival, prennent place pour enrichir la collection d’Osheaga Arts. Les incontournables sont de retour cette année: les lettres OSHEAGA, le Havres aux Hamacs, le Graffitree de CanLOve et la présence d’En Masse Pour les Masses dans le Village des Arts. Notez qu’une station-dépôt BIXI est aménagée afin de faciliter les déplacements des festivaliers.

Il vous reste encore plusieurs semaines pour profiter des beaux jours d’été. Pourquoi ne pas profiter de l’occasion pour vous doter d’un abonnement de demi-saison ?

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