les 150 ans du sous sujet

À la veille du 150e anniversaire du Canada, John Parisella et Benoît Pelletier brossent un portrait de notre pays et des défis qui l'attendent.

Opinion : Les 150 ans du Canada

Le rêve et l’espoir persistent toujours

À la veille du 150e anniversaire du Canada, John Parisella et Benoît Pelletier brossent un portrait de notre pays et des défis qui l'attendent.

Il y a 50 ans, nous fêtions le centenaire dans une atmosphère d’optimisme et parfois d’incertitude. La Révolution tranquille sous l’égide du gouvernement de Jean Lesage était en pleine effervescence. À Montréal, c’était l’excitation autour d’Expo 67 et de Terre des Hommes. Il existait un bouillonnement social et économique, et les premiers baby-boomers commençaient à prendre leur place dans la société civile. Bref, c’était un moment de rêve et d’espoir pour un monde meilleur.

Les Canadiens s’apprêtent à fêter le 150e anniversaire de la Confédération. Depuis 1967, il est juste de se poser la question : Où en sommes-nous ? Certes, le Canada d’aujourd’hui est vu par plusieurs, au-delà de nos frontières, comme étant une société progressiste, ouverte aux idées nouvelles, avec une économie relativement prospère et innovante et doté d’une influence respectable au sein du concert des nations.

Toutefois, il faut souligner que le Canada a relevé certains défis avec brio à travers son histoire, a commis des erreurs qui laissent une trace, a vécu des difficultés et a subi des échecs. Il a absorbé des débats qui auraient pu déchirer n’importe quel autre pays. Mais après 150 ans, ce Canada fait preuve de résilience et reste, avec raison, optimiste et confiant quant à son avenir.

La relation avec les peuples autochtones est encore aujourd’hui un point de discordance de notre histoire.

Un consensus existe pour trouver des solutions et faire des progrès, mais beaucoup de chemin reste à parcourir, et ce, malgré des efforts récents.

La réconciliation constitutionnelle entre le Québec et le reste du Canada demeure un travail inachevé, et tout récemment l’actuel gouvernement du Québec nous l’a rappelé à juste titre. Ce dernier fait des propositions et appelle au dialogue pour que le sujet ne sombre pas dans l’oubli. Quant à la langue française, on note les progrès réalisés depuis 1967 mais les acquis, toujours fragiles, doivent continuellement faire l’objet d’une vigilance.

Cela étant, le Canada semble être le seul pays de l’Occident à ne pas vivre une montée de populisme axé sur la xénophobie.

Il apparaît que pour l’ensemble de la population, la diversité, malgré les défis, reste un atout. On peut être différents, mais cette différence représente des occasions et contribue à notre richesse collective. Ce constat est bien senti dans ce grand pays.

Le Québec à cœur

Comme Québécois, fils d’immigrant, attaché à mon identité canadienne, j’ai vécu un chapitre unique de l’histoire du pays depuis la célébration du centenaire, en 1967. On a eu à débattre pour assurer la pérennité de la langue française et on a eu à affronter deux visions différentes du destin constitutionnel du Québec. Malgré les divisions, on a toujours eu le Québec à cœur. Sans doute, le débat national sur notre avenir a pu fractionner notre collectivité, mais il s’est toujours pratiqué dans le respect des institutions et de notre démocratie ainsi que dans l’esprit de faire progresser le Québec. Les mots ont pris le dessus sur les armes. On est sorti plus fort comme peuple tout en gardant la liberté et le pouvoir de choisir.

Comme fédéraliste, je souhaitais des changements qui seraient inscrits dans la Constitution.

Force est de constater que le résultat de ce chapitre fut décevant. Néanmoins, le pays a évolué en tenant compte de notre société distincte. Rappelons qu’en 1867, le Québec crée le Canada avec trois autres provinces et que le caractère bilingue du Canada que l’on connaît aujourd’hui est dû au Québec. Le système fédéral fut aussi adopté grâce au Québec.

Depuis, la reconnaissance du Québec en tant que nation au sein de la fédération canadienne par le Parlement canadien, les pouvoirs accrus et uniques en matière d’immigration, l’initiative du Québec pour former le Conseil de la Fédération, l’asymétrie fédéraliste dans certains secteurs comme la santé et la main-d’œuvre, notre profil croissant sur la scène internationale, notre influence économique (le traité de libre-échange avec l’Europe est un exemple), nos initiatives sociales telles que les congés parentaux et notre système de garderies, sont quelques exemples que le Canada peut évoluer et, surtout, que le Québec peut trouver sa place.

Notre débat national m’a aussi permis de mieux connaître ceux qui ne partagent pas ma vision d’un Canada uni. Le projet indépendantiste représente pour certains de mes concitoyens une approche logique et légitime pour le Québec. Je ne peux que respecter ce point de vue et m’efforcer de mieux défendre mes idées et faire valoir des alternatives à leur vision.

Au fil du temps, je constate que le Canada n’est pas sans ses imperfections. Mais à l’aube de la célébration du 150e et au lendemain de la célébration de la fête nationale du Québec, je conserve toujours le rêve et l’espoir pour un monde meilleur.

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